L'Eglise est un des piliers des monarchies catholiques. Celles-ci sont en même temps jalouses de leur indépendance. La fin du XVIIIème voit se renforcer la lutte contre la primauté pontificale. Les épiscopats nationaux aspirent à plus d'indépendance et prennent pour ce faire appui sur les Etats. Parmi les traits de cette lutte contre la centralisation romaine, figure la suppression de l'ordre des jésuites, considérés comme des agents de la papauté (le pape est contraint de dissoudre la compagnie en 1773). Ainsi se développent en Europe des formes de ce que l'on appelle « gallicanisme » en France, « régalisme » en Espagne et au Portugal, « fébronianisme » en Allemagne, « joséphisme » en Autriche, voire en Italie. Tous ces termes recouvrent une même volonté d'indépendance des églises locales à l'égard de Rome, avec quelques variantes nationales.
En Espagne et au Portugal, le problème est essentiellement celui des nominations épiscopales dans les colonies, car la papauté revendique un droit de regard sur la formation des épiscopats de ces terres de mission. En Allemagne, le mouvement se radicalise au travers du personnage de Justinus Febronius, pseudonyme de Mgr Jean-Nicolas de Hontheim, coadjuteur de l'archevêque de Trèves, qui développe dans ses œuvres (De l'Etat présent de l'Eglise) l'idée que les papes avaient usurpé des droits qui ne leur revenaient pas ; il demande donc aux évêques comme aux Princes de les en priver. Si ces livres sont condamnés par Rome, les évêques allemands les laisse circuler dans leur diocèse. En France, les prétentions à l'autonomie de « l'Eglise de France » n'empêchent pas les évêques d'avoir un réel attachement envers la personne du pape.
En France, en vertu du gallicanisme qui veut selon le mot du chancelier d'Aguesseau que l'« l'Eglise soit dans l'Etat et non l'Etat dans l'Eglise », le roi ne reconnaît aucun supérieur dans le domaine du temporel, a droit de regard sur la publication et l'exécution des bulles pontificales, sur le choix des évêques, etc. Ainsi, à la veille de la Révolution, chaque Etat catholique tente de resserrer sa pression sur l'Eglise. Les Etats disposent, il est vrai, de moyens puissants, comme la nomination des évêques, sur laquelle le Saint-Siège n'a guère de prise.
[...] Limites et sens des édits de tolérance Les édits remettent en cause un ordre péniblement mis en place depuis le XVIème, et suscitent de ce fait des résistances qui, sans entraîner des guerres de religion, viennent rappeler la force des antagonismes religieux. La crise qui secoue la monarchie autrichienne à la fin du règne de Joseph II en est une illustration. Les réformes provoquent en effet révoltes et résistances : en Carinthie, un mouvement se développe un 1789 pour empêcher l'enlèvement des statues. La même année, les paysans du Vorarlberg se soulèvent, comme les Tyroliens en 1790, dans le but de conserver les prêtres et la religion traditionnelle. [...]
[...] Peut-on parler d'une religion révolutionnaire ? Le culte de la Raison est pour sa part fondé sur une base incertaine, puisqu'il est fondé sur le refus de tout dogme. Mais d'autres formes de religiosité populaire apparaissent, notamment à travers le culte des martyrs de la liberté (Marat, Le Peletier, Chalier ) ; dans l'Ouest républicain, les villageois vouent un culte aux martyrs (souvent des jeunes filles) victimes des Chouans (cf. Sainte Pataude qui s'est élevée au ciel avec des ailes tricolores). [...]
[...] Religion et pensée contre-révolutionnaire : 20 D. La reconstruction concordataire : La position de Bonaparte : La mise en place du Concordat : 21 Les religions à l'âge des Lumières Les contours de l'Eglise catholique Les relations entre Etats et Eglise L'Eglise est un des piliers des monarchies catholiques. Celles-ci sont en même temps jalouses de leur indépendance. La fin du XVIIIème voit se renforcer la lutte contre la primauté pontificale. Les épiscopats nationaux aspirent à plus d'indépendance et prennent pour ce faire appui sur les Etats. [...]
[...] Le Directoire voulut traiter avec le pape pour qu'il reconnaisse l'Eglise constitutionnelle. Les tractations furent longues, mais aboutirent à la paix de Tolentino (1797), par laquelle Bonaparte avait imposé au pape, outre une indemnité importante, l'abandon de la Romagne et d'Ancône. La création de la République romaine mit ensuite fin aux pouvoirs temporels du pape Pie VI, qui s'enfuit en Toscane. Par ses appels répétés, il contribua à mettre sur pied la seconde coalition que devait affronter la France au printemps 1799. [...]
[...] Afin de ramener l'ordre, Talleyrand impose une loi sur la liberté religieuse, qui permet la cohabitation des deux églises, à charge pour les insermentés de louer leurs locaux cultuels et de bannir toute critique des lois. Mais ce n'est là qu'une illusion : les troubles ne cessent au contraire de s'aggraver, et de se confondre même avec la Contre-révolution telle qu'elle se développe dans l'Ouest. De plus en plus, les réfractaires sont dénoncés comme des ennemis de la révolution, soit parce qu'ils correspondent avec leur évêque parti en exil, soit parce qu'ils tiennent des propos hostiles. C'est ce qui explique le durcissement de la législation à leur égard. [...]
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