Je voudrais étudier la suite du Christ dans le "Chemin de Perfection". Des travaux traitent des livres de sa Vie et des Demeures, mais je n'ai pas trouvé d'étude qui aborde le Chemin sous cet angle. Nous allons aborder les textes – avec les Constitutions des Carmélites à l'appui, car nous y
trouvons parfois d'excellentes synthèses – de deux points de vues complémentaires : premièrement en posant la question de la personne de Jésus dans le Chemin. Qui est-il aux yeux de sainte Thérèse et comment le présente-t-elle à ses filles ? Ensuite nous allons considérer comment elle leur propose de Le suivre.
Le « Bon Jésus » était le centre de la vie de Thérèse d'Avila : « Sans référence au Christ, il est impossible de découvrir le mystère de Thérèse ». Sa méditation de sa vie est très vivante, affective : Thérèse s'identifie avec différents personnages représentés avec Jésus dans les scènes
évangéliques : Marie-Madeleine, la Samaritaine, saint Pierre ; le jour des Rameaux, elle tâche de communier pour donner l'hospitalité au Seigneur puisque les juifs ne lui avaient pas donné de repas ce jour-là.
Durant plus de trente ans, elle revit fidèlement en elle-même cet épisode avec une sorte de mise en scène intime ; enfin, elle vient lui tenir compagnie au jardin des Oliviers. Elle se tient avec Marie près de la croix. Cette manière vivante de méditer sur la vie du Christ, de s'attacher à Lui et de le servir concrètement, elle la reçoit de la tradition de l'Église (par exemple saint Bernard et Guillaume de Saint-Thierry) et la partage avec ses contemporains, notamment saint Ignace de Loyola et Louis de Gonzague.
Son attachement personnel, intime, à son Maître, Ami et Époux la conduit finalement à s'identifier avec lui, pour lui ressembler et lui devenir conforme. C'est bien en cela que consiste la sainteté du chrétien, et a fortiori l'accomplissement du religieux et de la religieuse. Dans son travail d'enseignement Thérèse se situe en continuité avec son Maître bien-aimé. Elle se laisse guider et inspirer par lui. Dans le prologue du "Chemin de
Perfection", elle dit : "Peut-être le Seigneur permettra-t-il … que j'arrive à dire quelque chose d'adapté au genre de vie que l'on mène dans ce monastère. (…) Daigne le Seigneur mettre lui-même la main (au travail que j'entreprends), afin que tout soit conforme à sa volonté."
Nous avons donc voulu fixer une limite à notre travail, et nous ne parlerons que du "Chemin de perfection". Cette restriction s'explique aussi par l'origine et le but que Thérèse donna à cet écrit.
[...] XXXII : Sur l'Abnégation de soi-même Parlons maintenant du détachement où nous devons être. Il est tout pour nous, s'il est parfait. Je dis qu'il est tout pour nous : dès lors, en effet, que nous nous attachons seulement au Créateur Venons-en maintenant au détachement que nous devons avoir, car de sa perfection dépend tout le reste. Je dis que tout le reste en dépend, parce que si nous embrassons le seul Créateur et n'attachons aucune importance à toutes les choses créées, Sa Majesté nous infuse les vertus de telle sorte que, si nous ne cessons de travailler à faire tous les efforts qui sont en notre pouvoir, nous n'aurons plus beaucoup à combattre ; le Seigneur se chargera de nous défendre contre le démon et contre le monde tout entier. [...]
[...] Sur ce point, nous pouvons revenir à ce qu'en disent les Constitutions 10) : Par sa nature même, le charisme thérésien veut que l'oraison, la consécration et toutes les énergies d'une carmélite déchaussée soient orientées vers le salut des âmes. A son époque, au moment de commencer la rédaction du Chemin de Perfection, sainte Thérèse disait : Le monde est en feu ! Nous aussi pouvons le dire et reprendre ce qu'elle dit de la suite du Christ pour notre époque et nos contemporains, avec la même ur gence ; car c' est notre affaire, notre souci premier, et notre responsabilité. Mon cœur se brise à la vue de tant d'âmes qui se perdent ! [...]
[...] Son expression dans le quotidien est multiple, mais toujours on t rouvera en e lle u n r eflet de D ieu, du D ieu bon, pat ient, prév enant, humble, tendre et sage. Ceux qui a iment Di eu véritablement, a iment tout c e qui est bon, veulent t out c e qui est b on, favorisent tout ce qui est bon, louent tout ce qui est bon, se joignent toujours aux bons, soutiennent et défendent les bons, aiment uniquement ce qui est vrai et digne d'être aimé 3). Nous pourrions conclure ici notre étude avec l'exhortation presque constante de sainte Thérèse à Le regarder. [...]
[...] ( .3) C'est une belle exhortation à la confiance, que Thérèse nous donne. Dans les t extes qu e nous a vons c ités jusqu'ici, nous a vons dé jà re ncontré les t itres principaux que sainte Thérèse donne à Jésus, titres qui disent notre relation avec Lui sur ce chemin où il nous conduit. III. Les titres de Jésus : Maître, Modèle, Roi, Époux et Ami Jésus est le Maître (de la Sagesse), le bon Maître ; il est notre modèle, notre Roi, notre Époux et notre Ami. [...]
[...] Et il est impossible à l'âme humble de ne pas se fortifier dans cette vertu et de ne pa s y fa ire de tr ès grands pr ogrès si le dém on l a t ente pa r l à ; com me c ette â me r epensera obligatoirement à s es p échés et comparera c e qu'elle a fait pour le C hrist a vec ce qu'il a fait p our elle, et comment il s'est pr odigieusement a baissé p our no us d onner un exemple d'humilité, e lle en so rtira si victorieuse que le démon n'osera plus revenir la tenter de peur d'avoir la tête brisée. C'est toujours le Christ qui donne l'exemple. Mais, il faut le répéter, le détachement et l'humilité sont des préalables, des conditions pour avancer à la suite du Christ. [...]
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