L'Amérique latine est un continent catholique par excellence où l'Église en tant qu'institution possède un pouvoir d'influence considérable sur la société.
L'époque que nous allons voir est celle de la systématisation des régimes autoritaires dont la mise en place semble d'autant plus violente que des mouvements sociaux ont eu de l'importance à la fin des années 1960. L'ordre social injuste, l'accès inégalitaire à la propriété terrienne, l'inefficacité du système fiscal ont amené une contestation qui a pris diverses formes: estudiantine et universitaire, syndicale, populaire (des mouvements de libération nationale).
L'élément religieux est déterminant : L'Église catholique va s'engager auprès des déshérités. L'apparition de la théologie de la libération est une réponse au problème social issu du modèle développement et de la nature des régimes politiques latino-américains.
D'un autre côté, les relations entre le pouvoir politique et l'Église sont très étroites. Les gouvernements ont le plus souvent compris que l'Église catholique est une force stabilisatrice qu'il vaut mieux avoir avec soi que contre soi. L'Église a certes toujours joué un rôle en politique, mais à partir du moment où elle s'oriente vers des voies autres que le conservatisme social, son unité est compromise.
[...] Conclusion : Nous avons vu à travers cette période que le discours de l'Église est ambigu : le Vatican condamnait dans les discours les régimes autoritaires latino-américains, mais passait sous silence la complicité de la hiérarchie ecclésiastique locale qui les avait publiquement soutenus. Si la question des droits de l'homme et de la restriction des libertés publiques a longtemps été considérée comme l'origine de l'entrée de l'Église en opposition, Olivier Compagnon nous montre que l'importance croissante de l'Église pentecôtiste en Amérique latine depuis les années 1950, a permis l'émergence d'hypothèses alternatives mettant en avant la concurrence religieuse. [...]
[...] La justice et par conséquent la paix sont conquises grâce à une action dynamique de conscientisation et d'organisation des secteurs populaires, capables de faire pression sur les pouvoirs publics, souvent impuissants, dans leurs projets sociaux sans l'appui populaire Est dénoncée aussi la violence institutionnalisée, parce que les structures actuelles violent les droits fondamentaux, et nous nous trouvons devant une situation qui exige des transformations globales, audacieuses, urgentes et profondément rénovatrices Le document final condamne la violence qui engendre de nouvelles injustices, provoque de nouvelles ruines et dit qu'on ne peut combattre un mal réel au prix d'un plus grand mal. La théologie de la libération en naît. Caractérisée par une tentative d'analyse des sociétés faisant usage des sciences sociales et souvent du marxisme. En 1971, le péruvien Gustavo Gutiérrez : condense les principes dans Teología de la liberación. Perspectivas. Le message libérateur de la théologie de la libération n'amène pas tout l'épiscopat latino-américain à prôner l'usage de la violence, loin de là. [...]
[...] L'Église catholique en pénétrant dans les terres indiennes et en s'y comportant comme un opposant politique au régime autoritaire y reprit de l'importance, et reprit sa place, malgré l'opposition de la hiérarchie ecclésiastique, proche des militaires au pouvoir. Au Chili : Gonzalo Arroyo et Jacques Chonchol fondent le mouvement Chrétien pour le socialisme Des démocrates-chrétiens sont même favorables à une alliance avec le Parti Communiste. L'Église chilienne joue un rôle important dans la contestation. La Colombie en août 1968, prépare un congrès eucharistique avec la venue annoncée du Pape Paul VI à Bogota. Les prêtres chiliens occupent la cathédrale de Santiago en disant : Que vient faire le Pape ? Bénir la misère, la douleur ? [...]
[...] Ces pratiques représentent la persistance des valeurs collectives, qui sont source d'une résistance et d'une adaptabilité sociale que ne peut proposer l'Église catholique. Bibliographie : CHEVALIER François, L'Amérique Latine de l'Indépendance à nos jours, PUF, novembre 1993. COMPAGNON Olivier, L'Église catholique et la démocratie chrétienne face à la dictature chilienne. Du consentement à l'opposition, Visages d'Amérique Latine nº juin 2006. DABENE Olivier, L'Amérique latine à l'époque contemporaine, Sixième édition, Armand Colin, juin 2007. LEMOGODEUC Jean-Marie (sous la coordination L'Amérique hispanique au XXe siècle, Identité, culture et société, PUF, juillet 1997. [...]
[...] La crainte des représailles est forte. C'est en 1982 seulement que la Conférence des évêques argentins fait savoir au gouvernement sa préoccupation à l'égard de la répression commencée six ans plus tôt. En Amérique Centrale, là où l'Église est engagée au côté des pauvres, cela génère violence de l'Armée et des groupes paramilitaires. En 1975, lors du massacre d'Omanche plusieurs paysans et deux prêtres sont assassinés. En 1980, Msg Oscar Arnulfo Romero, connu pour ses prises de position engagées, assassiné alors qu'il disait la messe à San Salvador. [...]
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