L'idéologie actuelle est celle du « dernier homme » de Nietzsche qui doit vivre avec la mort de Dieu. Or Zizek reprend ici l'inversion faite par Lacan de la formule dostoïevskienne : « Si Dieu n'existe pas, tout est interdit ». « Si Dieu n'existe pas, dit le père, alors tout est permis. Notion évidemment naïve, car nous savons bien, nous analystes, que si Dieu n'existe pas, alors rien n'est plus permis du tout. Les névrosés nous le démontrent tous les jours. » En effet si Dieu est mort, alors tous les plaisirs sont permis. Seulement, pour en jouir le plus possible, il est nécessaire de prohiber les excès dangereux ; autrement dit, « tout est interdit tant que les choses ne sont pas privées de leur substance » (le café sans caféine, la guerre sans mort, etc.). Aussi dans l' « idéologie du dernier homme », tout coïncide avec son contraire : le plaisir et la contrainte, l'action et la réaction coïncident, la chose qui provoque des dégâts devant être le moyen d'y remédier.
Zizek prend l'exemple du respect de l'altérité qui va de pair avec la peur du harcèlement (autrement dit le refus d'une trop grande proximité de l'autre ), du capitalisme contrebalancé par des activités charitables, ou de la guerre acceptée si elle apporte la paix. Le fait qu'il n'y ait plus d'impositions de l'extérieur de normes précises à suivre (où la culpabilité se limitait à leur transgression) entraîne une culpabilité absolue du sujet qui ne sait plus ce que peut réguler ses actions. C'est ce vide de la Loi, cette absence de Dieu qui a rendu le sujet moderne vulnérable au totalitarisme qui lui offrait de nouveaux dieux (la Nécessité historique de la lutte des classes ou le mythe arien contre le Juif).
[...] Or, selon Zizek, c'est le refus de toute cause transcendante qui a conduit à ce que le but de nos vies soit la vie elle-même, c'est-à-dire un semblant de vie, son ombre. Autrement dit, lorsque la mort et la vie sont prises dans leur signification existentielle, un fondamentaliste est davantage vivant qu'un trader new-yorkais car il est en contact avec un au-delà de la vie. Les hommes ne sont réellement vivants que lorsqu'ils sont prêts à risquer leur vie pour une cause supérieure. [...]
[...] Zizek souligne ici que la distinction opérée par Hegel entre la sphère privée de la famille et la sphère publique de la société civile tend à se dissoudre. Nous sommes passés d'une famille marquée par l'autorité paternelle où les enfants étaient éduqués pour devenir adultes, à une famille où les enfants sont traités directement comme des individus autonomes et responsables, autrement dit comme des adultes capables de se conduire comme tels dans la sphère publique (par exemple en ayant la possibilité d'engager une procédure judiciaire contre leurs parents). [...]
[...] Zizek, La mort de Dieu et le dernier homme L'idéologie actuelle est celle du dernier homme de Nietzsche qui doit vivre avec la mort de Dieu. Or Zizek reprend ici l'inversion faite par Lacan de la formule dostoïevskienne : Si Dieu n'existe pas, tout est interdit Si Dieu n'existe pas, dit le père, alors tout est permis. Notion évidemment naïve, car nous savons bien, nous analystes, que si Dieu n'existe pas, alors rien n'est plus permis du tout. Les névrosés nous le démontrent tous les jours. [...]
[...] C'est ce vide de la Loi, cette absence de Dieu qui a rendu le sujet moderne vulnérable au totalitarisme qui lui offrait de nouveaux dieux (la Nécessité historique de la lutte des classes ou le mythe arien contre le Juif). Zizek illustre ce phénomène avec le cas des dissidents en Union soviétique : alors que sévissait la censure communiste, il était encore possible pour eux de faire passer un message subversif ; mais maintenant qu'il n'existe plus de censure, l'interdit s'universalise : tout message subversif est noyé dans une multitude de messages. [...]
[...] Zizek, Vous avez dit totalitarisme p.169. Jacques Rancière, La mésentente, éditions Galilée, 1995,p.125. Jacques Rancière, La mésentente, p.140. Jacques Rancière, La mésentente, p.140. Zizek, Vous avez dit totalitarisme p.245. Zizek, Bienvenue dans le désert du réel, p.105. [...]
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