Prier sans cesse ! Le Christ, Saint Paul et toute la tradition spirituelle n'ont cessé de recommander la prière continuelle. Cependant comment y parvenir ?
Ce problème a été tout spécialement la hantise des moines et les solutions les plus diverses ont été proposées par ces hommes avides de prière.
L'un d'eux, l'abbé Lucien, par exemple, travaillait pour pouvoir faire l'aumône et ainsi le bénéficiaire de sa générosité priait pour lui pendant son sommeil et aux heures de ses repas. D'autres se relayaient au chœur pour chanter des psaumes. Le pèlerin russe pour sa part disait chaque jour des centaines d'invocations à Jésus. Tel autre, voulant imiter Marie, choisit la meilleure part à son arrivée au monastère : afin de consacrer tout son temps à la prière, il ne quitta pas sa cellule. Mais quand vint l'heure du dîner... l'abbé le renvoya à sa contemplation !
On pourrait multiplier les exemples admirables, mais difficilement imitables. La question demeure donc pour nous : comment prier sans cesse lorsque nous sommes accaparés par les mille et une tâches quotidiennes ?
[...] Prier comme un mendiant Jésus lui-même nous dit : II faut toujours prier et ne pas cesser (Luc 18, ; et il nous met devant les yeux l'exemple de la veuve qui, désirant défendre son droit contre son adversaire, incline par ses appels réitérés un juge inique à l'écouter [ Ceci pour nous enseigner combien plus sûrement le Seigneur notre Dieu, miséricordieux et juste, nous exauce si nous prions sans relâche Ibid Comment Dieu pourrait-il résister à celui qui, dans l'attitude du mendiant en quête d'une faveur Ibid., Tract. in Io. ev obstiné dans sa demande comme la veuve de la parabole, implore sans cesse sa miséricorde ? Dieu peut-il résister au désir de ses enfants, désir qu'il a lui-même mis dans leur cœur ? [...]
[...] Qu'est-ce à dire ? Cette eau tirée du puits, recherchée pour goûter un bonheur éphémère, c'est l'évasion et le divertissement qui encombrent notre cœur et nous font errer loin de Dieu, loin des biens qu'il nous a promis. La conversion du désir La prière va nous amener à convertir notre désir des biens de ce monde en désir du bonheur que Dieu veut nous donner. Et cela, en purifiant notre désir, en l'élargissant L'image de la poche qu'on dilate pour augmenter sa capacité, tellement parlante, ne pouvait qu'entraîner les auditeurs de saint Augustin sur le chemin de cette purification : La vie tout entière d'un bon chrétien n'est qu'un saint désir continuel. [...]
[...] Conclusion Après avoir écouté l'enseignement de l'homme de prière que fut saint Augustin, il ne nous reste plus qu'à mettre nos pas dans les siens ; et peu à peu, avec le secours de sa prière, notre cœur battra au rythme de la volonté de Dieu, n'ayant d'autre désir que de répondre à l'appel qui nous entraîne vers la gloire. N'est-ce pas cela prier sans cesse ? [...]
[...] Notre vie d'ici-bas consiste donc à donner à notre âme les élans de continuels désirs. Autant nous sommes travaillés par le désir du ciel, autant notre cœur se débarrasse des désirs terrestres et se détache du monde. Nous avons déjà dit parfois : vide ce que tu dois remplir. Vide le mal qui se trouve en ton cœur, puisque le bien doit le remplir. Par exemple, Dieu veut te remplir de miel ; si tu es plein de vinaigre, où le mettras-tu ? [...]
[...] Désir et amour Cependant, même dans sa perfection la plus haute, le désir traduit un manque, il est le signe de l'inachèvement de notre être qui tend vers le bien qui lui manque pour atteindre sa plénitude, son bonheur. Insister si fortement sur le désir risquerait donc de mettre au premier plan dans la prière, l'effort de l'homme en quête de son achèvement. Or pour saint Augustin, il ne s'agit pas de cela. Dieu nous a aimés le premier, gratuitement, ne cesse-t-il de répéter. [...]
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