Thérèse d'Avila, Louis de Grenade
Sainte Thérèse d‘Avila (1515-1582) mentionne plusieurs fois dans ses écrits, de façon implicite ou explicite, le dominicain Louis de Grenade, son contemporain et son aîné d‘une dizaine d‘années. Dans quelle mesure ces textes peuvent-ils nous éclairer sur le regard que Thérèse portait sur ce dominicain espagnol dont les écrits ont eu un si grand impact spirituel ? Nous essayerons de répondre à cette question.
[...] Si ses ouvrages lui apportent tant de consolation, sa parole finirait de mettre un terme aux craintes qui l'ont troublée si longtemps. Quelles sont ces craintes ? Des questions doctrinales dont la première est liée à l'évolution de son expérience de Dieu. Les fondements doctrinaux sur lesquels Louis de Grenade appuie son enseignement sur l'oraison auraient été d'un grand secours pour elle : ne cherchait-il pas justement à enraciner l'oraison dans la contemplation des mystères du Christ et à prendre de la distance par rapport à une spiritualité intellectuelle où l'humanité du Christ n'occupait pas une place centrale ? [...]
[...] Louis de Grenade fut donc inquiété par l'Inquisition. Le Livre de l'oraison fit partie des livres interdits par l'inquisiteur général ; il fut frappé par la censure et mis à l'index en 1559. Fr. Louis put cependant rééditer, en 1566, une nouvelle version du livre. L'année suivante, ce fut le Guide des pécheurs qui était réédité après avoir été retravaillé. Grâce à l'introduction de longs développements sur la prière vocale, ses livres étaient devenus au-dessus de tout soupçon. Fr. Louis est mort à Lisbonne en 1588, donc peu après Thérèse d'Avila. [...]
[...] La confiance que j'ai dans l'obéissance me fait espérer de la bonté de Notre Seigneur que cette lettre servira à me procurer le secours de vos prières. J'en ai un extrême besoin dans la circonstance où je me trouve, qui est de n'avoir aucun mérite, et d'être journellement exposée aux yeux du monde, sans pouvoir justifier en aucune manière par ma conduite la bonne opinion qu'on a de moi. Si vous saviez, mon révérend père, jusqu'où cela est porté, c'en serait assez pour vous exciter à m'accorder par charité la grâce que je vous demande. [...]
[...] Vous qui connaissez si bien la grandeur de Dieu. Une dimension spirituelle importante chez Louis de Grenade est mise en relief par Thérèse : le sens de la grandeur de Dieu. Thérèse y était très sensible, car pour elle, Dieu est tout et l'homme doit connaître et reconnaître la profondeur de son néant et l'incomparable Majesté de Dieu (Le Chemin de la perfection, XXXII). Cette transcendance de Dieu le rend inconnaissable pour l'homme : Nous ne sommes ici-bas que de pauvres petits bergers, nous sommes ignorants et nous croyons connaître quelque chose de vous (IVème Dem., chap. [...]
[...] Louis de Grenade est dans la ligne de Jean d'Avila. Pour ce dernier, c'est ce chemin que devait suivre celui qui voulait avancer dans les voies de l'oraison ; dans son livre Audi filia et vide, il a consacré un chapitre à la connaissance de soi-même et il a intitulé le suivant De l'oraison et la méditation La démarche de Louis de Grenade correspond donc exactement à ce que dit Thérèse d'Avila dans le Chemin de la perfection, XXI. La façon particulière dont il traitait ce thème résume de façon structurée, aux yeux de la réformatrice du Carmel, l'essentiel du contenu de plusieurs livres abordant un sujet similaire. [...]
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