Marcel Gauchet publie 'Le désenchantement du monde' en 1985 alors qu'il a moins de quarante ans. Intellectuel typique de sa génération, celle qui avait vingt ans en 1968, son itinéraire est façonné par le politique, par les grandes questions posées par certains philosophes d'après-guerre et qu'on pourrait résumer par : les régimes totalitaires ayant en général été la rançon des révolutions de style communiste, comment peut-on formuler une philosophie de l'homme qui puisse se substituer au marxisme? C'est la question sous-jacente à ce livre
[...] Au lieu d'un Dieu créateur est un Dieu en lequel l'origine du monde et sa raison sont accessibles au présent. C'est un Dieu que le croyant interroge personnellement sur le sens de l'acte qui l'a fait être, et simultanément sur la totalité de la Création, des choses passées, présentes et à venir. On a quitté, note Marcel Gauchet, une économie de la participation du visible à l'invisible pour entrer dans une économie de la séparation et de la représentation, dont la transformation de la nature sera la conséquence. [...]
[...] Elle gagne les pays d'Europe avec la contestation du communisme. Dans vingt ans les droits de l'homme feront hurler tout le monde. Tel qu'on est parti, ils vont laisser de mauvais souvenirs". Et c'est en ce sens que Gauchet peut aussi réintroduire le facteur religieux dans l'évolution historique de l'Etat et de la démocratie. En effet, la déclaration de 1789 correspond également à une cassure de la pensée du religieux, précisément lorsque les Français ont guillotiné le Roi, le personnage sacré par excellence. [...]
[...] En effet, le Désenchantement du monde eu un grand impact aux Etats-Unis au moment de sa traduction en 1996, et il exerça une influence certaine sur des travaux récents de plusieurs sociologues américains tels que Patrick Glynn ou encore sur le philosophe Charles Taylor. Patrick Glynn, dans La réconciliation de la Foi et de la Raison dans le monde post-séculier, insiste sur le fait que le principal mérite de Gauchet est d'avoir réconcilié la foi et la Raison, notamment la Raison historique. [...]
[...] De fait, lorsque paraît "le désenchantement du monde", on assistait à un regain de revendications politiques, culturelles et identitaires visant à craindre ou conjurer le siècle à venir comme religieux, voire à lui opposer une défense du pacte républicain à la française fondé sur l'absolue laïcité de la citoyenneté dans l'espace public. En réalité, l'ouvrage de M. Gauchet dépasse cette opposition : le monde moderne vit d'ores et déjà sans les dieux, y compris ceux qui en ce monde continuent à croire aux dieux. [...]
[...] Résultat: "Ou on estime que l'opposition est bidon, et la politique n'intéresse plus personne. Ou on estime que l'opposition a encore un sens, et elle devient alors presque totalitaire. C'est extrêmement décourageant. Ce problème-là, il faut essayer de le dominer parce qu'il est au coeur de ce qui détourne complètement les gens de la politique. En fait, dire qu'il y a une légitime opposition des points de vue (c'est le fondement de la démocratie), c'est dire qu'il n'y a pas de vérité, ou du moins que la vérité est nécessairement divisée. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture