Le Soufisme au féminin

Résumé du document

Dans un article paru dans le Monde des religions, Michel Cazenave, anthropologue des religions et producteur de l'émission « Les Vivants et les dieux » sur France Culture, explique au cours d'un entretien que le féminin serait « le lieu où se prouve et s'éprouve la source transcendante de toute chose » et que sa reconnaissance en l'homme pourrait faire évoluer la vision misogyne présente dans toutes religions, mais aussi lui donner accès à une vraie expérience mystique. L'appréhension du divin se fera ainsi, selon lui, par la dimension féminine. Il est fait mention au sein de l'ésotérisme musulman, autrement appelé soufisme (Tassawuf en arabe), du rôle des femmes dans la voie spirituelle, mystique et ascétique de l'Islam.

Extraits

[...] L'appréhension du divin se fera ainsi, selon lui, par la dimension féminine. Il est fait mention au sein de l'ésotérisme musulman, autrement appelé soufisme (Tassawuf en arabe), du rôle des femmes dans la voie spirituelle, mystique et ascétique de l'Islam. Dès les premiers temps de l'Islam, les femmes ont joué un rôle important dans le développement du soufisme, qui prend, selon la tradition de ce dernier, naissance par le biais du Prophète Mohammed. De nombreux versets font ainsi allusion à des connaissances profondes et mystiques et délivrent un message au sein duquel les hommes et les femmes sont égaux au regard de Dieu. [...]

[...] Pour seul exemple, prenons le groupe de chanteuses soufies L'Ensemble Rabi'a qui s'est constitué dans le sud de la France en 2003 et a choisi cette appellation pour rendre hommage à cette sainte. Ce groupe est composé uniquement de femmes suivant l'enseignement du guide spirituel, d'une confrérie soufie issue du Maroc la Qâdiriyya-bûtchichiyya, Sidi Hamza al- Qâdiri Boudchichi. Yasmine de Marchena et Fatimah de Courdoue, leur influence sur Ibn 'Arabi Nombreuses autres femmes comme Rabi'a ont servi de guides spirituels et ont enseigné le soufisme, tant aux femmes qu'aux hommes au cours de l'Histoire. [...]

[...] ‘Attâr, son biographe officiel, a vécu quatre siècles après elle elle se baladait avec un fagot de bois sous un bras et un seau d'eau dans l'autre main. On lui demanda alors : Où vas-tu ainsi ? et elle répondit : Je vais brûler le paradis avec le fagot pour que personne n'adore Dieu par désir de recevoir une récompense, et je vais éteindre l'enfer afin que personne n'adore Dieu par crainte du châtiment Le message de Rabi'a se centre sur l'adoration de Dieu pour Lui-même et sur le combat de son égo, message soufi par excellence. [...]

[...] Il ajoute que bien qu'elle fût si vieille, il avait presque honte de regarder son visage tant il était rose et frais. Nous retrouvons ainsi la posture de l'ascète et celle de guide spirituelle, d'enseignante -on parle encore de Cheikha qui n'est autre que la transposition au féminin du mot Cheikh (littéralement le guide en arabe) - déjà évoquée par la personnalité de Rabi'a. Fâtima de Nishapur, guide de Dhul-Nun al-Misri Autre femme cheikha et sainte (du IXe siècle) reconnue dans l'ésotérisme musulman, la figure de Fâtima de Nishapur, connue également sous le nom de Fatima al-Nisaburiya, a notamment été relaté par le maître soufi As-Sulamî (937-1021), l'un des premiers biographes des grandes figures soufies et auteur d'un traité intitulé Femmes soufies Il fait ainsi mention de la grande admiration que Dhul-Nun et Abû Al-Bistamî, deux grands maîtres spirituels du IXe siècle, avaient pour elle et notamment des nombreuses instructions spirituelles que Dhul-Nun a reçu d'elle. [...]

[...] De Rabi'a al-Adawiyya, Fatima de Cordoue ou encore des figures plus contemporaines comme Eva de Vitray-Meyerovitch, de nombreux exemples nous permettent d'illustrer cet exposé. Rabi'a al-Adawiyya, couronne des hommes Considérée comme l'une des plus grandes femmes mystiques dans le monde musulman, Rabi'a al-Adawiyya (717-801 apr. J.-C.) aussi appelée Ummu alkhayr, mère du Bien, a consacré sa vie à l'Amour pour le Seigneur. Née à Bassora (l'Irak actuel), elle incarne la figure même de la sensibilité de l'amour spirituel féminin développant un langage, spécifique au soufisme, autour de la vision de Dieu comme Bien-Aimé. [...]