La religion prêchée par le prophète de l'Orient, Zarathushtra, est assez méconnue en Occident, mais elle est en même temps un objet de fascination, et ce, depuis plusieurs millénaires. Il suffit de savoir que le terme de « magie » est associé à cette religion pour comprendre de quelle manière le zoroastrisme a toujours revêtu une dimension profondément mystérieuse, tout à la fois attirante et impressionnante. Cette fascination se retrouve jusque dans la Bible, dans le Nouveau Testament, où il est écrit, dans l'Evangile de Matthieu, « Jésus étant né à Bethléem de Judée, aux jours du roi Hérode, voici que des mages venus d'Orient se présentèrent à Jérusalem en disant: ''Où est le roi des Juifs qui vient de naître? Car nous avons vu son étoile en Orient et sommes venus lui rendre hommage'' ». Les Mages mentionnés dans ces versets ne sont autres que les membres du clergé zoroastrien, connus sous cette appellation depuis le Premier Alcibiade, de Platon, où il est question de « la science des Mages, la science de Zoroastre, fils d'Oromazès » (122, a).
Le terme « mage » a donné « magie », éveillant ainsi toutes les résonances des mystérieuses terres lointaines d'Orient, en dépit d'une erreur grossière, car le prophète Zarathustra condamnait les pratiques des magiciens. Dès lors, il est aisé de comprendre l'aura mystérieuse qui entoura pendant des siècles cette religion, attirant l'attention des philosophes, notamment pendant la Renaissance, avec les néo-platoniciens italiens, Paracelse ou encore John Dee.
[...] Dans quelle mesure la transmission de la mémoire prend-elle nécessairement racine dans le lieu symbolique dessiné par le culte? L'enjeu est ici de voir à quelles conditions les tours du silence (confrontées à la nécessité hygiénique, culturelle, économique du monde moderne) peuvent être encore les vecteurs efficients d'une mémoire ancestrale et d'une identité culturelle, en analysant précisément ce qui les différencie de simples monuments touristiques. En interrogeant le devenir historique et géographique des tours du silence, en traçant des analogies entre le culte des morts zoroastrien et d'autres pratiques funéraires, nous tenterons de saisir ce qui constitue véritablement le noyau dur de la mémoire pour un lieu à la fois physique et symbolique. [...]
[...] Les tours du silence ne sont que le signe mondain permettant de dessiner un espace symbolique et de tracer un lieu immatériel dans lequel l'homme fait symboliquement l'expérience de l'éternité. C'est cette même expérience individuelle de l'éternité que l'on peut choisir ici d'appeler mémoire. En définitive, la mémoire collective et culturelle reflétée par le lieu verrait son existence suspendue à la mémoire particulière de l'individu, sans cesse actualisée dans la répétition rituelle de pratiques religieuses et funéraires. L'individu et sa pratique sont donc les garants de la vie du lieu de mémoire et de sa persistance dans notre présent. [...]
[...] Puisqu'on s'est jusqu'à présent attaché à traiter des tours du silence comme d'un lieu (le lieu d'une mémoire), on utilisera pour parler des variations historiques et géographiques des tours du silence le concept de déterritorialisation. Ce concept, issu de la pensée du philosophe Gilles Deleuze, peut nous aider à développer une réflexion féconde et permettre de voir quelle est l'actualité (en d'autres époques et en d'autres lieux) des tours du silence. Quelles structures, architecturales, rituelles ou symboliques se retrouvent-t-elles à travers le processus de transplantation, de déterritorialisation des tours du silence? Il s'agit à travers un tel concept de penser le devenir d'un lieu à la fois matériel et immatériel, physique et symbolique. [...]
[...] Conclusion. La mémoire La mémoire, écrivait Saint Augustin, est le présent du passé Les dakhmas zoroastriens, témoins de l'évolution d'une religion originale à travers les siècles, au fil de l'histoire de la Perse, sont aujourd'hui plus que de simples constructions architecturales, plus que les théâtres des rites funéraires . ils sont la preuve de l'identité d'un peuple, de sa grandeur passée et de sa persistance actuelle. Ils sont, littéralement, le présent du passé de ces communautés mazdéennes, qui, en Inde comme en Iran, ont su préserver leur identité à travers le respect des coutumes de l'ancienne religion officielle. [...]
[...] D'où l'importance cruciale de la survivance des rites mazdéens pour la communauté parsi à l'heure actuelle. Bibliographie BOYCE Mary et KOTWAL Firoze, Zoroastrian "bāj" and "drōn"--II Bulletin of the School of Oriental and African Studies, University of London, Vol No (1971), pp. 298-313, Cambridge University Press. BELLINGER Gerhard J., Encyclopédie des religions, Librairie Générale Française, Paris CASANOWICZ I. M., Parsee Religious Ceremonial Objects in the National Museum American Anthropologist, New Series, Vol No (Jan. - Mar., 1903), pp. 71-75, Blackwell Publishing. [...]
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