Cinq livres constituent la Torah, ou Pentateuque, texte religieux fondateur du peuple juif. La thèse religieuse veut que ce soit Moïse, le prophète du peuple juif, qui ait reçu la Torah de Dieu sur le mont Sinaï. Le livre du Deutéronome est particulièrement intéressant parce qu'il illustre un nombre important de notions centrales du judaïsme et contient à ce titre bien des passages centraux de la liturgie juive. On trouve deux types de lois décrites dans le Deutéronome : la première est consacrée à la relation de Dieu au peuple juif, et la deuxième cite des lois plus ou moins triviales régulant la vie en société du peuple juif.
On est ainsi amené à se demander quel peut être le lien entre les préceptes spirituels voulus par Dieu pour le peuple juif et la législation civile présente dans le Deutéronome.
[...] Les Hébreux, selon la bible, furent esclaves du Pharaon pendant 400 ans en terre d'Egypte. Au terme de ces 400 ans, Moïse, envoyé par Dieu, aurait libéré les Hébreux avec les épisodes bien connus des dix plaies et de la traversée de la Mer Rouge. La sortie d'Egypte constitue, on le voit avec ce texte, un mythe fondateur de la mémoire du peuple juif. Dieu rappelle en permanence aux Hébreux qu'ils lui doivent allégeance pour les avoir libéré de l'esclavage. [...]
[...] La notion d'élection du peuple juif est assez connue. Il s'agit de l'idée selon laquelle Dieu aurait choisi le peuple hébreu plutôt qu'un autre peuple pour recevoir la loi divine, prospérer et se multiplier grâce à la bénédiction divine. Cette élection se trouve cristallisée dans l'idée d'alliance entre le peuple juif et Dieu, alliance qui débute avec Abraham. Au-delà de l'idée d'élection vient celle de la fermeture du peuple juif, avec une connotation presque élitiste. Le peuple juif se considère comme choisi de Dieu et ne se donne pas pour vocation d'étendre aux autres peuples de l'humanité la loi divine. [...]
[...] Mais viennent avant les principes relatifs à la crainte et à l'amour de Dieu. On doit adorer Dieu, ne pas se faire d'idole, lui consacrer un jour de repos. Puis viennent les principes proprement moraux. Ce qui nous contraint ainsi à ne pas tuer, c'est la punition que Dieu pourrait faire abattre sur nous pour ne pas avoir respecté ses lois. On ne tue pas, parce que Dieu nous l'a ordonné. En somme, la morale vient avec la loi divine, et il ne peut y avoir de morale ou d'éthique sans crainte et respect de Dieu. [...]
[...] Comment lier morale et relation à Dieu ? Peut-il y avoir une morale sans qu'il n'y ait de précepte divin pour contraindre les hommes à agir avec justice ? On peut s'appuyer sur les Dix commandements présents au début du texte pour éclairer cette question. Les Dix commandements sont divisés en deux parties. L'une concerne la relation de l'Homme à Dieu, et l'autre le comportement des hommes entre eux, en société La partie qui est plus ou moins liée à la morale contient ainsi des préceptes qui aujourd'hui peuvent nous sembler assez classiques et normaux dans nos sociétés. [...]
[...] En fait, cette place de la loi civile dans le judaïsme est directement liée à la notion d'élection. Il y a une logique derrière l'évènement de la remise des tables de la loi sur le mont Sinaï. Une loi civile aussi complète et claire ne pourrait être donnée à tous les peuples, et ne pourrait être répandue et prêchée aussi facilement que pourrait l'être une parole divine. Finalement, l'idée d'un peuple associée à une loi religieuse et divine fait sens. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture