Le livre de Qohélet a été introduit non sans peine dans le canon des Écritures juives. N'allait-il pas à l'encontre de la foi des Pères, en préférant la mort à la vie ? Cet écrit, encore aujourd'hui, passe pour exprimer un pessimisme foncier. Mais l'auteur est-il aussi désabusé qu'on le croit ? Porte-t-il vraiment un regard noir sur l'existence ?
Ce n'est pas sûr : il est plutôt réaliste. Peut-on dire, comme certains l'ont avancé, que si Qohélet avait fait beaucoup d'expériences, il lui en avait manqué une : une profonde communion avec Dieu ? Peut-être pas, mais l'union à Dieu en vérité n'est pas possible sans un juste regard sur le monde. Et un recueil de pensées uniquement sur le sujet n'est pas sans intérêt. Faut-il encore lui reprocher d'avoir incité au mépris du monde ? Pas davantage. Mais il donne un avertissement : il faut se garder d'attendre du monde qu'il soit ce qu'il n'est pas : Dieu.
[...] "Vanité des vanités dit Qohélet Introduction Le[1] livre de Qohélet a été introduit non sans peine dans le canon des Écritures juives. N'allait-il pas à l'encontre de la foi des Pères, en préférant la mort à la vie ? Cet écrit, encore aujourd'hui, passe pour exprimer un pessimisme foncier. Mais l'auteur est-il aussi désabusé qu'on le croit ? Porte-t-il vraiment un regard noir sur l'existence ? Ce n'est pas sûr : il est plutôt réaliste. Peut-on dire, comme certains l'ont avancé, que si Qohélet avait fait beaucoup d'expériences, il lui en avait manqué une : une profonde communion avec Dieu ? [...]
[...] J'ai donc essayé de regrouper quelques réflexions sur la vie dans notre monde, qui constituent comme un écho de l'enseignement de Qohélet. Qohélet aujourd'hui Je suis née avec la paix, dans un monde qui se croyait entraîné dans un progrès perpétuel : reconstruction, progrès scientifiques, progrès en matière sociale. Le travail semblait assuré pour tous, l'expansion démographique battait son plein les classes doublaient ou triplaient. Et l'occident avait en main les destinées du monde. La sécurité semblait assurée pour longtemps. Cependant, la trentaine glorieuse écoulée, les yeux s'ouvrent : vanité des vanités ! [...]
[...] Tout d'abord celles des autres. Les chercheurs dans le domaine médical semblent détenir les clés de la santé. Mais un passage à l'hôpital suffit pour que cette illusion s'écroule : un homme dans un lit, un lâcher de ballons sur la radio posée au pied de son lit, et la mort se dresse : les jours sont comptés. Le vocabulaire hermétique du médecin maintient la distance, mais la réalité est là. À quoi bon passer sa vie à lutter contre la maladie ? [...]
[...] Vanité des vanités ! Devant l'injustice, la société se fait gloire de garantir l'appui de la justice. Mais la justice est confiée à un juge ; et le juge n'est qu'un homme, bien souvent téléguidé par les mêmes passions que celles qu'il dénonce chez celui qu'il déclare coupable. Qui est le coupable ? Vanité des vanités que la justice des hommes. Elle peut broyer l'innocent aussi bien que le coupable. Où est sa consistance ? Vanité des vanités ! La famille n'échappe pas à la précarité de la condition humaine. [...]
[...] Et peut-être que si Qohélet était écouté, il y aurait moins de dépressions. Qohélet ne sommeille-t-il pas au fond de chacun de nous ? Il ne faut pas avoir vécu longtemps, pour se rendre compte que la sensation de la vanité des choses, de leur existence éphémère, apparaît à certains moments de l'existence avec beaucoup d'acuité. Cette prise de conscience, il est vrai, alterne avec des périodes marquées profondément par un élan créateur, par la confiance dans la vie, par la certitude que l'amour est le plus fort, que la croix a remporté la victoire sur toutes les forces du mal. [...]
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