Mystique Baye Fall, organisation communautaire, marabout, daara, religions du terroir africain
L'islam est introduit au Sénégal pour la première fois entre le VIIIème siècle et le IXème siècle, par le biais des commerçants arabo-berbères. Ils diffusent pacifiquement cette religion et convertissent les Toucouleurs et les Sarakhollès, lesquels la propageront partout au Sénégal.
Cette islamisation se poursuivit à partir de la fin du XIXème siècle avec l'apparition d'autres grandes confréries musulmanes, les Mourides (31 de la population sénégalaise) et les Tidjanes (49 ).
Cette expansion de l'Islam fut favorisée par la colonisation : les colons détruisant les systèmes monarchiques alors en place, la population s'est tournée vers les marabouts, cherchant leur protection.
Cheikh Ahamadou Bamba (1853-1927) est l'un deux, un mystique apparu au Sénégal dans un contexte où la colonisation avait grandement perturbé l'équilibre social. Il fut déporté deux fois par le colon français.
[...] Tous les enfants dorment à même le sol ou sur des nattes dans des pièces sans lumière et sont habillés en haillons, cinq de ces daara ne disposent pas de robinet, deux n'ont pas de sanitaire, les repas sont peu nourrissants variants selon les succès de l'aumône du jour ou de la générosité du marabout, l'utilisation d'un fouet, sous forme de cordelette de cuir, est systématique. Les enfants dont les parents habitent trop loin restent dans les daara et ne rentrent que pour les fêtes, une à deux fois par an. Ces dures conditions de vie sont justifiées comme étant une épreuve que les talibe doivent franchir pour devenir des adultes solides et bien éduqués de bons musulmans, qui sauront traverser les difficultés de la vie sur terre et accéder au Paradis. [...]
[...] Ces dons sont aussi un moyen pour le marabout de s'assurer de son implantation dans un nouveau village. Aujourd'hui, les dons d'épouse nécessitent davantage l'accord de la jeune fille La cour du marabout: L'entreprise kalifale est composée d'un personnel nombreux: les jawrins, les gestionnaires des concessions, les profiteurs (bukki-negg, littéralement hyène de maisons), les épouses, le secrétaire, le chauffeur, les gardiens. Tous ne sont pas forcément rémunérés, ou la rémunération n'est ni fixe ni régulière, elle dépend du niveau de relation intime entre le disciple et le marabout Redistribution ou exploitation? [...]
[...] Pour observer avec une certaine distance le fonctionnement de cette confrérie, il faut se remémorer l'importance du Coran dans la vie d'un musulman. Le Coran est un livre incréé, sacré, le signe visible de la réalité invisible, c'est la parole de Dieu transmise directement par l'ange Gabriel à Muhamad. Il est la preuve matérielle de la présence de Dieu et de son Amour. Pour les Mourides, le Coran doit être chéri et protégé, même si on ne sait pas lire l'arabe, le simple fait d'avoir un Coran, d'en prendre soin et de le parfumer apporte la protection de Dieu. [...]
[...] En s'appuyant sur le livre de l'anthropologue Charlotte Pézeril, Islam, Mysticisme et marginalité, les Baye Fall du Sénégal, la première partie présentera la mystique Baye Fall et son rapport à soi et au monde. Dans une deuxième partie, l'organisation de la communauté Baye Fall sera étudiée à travers le rôle du marabout et des daara, et la place du don et de la redistribution. Enfin dans la troisième partie, des réflexions personnelles viendront discuter de la place des Baye Fall dans le mouridisme et dans la société sénégalaise La mystique Baye Fall dans le rapport à soi et au monde: Le soufisme selon Al-Junaid consiste en ce que: “Dieu fait mourir (l'homme) à son moi pour vivre en lui”. [...]
[...] Les marabouts sont appelés à la même extranéité et don de soi vis-à-vis de leur Khalife, que les disciples vis-à-vis d'eux mêmes Prégnance des normes de comportement: Le respect des autres est une règle majeure qui découle du travail de socialisation des daara. Dans ce cadre, le suivi de la discipline accompagné du travail fourni permet à chaque talibe de recevoir des bénédictions divines, “source de motivation mutuelle dans la recherche de l'aide ou du service au profit des autres”. La socialisation opère par imprégnation, chacun assimilant et perpétuant les normes sans qu'un règlement interne soit officialisé. Les condamnations des transgressions sont rares. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture