Le matérialisme historique a tout à gagner si, selon Zizek, il s'avère capable de réinvestir le religieux, porteur d'une vérité qu'il est le seul à même d'accomplir. C'est avant tout dans le christianisme que le matérialisme est susceptible de trouver les ressources capables de renforcer son potentiel émancipateur. Le christianisme, selon Zizek, permet un nouveau commencement où les péchés sont pardonnés et où le passé est dépassé, bouleversant ainsi l'ordre social par la coupure chrétiens/non chrétiens, allant ainsi à l'encontre du paganisme qui accepte d'autant plus les différences qu'elles sont nécessaires à la stabilité de l'ordre social.
« Le paradoxe dialectique propre au paganisme est qu'il légitime l'ordre social ("chacun est la place qui lui revient") par une conception de l'univers selon laquelle toutes les différences se révèlent en dernière instance futiles, chaque être déterminé finissant par se désintégrer dans l'Abîme primordial dont il est issu. A l'opposé, le christianisme affirme l'égalité et l'accès direct à l'universalité précisément en faisant valoir la Différence, voire la Rupture la plus radicale. » En reprenant la thèse de Badiou selon laquelle notre époque est marquée par un Empire du capital semblable en de nombreux points à l'Empire romain, Zizek affirme que « ce dont nous avons besoin actuellement, c'est le geste qui minerait la mondialisation capitaliste du point de vue de la Vérité universelle, exactement comme le fit le christianisme paulinien pour l'Empire romain. »
[...] Zizek, La marionnette et le nain, p.172. Zizek, Essai sur Schelling, p.167. Zizek, Le sujet qui fâche, p.316. C'est pourquoi la gauche, dans ses compromissions, a finalement abandonné la politique au profit de la gestion neutre et rationnelle, désavouant ainsi le fait qu'elle avait des ennemis et que la lutte des classes ou la lutte des sans-parts ne s'accomode pas des concessions qui tendent à la nier: Transiger implique une renonciation à une identité, à un projet qui ne peut souffrir d'aucune concession sous peine d'être dévoyé : La gauche tenta de concilier l'inconciliable, c'est-à-dire sa propre position avec celle de son adversaire déclaré : elle incarne le socialisme, mais peut pleinement assumer le Tchatchérisme économique ; elle représente la science, mais peut entièrement faire avec le règne de la multitude des opinions ; elle représenta la vraie démocratie populaire, mais peut aussi jouer le jeu de la politique-spectacle et des sondages électoraux ; elle incarne la fidélité aux principes, mais peut faire totalement preuve de pragmatisme ; elle représente la liberté de la presse, mais peut flatter et obtenir le soutien de Murdoch (Zizek, Que veut l'Europe?, p.111) Zizek : Irak : le chaudron cassé, p.172. [...]
[...] Zizek, Vous avez dit totalitarisme p.61. Zizek, Le sujet qui fâche, p.286. Zizek, Fragile absolu, p.178. Zizek, La parallaxe, p.53. Zizek, Plaidoyer en faveur de l'intolérance, p.88-89. Zizek, La marionnette et le nain, p.172. [...]
[...] Aussi, l'ordre politique, lorsqu'il se fonde à partir d'une particularité substantielle, qu'elle soit d'ordre ethnique, religieuse ou autre, est nécessairement réactionnaire puisqu'il exclut nécessairement. Lorsqu'il se fonde sur une partie ou un reste qui est exclu du Tout, opérant alors une division qui remet en cause toute idée substantielle Il n'existe plus ni Grecs, ni Juifs, l'ordre politique est révolutionnaire. Aussi, alors que la globalisation est définie par une exception, celle qu'elle exclue (le Tiers-Monde, la classe ouvrière, les fondamentalismes), l'universalisme se fonde aussi sur une exception, à ceci près que cette exception est précisément celle que la globalisation exclue, elle n'est plus ici dehors mais est constitutive en tant que sujet, et c'est sa position concrète en tant que sujet qui lui permet d'articuler son tort particulier en tort universel. [...]
[...] La tâche de la pensée, selon Zizek, est donc aujourd'hui double : d'un côté, il s'agit de répéter la "critique de l'économie politique" héritée de Marx sans faire du Communisme, comme idée idéologico-politique, sa mesure absolue ; d'un autre côté, il s'agit d'imaginer une rupture réelle avec l'horizon capitaliste sans retomber dans le piège d'un retour à l'idée éminemment prémoderne d'une société équilibrée et (auto) régulée (c'est la tentation "précartésienne" à laquelle une grande partie du mouvement écologique succombe aujourd'hui). (Zizek, Fragile absolu, p.33). Zizek, Fragile absolu, p.214. Zizek, Fragile absolu, p.215. [...]
[...] La suspension de la loi ne peut s'effectuer que par l'amour accompagné de la cruauté arbitraire. Pour comprendre pourquoi il faut haïr celui qu'on aime par amour et dans l'amour (Kierkegaard)[24], il est nécessaire de savoir ce qui dans l'être humain est voué à cette haine. La haine du père dans le schéma œdipien peut nous aider à saisir cela. Cette haine à l'égard du père s'efface à mesure que le père n'est plus considéré dans sa fonction symbolique autoritaire mais comme un être vulnérable. [...]
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