Expliquer la faiblesse des droits de la femme dans cette région du globe uniquement en constatant la présence de la troisième grande religion monothéiste serait quelque peu hâtif et réducteur. Le raisonnement qui consisterait à faire un rapprochement systématique entre l'islam et une condition de la femme inférieure à celle de l'homme serait en outre franchement discutable au regard des exemples indonésiens, tunisiens ou encore libanais, qui illustrent à des degrés variables qu'un Etat musulman peut très bien reconnaître à la gent féminine des droits assez aboutis, des libertés relativement étendues. Force est ainsi de constater qu'il est préférable, lorsqu'on se lance à la recherche de facteurs explicatifs de la condition particulière des femmes arabes, d'envisager des causes polymorphes.
Aussi, s'il est évident que la religion constitue à bien des égards un facteur de blocage dans les sociétés arabes, c'est bien davantage l'interprétation des textes religieux et la manière dont il est fait application de ceux-ci dans la vie quotidienne qui ont une répercussion sur les droits féminins arabes. C'est par conséquent tout autant, si ce n'est plus, à des facteurs culturels et socio-économiques que purement et exclusivement religieux, qu'est liée la condition de la femme dans les pays arabes.
Dans une première partie, nous verrons en quoi la religion musulmane est susceptible d'expliquer en partie les droits réduits dont bénéficient d'une manière générale les femmes des pays arabes. Puis, dans une seconde partie, nous montrerons qu'en dépit d'une religion commune, les Etats arabes se distinguent fortement entre eux par le statut et les conditions d'existence qu'ils offrent à la femme. Enfin, dans une troisième partie, nous envisagerons l'interaction que peuvent avoir certaines données culturelles et sociales avec la religion quant au sort des femmes arabes, ainsi que l'influence directe de ces données sur la condition féminine arabe.
[...] Il est à noter que d'une manière générale, plus les sociétés sont développées et jouissent d'un certain confort matériel, moins la religion exerce une influence. Exceptée peut-être aux Etats-Unis, où l'on assiste depuis une vingtaine d'années à une relative résurgence du fait religieux, la foi a enregistré un fabuleux déclin dans tous les pays occidentaux depuis un demi-siècle. Si la religion musulmane occupe une place prépondérante et si elle est un facteur de blocage dans les pays arabes, c'est donc aussi certainement parce que le niveau de développement de ce dernier est propice à un tel enracinement paralysant. [...]
[...] Ce faisant, on pourrait ainsi être conforté dans l'idée que la religion constitue un facteur de blocage fermement enraciné - peut-être même l'unique facteur de blocage dans les sociétés arabes, puisque le poids de celle-ci au sein d'un pays déterminerait son plus ou moins grand libéralisme socio-politique. La brève nomenclature ci-dessus prouve, il est vrai, que les droits féminins sont, dans l'ensemble et bien que certaines exceptions et nuances puissent être avancées, inversement proportionnels à la place occupée par la religion dans le pays concerné. [...]
[...] La religion n'est donc pas le seul facteur de blocage dans les pays arabes. Reste alors à s'interroger sur la nature des facteurs qui, conjugués à la religion, permettent d'expliquer la condition des femmes arabes. III] L'importance du rôle joué par le facteur culturel et les données socio- économiques Simultanément à la religion, d'autres facteurs entrent en jeu. La condition des femmes arabes est ainsi liée au caractère conservateur et rétrograde des mentalités maghrébines et moyen-orientales et au sous- développement ambiant des pays de l'échantillon Des sociétés peu propices à l'épanouissement de la personne, à plus forte raison féminine On peut difficilement nier le fait que le monde arabe est à bien des égards archaïque, rétrograde. [...]
[...] La religion est un facteur de blocage d'autant plus effectif qu'elle occupe une place prépondérante dans le monde arabe L'islam, une religion historiquement défavorable à la femme A la base, l'islam est une religion qui va à l'encontre de la conception occidentale des droits de l'homme en général, et qui néglige les droits de la femme en particulier. La conception occidentale des droits de l'homme insiste en effet sur le caractère individualisable de chaque homme, sur la glorification de la personne humaine. [...]
[...] En conclusion, il est indéniable que la religion a joué et joue encore un rôle néfaste en ce qui concerne les droits reconnus aux femmes dans les pays arabes. Cependant, elle ne constitue pas le facteur explicatif unique de la condition de la femme arabe. Celle-ci est le fruit d'une conjugaison de facteurs, religieux, culturels et socio-économiques. Il est vrai toutefois que les facteurs religieux et culturel sont étroitement liés, presque indissociables. Les sociétés arabes, quelque peu archaïques, sont très imprégnées de l'islam. En retour, la religion musulmane a été particulièrement dénaturée, tout au long de son histoire, par les sociétés arabes. [...]
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