Utilité, éloges funèbres, morts, hommage, coutume, culture
Si l'humanité n'avait pas développé cette étrange coutume, propre à elle, que de célébrer ses morts, jamais il nous aurait été donné d'écouter le Requiem de Mozart et cela aurait sans nul doute été une perte majeure d'un point de vue culturel.
Pendant de nombreux millénaires, l'homme ne s'est jamais préoccupé d'offrir à ses morts une sépulture décente. Puis vint un temps où il fit un pas de plus vers son humanité, l'homme de Neandertal s'est soudain mis à enterrer ses morts. Des siècles passent et les hommes ont continué de vouer un culte à leurs morts, que leurs disparitions soient tragiques ou naturelles. Il devient, dès lors, naturel et même obligatoire d'enterrer ses morts. La mort est entourée d'une sorte de mysticisme qui en fait un objet de crainte. Un éloge funèbre est une manière de rendre hommage à un défunt, elle peut se faire de différentes manières, que ce soit par le discours ou une œuvre artistique.
[...] Avec le temps la vision de l'éloge funèbre s'est transformée. La conception de la mort est très différente, par exemple dans ce que nous qualifierons de sociétés traditionnelles, on se lamente beaucoup sur la mort d'un vieillard, en effet celui-ci aurait pu apprendre de nouvelles choses à la communauté, il était une source de connaissances. Il possédait la sagesse et l'expérience de la vie. À l'opposé, la mort d'un nouveau-né ne provoquera pas de tels remous, le nouveau-né n'a rien à apprendre aux autres, il n'a pas eu le temps de vivre et par conséquent n'a rien à regretter. [...]
[...] Il devient, dès lors, naturel et même obligatoire d'enterrer ses morts. La mort est entourée d'une sorte de mysticisme qui en fait un objet de crainte. Un éloge funèbre est une manière de rendre hommage à un défunt, elle peut se faire de différentes manières, que ce soit par le discours ou une œuvre artistique. Nous verrons que l'éloge funèbre a d'abord eu vocation à protéger les vivants des esprits des morts ainsi qu'à rendre un hommage à une personne disparue. [...]
[...] La tradition de rendre des éloges funèbres a constitué avant tout une protection contre la mort, du moins c'était le rôle qu'on lui accordait communément. Avec le temps cependant, l'éloge est davantage devenu un moyen de rendre un véritable hommage à une personne disparue qui nous était cher. Mais depuis plusieurs décennies avec l'affranchissement des hommes vis à vis de la religion, cette pratique, avant tout religieuse, tombe en désuétude et la plupart des gens ne voient plus l'utilité de cette pratique. [...]
[...] Quelle utilité donc de rendre éloge à des morts lorsque l'on se sait assuré par la loi de pouvoir disposer d'une dernière demeure décente ? L'éloge funèbre est une pratique dépassée qui, aujourd'hui, à tendance à disparaître. Aujourd'hui peu de gens continuent de porter le deuil d'un être cher des mois, voire des années durant comme c'était le cas au siècle dernier. La coutume de porter du noir était autrefois d'un an pour les veufs et de deux ans pour les veuves, or bien peu aujourd'hui peuvent se vanter de respecter cette tradition. [...]
[...] Mais qu'en est-il des éloges funèbres aujourd'hui ? L'affranchissement vis-à-vis de la religion et l'évolution des mœurs ont fragilisé l'utilité de cette pratique. Ce déclin de l'éloge funèbre peut s'expliquer par le déclin concomitant de la religion. En effet, les premiers éloges funèbres étaient d'ordre religieux et la tradition s'est perpétuée notamment dans la religion catholique de célébrer ses morts. Mais la disparition progressive de la religion dans le quotidien des gens a remis en cause ces traditions élégiaques. L'éloge funèbre est resté très longtemps comme nous l'avons vu un moyen de se protéger de la mort, mais aussi un moyen de montrer à Dieu sa bonté et sa capacité à prendre soin des êtres chers, à aimer son prochain tout comme le défunt. [...]
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