En reconstituant les étapes de subjectivation de Dieu, processus de subjectivation qui vaut aussi pour dialectique, Zizek tente d'élaborer une théorie du sujet humain, d'une manière assez analogue à celle de Feuerbach dans son Essence du Christianisme, à la différence près que pour Zizek, l'homologie est directe, alors que Feuerbach distinguait d'abord les caractéristiques de l'homme et de Dieu pour en conclure que Dieu était une projection par l'homme de ses qualités déniées.
La théorie centrale, donc, que Zizek développe à la suite de Lacan, consiste à avancer que Dieu, l'Absolu, est scindé. « Le "fait primordial" est la non-coïncidence de l'Absolu avec lui-même, l'écart qui le traverse de l'intérieur, la coupure inhérente au vide primordial lui-même. » L'erreur selon Zizek (il critique ici Charles Taylor et son livre Hegel) serait de doubler la notion de sujet avec d'un côté la Substance infinie, c'est-à-dire le Sujet absolu (Dieu) et de l'autre le sujet fini (l'homme). En effet cette scission est inhérente au sujet au même titre que Hegel peut affirmer que l' « Esprit est un os », c'est-à-dire que « la Substance est sujet ». C'est en ce sens que Schelling parle d'un Absolu relatif pour désigner Dieu : bien qu'il soit le Maître et le Créateur de l'univers, « Son pouvoir absolu n'en est pas moins qualifié, limité par ce qui n'est pas Dieu en lui. » Il n'existe donc « pas en premier lieu de dualité « primordiale » des pôles, seulement l'écart constitutif de l'Un. » C'est pourquoi Zizek s'inscrit en faux contre la philosophie du multiple de Spinoza qui est aussi nécessairement une philosophie de l'Un (le multiple se manifestant sur l'arrière-plan neutre de l'Un) ou contre la philosophie heideggérienne du dualisme ontologique (corps et âme, processus physique et vérité idéale, etc.).
[...] " Je suis allé dans la cuisine, j'ai ouvert le frigo, j'ai regardé ce qu'il y avait dedans, et puis j'ai crié : "Une, maman, on n'en a qu'une ! " Ici l'ajout de la virgule permet l'interprétation psychanalytique suivante : Afin d'échapper à l'impasse de son désir excessif, la mère trouve refuge dans le désir d'un objet partiel extérieur, la bouteille de bière, destiné à distraire l'attention du fils de la Chose obscène, la présence de sa mère nue dans un lit avec un homme. [...]
[...] Dans le deuxième jugement, la séparation se reflète en Dieu lui- même sous la forme de la division de Dieu le Père et du Christ ; dans la figure du Christ mourant sur la croix, Dieu lui-même devient un athée, faisant l'expérience de l'abandon par Dieu le Père. Enfin, la séparation se fait au niveau de l'homme et de l'homme-Christ, tous deux étant séparés par une "différence minimale". Cette figure finale est la "vérité" de l'ensemble du mouvement. Le Christ n'est pas un être humain et un Dieu dans le sens gnostique où cohabiteraient en lui une nature mortelle et une nature immortelle. [...]
[...] Cité par Zizek dans La marionnette et le nain, p.179. Zizek, L'intraitable, p.86. Kierkegaard, Sur la différence entre un génie et un apôtre Œuvres complètes, Paris, éditions de l'Orante vol.XVI, p.159. Cité par Zizek dans L'intraitable, p.86. Ce que, nous le verrons plus loin, développe avec le concept de vide de la loi Cf. Jacques Lacan, Propos sur la causalité psychique dans Ecrits, Paris, Seuil p.170. Zizek, Organes sans corps, p.127. [...]
[...] Zizek, Organes sans corps, p.82. Nous retrouvons le même processus dialectique quant au Réel : Nous posons d'abord le Réel comme le noyau dur de la transcendance, toujours perçu de façon réfractée ; puis, nous accomplissons le renversement "postmoderne" : il n'y a pas besoin d'un au- delà du Réel transcendant, car le jeu des apparences réfractées est tout ce qu'il y a ; la "synthèse" des deux positions est le retour au Réel, mais un Réel désubstantialisé, un Réel réduit à une "différence minimale" insaisissable entre les apparences ; le Réel est la cause même de la réfraction, non le noyau intérieur au-delà d'elle. [...]
[...] La lecture de Totem et Tabou par Zizek lui permet donc d'affirmer que Dieu est non seulement mort, mais qu'il a toujours été mort (par le meurtre originaire du père). Le problème, c'est qu'il ne le sait pas, il est ce grand Autre supposé ne pas savoir Le père pense toujours que l'autorité émane de sa personne (en tant que Maître) et non du lieu vide qu'il occupe (la Loi symbolique). C'est cet écart que la figure du chef charismatique essaye de cacher afin que l'on ne dévoile pas son impuissance effective lorsqu'il affirme que La Loi c'est moi ! [...]
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