Depuis quelques années, les "sectes" occupent le devant de la scène médiatique et font
régulièrement la une de journaux et magazines, notamment en France. L'actualité récente
concerne par exemple l' Église de Scientologie, dont font partie de nombreux acteurs
américains mondialement connus tels que John Travolta ou encore Tom Cruise. En effet, celleci
vient d'être reconnue comme "religion" en Espagne il y a peu et cela a relancé le débat sur le
phénomène des "sectes". En France, de nombreux débats ont eu lieu sur les différentes chaînes
de télévisions, des articles ont paru dans les journaux et des "spécialistes" ont été convoqués
afin de répondre à certaines questions. Il est à noter d'ailleurs que certains sociologues comme
Frédéric Lenoir ont été sollicités alors que pendant longtemps l'avis des chercheurs en sciences
sociales étaient absents au profit de psychiatres et autres spécialistes des approches
pathologiques. Cela provient d'un autre problème, celui du vocabulaire. Le vocable "secte"
renvoie presque immédiatement pour la plupart des personnes à une l'image d'un groupe de
personnes, au mieux fragiles et au pire folles, qui se font manipulées, qui perdent de l'argent à
cause de leaders aux mauvaises intentions. Dans le pire des cas, des drames se produisent. Les
médias ne sont pas sans avoir de rôle dans cette association entre le vocable et l'image
péjorative notamment avec le traitement qui est fait des "drames" provoqués par les sectes.
Les morts qui ont eu lieu dans le cadre de l'Ordre du Temple Solaire en 1994 en Suisse et au
Canada alimentent cet imaginaire de la secte mauvaise. En France l'état cherche à s'occuper de
ce qu'il présente comme un problème pour répondre aux inquiétudes de la population. Or il
est nécessaire de se détacher de ce qui semble bien n'être que des préjugés. À y regarder de
plus près, il s'avère que beaucoup des méfaits reprochés aux groupes qualifiés de "sectes",
notamment par la liste des 172 des renseignements généraux, ressemblent beaucoup aux
critiques adressées auparavant aux Églises, par exemple lors de la Constitution Civile du
Clergé de 1790 ou de la Réforme Protestante. On reprochait à l'Église de s'enrichir sur l'argent
des fidèles par exemple et la pratique des indulgences provoquait des critiques. Un travail de
clarification est donc nécessaire afin de mieux appréhender les "sectes" et dans cette optique
l'oeuvre de Max Weber peut s'avérer très utile.
En effet, dans Les sectes protestantes et l'esprit du capitalisme Weber établit une
typologie entre les sectes et les églises. Selon lui, on naît dans une Église alors que l'on choisit
d'entrer dans une secte. De même, l'Église fait preuve d'un certain compromis avec le monde et
parfois est associée aux États alors que la secte est plus critique et s'oppose. La secte est
caractérisée par le fait qu'il n'y a pas de hiérarchie, du moins pas d'un point de vue du
sacerdoce. Chacun est soumis aux mêmes exigences, il n'existe pas une minorité de clercs
spécialistes qui mènent une vie d'ascète pour le rachat des autres. Un autre point de
divergence concerne l'autorité: l'Église est caractérisée par une autorité institutionnelle alors
que c'est l'autorité charismatique, notamment du leader, qui prévaut dans la secte. Il est
nécessaire de faire preuve de sa bonne foi , de l'effectivité de sa conversion pour entrer dans la
secte , alors que ce n'est pas le cas dans l'Église ou chacun, le noble comme le pauvre, l'honnête
homme comme le voleur, peut entrer. Il s'agit pour Max Weber de définir des traits
caractéristiques de l'Église et de la Secte sans prétendre à l'exhaustivité. Avec ces traits, les
deux entités semblent bien distinctes mais une question reste en suspend. Weber développe sa
typologie en 1906, soit il y a plus d'un siècle, et il est légitime de se demander si celle-ci est
toujours valable et surtout suffisante de nos jours pour comprendre les sectes les plus
contemporaines, et si oui dans quelle mesure.
Il s'agirait de comprendre qu'en première approximation la typologie secte/église
décrite par Weber semble encore tout à fait valide et suffisante de nos jours pour comprendre
les sectes les plus contemporaines puisque , même si des changements ont évidemment eu
lieu, les sectes semblent encore être du même ordre que celles que Weber décrivait en ce qui
concerne les traits principaux caractéristiques. Si les sectes , et les églises, ont peu changé dans
le fond, il est dès lors logique que la typologie de Weber soit encore valide et suffisante.
Néanmoins, en y regardant de plus près, il est nécessaire de remarquer de Weber reste
très occidentalo-centré et que sa typologie ne répond pas aux différents mouvements qui
existent en orient, et partant à ceux que l'occident a importés d'orient. De plus, les sectes
occidentales elles-mêmes ne répondent plus aux critères principaux de la typologie et celle-ci
serait alors insuffisante, voire erronée. Il s'agirait alors de critiquer la typologie Weberienne.
Toutefois, au-delà de la lettre de la typologie Weberienne elle-même, n'y aurait-il pas
quelque chose à retirer de sa démarche tout d'abord, voire davantage?
[...] C'est le cas par exemple de Église de Scientologie ou encore Église Universelle du Royaume de Dieu , L'Église néo-apostolique de France. Or ces groupes sont regroupés dans les listes des 172 mouvements considérés, en France, comme des sectes, et comme des mouvements potentiellement dangereux. Il est alors délicat de trancher entre secte et église concernant ces mouvements. De même, certains critiquent l'église en tant qu'elle serait elle-même une ancienne secte, une "secte qui a réussi" pour reprendre le mot de Renan, ou qu'elle aurait encore aujourd'hui des traits sectaires, notamment vis-à-vis des sectes. [...]
[...] Avec développe sa deux entités semblent bien distinctes mais une typologie en 1906, soit il y a plus d'un siècle, et il est légitime de se demander si celle-ci est toujours valable et surtout suffisante de nos jours pour comprendre les sectes les plus contemporaines, et si oui dans quelle mesure. Il s'agirait de comprendre qu'en première approximation la typologie secte/église décrite par Weber semble encore tout à fait valide et suffisante de nos jours pour comprendre les sectes les plus contemporaines puisque , même si des changements ont évidemment eu lieu, les sectes semblent encore être du même ordre que celles que Weber décrivait en ce qui concerne les traits principaux caractéristiques. [...]
[...] En effet il est encore vrai de nos jours que la plupart des catholiques sont catholiques par tradition plus que par réflexion personnelle et décision. La plupart des catholiques le sont parce que leurs parents le furent. C'est la même chose pour les musulmans et pour les bouddhistes dans les pays où ces religions sont majoritairement présentes. L'église ressemble donc davantage à une "communauté naturelle". Il est encore de nos jours vrai de dire que l'on ne naît pas dans une secte. [...]
[...] La typologie secte-église de Max Weber est-elle suffisante pour comprendre les sectes les plus contemporaines? La typologie secte-église de Max Weber est-elle suffisante pour comprendre les sectes les plus contemporaines? Depuis quelques années, les "sectes" occupent le devant de la scène médiatique et font régulièrement la une de journaux et magazines, notamment en France. L'actualité récente concerne par exemple Église de Scientologie, dont font partie de nombreux acteurs américains mondialement connus tels que John Travolta ou encore Tom Cruise. En effet, celleci vient d'être reconnue comme "religion" en Espagne il y a peu et cela a relancé le débat sur le phénomène des "sectes". [...]
[...] En France l'état cherche à s'occuper de ce qu'il présente comme un problème pour répondre aux inquiétudes de la population. Or il est nécessaire de se détacher de ce qui semble bien n'être que des préjugés. À y regarder de plus près, il s'avère que beaucoup des méfaits reprochés aux groupes qualifiés de "sectes", notamment par la liste des 172 des renseignements généraux, ressemblent beaucoup aux critiques adressées auparavant aux Églises, par exemple lors de la Constitution Civile du Clergé de 1790 ou de la Réforme Protestante. [...]
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