La question de la reconnaissance des valeurs de la religion populaire n'est pas nouvelle ; elle revêt cependant une acuité particulière en ce début de millénaire où l'Eglise voit augmenter tous ses effectifs et cherche les moyens d'une "nouvelle évangélisation". Si "la vie spirituelle n'est pas enfermée dans la participation à la seule liturgie" (Vatican II, Sacrosanctum Concilium § 12), c'est que d'autres formes de piété peuvent être tout à fait légitimes. L'enseignement de l'Eglise fournit à ce sujet de bons points de repère. Les Pères conciliaires ont déjà énoncé des principes de base à ce sujet : « Les 'pieux exercices' du peuple chrétien, du moment qu'ils sont conformes aux lois et aux normes de l'Eglise, sont fort recommandés, surtout lorsqu'ils se font sur l'ordre du Siège apostolique. Les 'exercices sacrés' des Eglises particulières jouissent aussi d'une dignité spéciale lorsqu'ils sont célébrés sur l'ordre des évêques, selon les coutumes ou les livres légitimement approuvés. Mais les exercices en question doivent être réglés en tenant compte des temps liturgiques et de façon à s'harmoniser avec la liturgie, à en découler d'une certaine manière, et à y introduire le peuple parce que, de sa nature, elle leur est de loin supérieure ».
En 1975, dans son Exhortation Apostolique Evangelii Nuntiandi, le Pape Paul VI faisait de la piété populaire l'une des "voies de l'évangélisation" : tout en rappelant que des dérives sont possibles, et en invitant à exercer à son égard une véritable "pédagogie d'évangélisation", il reconnaissait que cette religion du peuple est "riche de valeurs". Elle constitue donc, potentiellement au moins, une chance d'évangélisation. Le Pape Jean-Paul II va encore au-delà de cette considération. Dans une allocution du 5 avril 1987, il n'hésite pas à voir dans la piété populaire un véritable "trésor".
[...] Ils constituent une belle tradition de foi. Mais ils peuvent être vidés de leur contenu, s'ils sont organisés pour des motifs touristiques ou s'ils sont inspirés par la superstition ou une piété fausse ou déviée. Pour que les pèlerinages répondent aux finalités voulues par la tradition de l'Eglise et qu'ils conservent leur caractère religieux, il importe aux autorités de prendre plus au sérieux tout ce qui se fait et se vit sur ces sites. Par conséquent, les services et les activités destinés à l'accueil des pèlerins ne doivent pas avoir un aspect commercial ni troubler le climat religieux et le caractère sacré du sanctuaire. [...]
[...] Mais avant d'aller plus loin faisons la clarification dans le domaine. Les possessions comme les transes sont des faits complexes qui exigent d'être traités avec prudence, discernement et nuance. En effet, la possession est un état physique, psychologique et spirituel au cours duquel le sujet se croit habité par un être surnaturel, surtout le démon, qui est capable de parler par sa bouche, de mobiliser sa langue malgré lui et de diriger ses mouvements. Deux éléments constituent donc la possession : la présence d'un être surnaturel dans le corps de l'individu, et l'empire qu'il exerce sur son corps, et par l'intermédiaire de celui-ci sur son âme. [...]
[...] Mais la peur et les angoisses font perdre de vue parfois cette manière de la regarder. Les temps agités des coups d'État répétés, de la période révolutionnaire, des crises économiques et plus récemment la période démocratique mal comprise et mal gérée ont favorisé la recherche d'une parole d'en haut. Le pays était fortement inquiet. Le peuple traversait le chemin de désert moral, économique et politique. La présence de Dieu était en train de perdre son caractère personnel et sacré au profit de la promotion du culte des ancêtres à travers la fête des vodoun ,par exemple. [...]
[...] L'institution rappelle à cet effet, l'efficacité du baptême sur tout autre rite. La nécessité de cadrer les groupes de prières et de dévotions. C'est dans ce sillage que chaque conférence épiscopale de l'espace CERAO, a essayé de porter plus d'attention aux phénomènes de la religiosité populaire, particulièrement sur ses carences et ses déviances. Sans avoir de réaction unanime au niveau du Bénin, chaque diocèse fait siens les enseignements du directoire romain, avant d'ajouter sa touche personnelle. Ainsi la préoccupation majeure du diocèse de Cotonou est la canalisation des dévotions sauvages qui pullulent un peu partout dans la ville ; les phénomènes de possession et de transe qui apparaissent à chaque grande rencontre, sans oublier les mystiques avec leurs visions et leurs messages. [...]
[...] Ce que complètera le document italien. Ce dernier lui, s'attache surtout à la question de la fête. Il souligne les valeurs positives des fêtes : Le peuple célèbre les fêtes comme un moment de vie collective plus intense. Elles lui permettent de s'évader des tâches et des soucis de la vie quotidienne et elles opèrent un rapprochement des membres de la communauté, également dans l'expression de leurs exigences religieuses. Elles atténuent ou font cesser les tensions sociales et économiques pour faire place à une forme de détente et de joie dont la valeur sociale est indéniable. [...]
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