Jean Delumeau, né en 1923, est un ancien élève de l'Ecole Normale Supérieure, et est agrégé d'Histoire. Il est aussi Docteur ès lettres. Delumeau a tout d'abord été professeur au lycée de Bourges en 1947, puis au lycée de Rennes en 1950, et enfin il est devenu professeur d'Histoire moderne à l'Université Paris I en 1970. Jean Delumeau est un fervent catholique, et déplore le phénomène de déchristianisation que rencontre l'Europe depuis le XIXe siècle. L'aveu et le pardon : Les difficultés de la confession (XIIIème-XVIIIème siècle) a été publié en 1990, et se compose de quatorze chapitres brefs qui présentent de manière simple et concise les problèmes engendrés par la confession. Il s'agit d'un essai historique nous présentant une étude de la confession, imposée à partir du XIIIe siècle par l'Eglise romaine à ses fidèles. Le but recherché est d'apporter aux pécheurs un sentiment de sécurité ; il s'agit d'un sacrement qui efface toutes les fautes et les rassure sur l'avenir de leur âme.
Nous pourrions alors nous demander si la confession apportait réellement le sentiment de sécurité au pécheur, tant recherché par l'Eglise, ou bien si cette décision a pesé lourdement jusqu'aux réformes du XXe siècle, en amenant beaucoup de confusion dans les esprits tant des confesseurs, que des confessés.
[...] Le pénitent qui se rendait au confessionnal par obligation, sans le désir profond de se faire pardonner de ses péchés, était ravi de constater que la durée de la confession était raccourcie. Le pécheur s'y rendait en général plus par coutume que par le désir de s'amender de ses fautes. Le confesseur, qui faisait payer ses services, avait un grand intérêt à absoudre un maximum de personnes. Pour limiter ces pratiques, la réforme tridentine (XVIème siècle) mit fin à cette forme de revenu. [...]
[...] La révolution morale est d'origine espagnole et fut initiée par le dominicain Medina et le jésuite Suarez. Ils affirment qu'en cas de doute, il est permis à tout à chacun de suivre une opinion simplement probable. Le but de cette nouvelle théologie morale était d'apporter un certain réconfort psychologique et de convertir en certitudes les doutes moraux des fidèles. Ces nouvelles thèses probabilistes connurent un certain succès fin XVIème-début XVIIème. Elles commencèrent alors à dominer sur l'enseignement de la théologie morale et la pratique de la confession. [...]
[...] Jusqu'au milieu du XVIIème siècle tous les péchés étaient pardonnés avec une grande facilité au moment de la confession. Il était rare de voir, au sortir du confessionnal, des pénitents profondément convaincus qu'ils n'allaient plus retomber dans le péché. Nous avons pu remarquer que la plupart reproduisaient par la suite souvent les mêmes fautes. Arnauld, prêtre et théologien du XVIIème siècle, s'est longtemps opposé aux idées des jésuites. Il considérait que l'absolution était en général trop rapidement donnée, ce qui entraînait indirectement le fidèle à reproduire ses erreurs, puisqu'il avait été pardonné avec une si grande facilité. [...]
[...] Cette décision prise d'imposer la confession a engendré de nombreuses turbulences au sein de la communauté chrétienne. Des questions se sont alors posées pour savoir sous quelles conditions le pardon pouvait être accordé. Ceci a fait débat. Cette question s'est retrouvée au centre de toute la pratique religieuse et de la doctrine. Nous pourrions alors nous demander si la confession apportait réellement le sentiment de sécurité au pécheur, tant recherché par l'Eglise, ou bien si cette décision a pesé lourdement jusqu'aux réformes du XXème siècle, en amenant beaucoup de confusion dans les esprits tant des confesseurs, que des confessés. [...]
[...] Mais elle n'empêcha pas la désertion des confessionnaux dès le milieu du XVIIIème siècle. Les notions d'aveu et de pardon, développées dans l'ouvrage de Jean Delumeau, nous permettent de mieux comprendre qu'elles sont deux des piliers fondateurs de nos mentalités occidentales. La complexité des débats née de la confession imposée, bien présentée par l'auteur, nous montre comment celles-ci ont évolué du XIIIème au XVIIIème siècle. Du connais- toi toi-même de Socrate à la psychanalyse freudienne, l'Eglise catholique s'est inscrite en proposant le pardon des péchés en échange de l'aveu. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture