• À ses débuts, la Révolution entend fonder sa politique religieuse sur une tolérance générale (continuité avec les Lumières), en cantonnant la religion dans le privé (affirmation de la liberté religieuse dans la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789). Mais, de même qu'elle se déclare anti-monarchique en 1792, après une expérience de monarchie constitutionnelle, elle se déclare anti-catholique en 1793, après une expérience d'Église constitutionnelle en continuité avec les efforts gallicans (affirmation de l'État) : en ce sens, la « déchristianisation » aurait surtout des mobiles politiques. Quelle a été la portée de cette brève politique de déchristianisation ? Comment les cultes non catholiques sont-ils considérés à côté de ce qui n'est plus une religion d'État ?
• La religion est au cœur du « transfert de sacralité » (Mona Ozouf) que représente le processus révolutionnaire : pour beaucoup d'historiens républicains du XIXème siècle, comme Michelet ou Quinet, la Révolution elle-même apparaît comme une nouvelle religion (du latin « religere » = « relier »), annonçant la possibilité d'un bonheur terrestre, alors que le christianisme réserve le bonheur à l'au-delà. Comme la religion, la Révolution considère l'homme en général et se joue des frontières politiques pour se répandre grâce à ses apôtres. Elle niche d'ailleurs ses clubs dans les églises, qu'elle décore de bustes de Marat, « martyr de la liberté ». Un « autel de la Patrie » est édifié au Champ-de-Mars, la Constitution apparaît comme un équivalent des Tables de la loi, et le serment remplace la communion, sous l'œil d'un « Etre suprême ». Dans cette perspective, la Terreur, tranchant entre les « bons » et les « mauvais », se poserait comme l'équivalent du Jugement dernier.
[...] Le culte de la Raison (athéisme) et l'iconoclasme Avec l'instauration du culte de la Raison, à l'occasion de la Fête de la Liberté et de la Raison on passe clairement de l'antichristianisme à l'athéisme. Désavoué par le gouvernement révolutionnaire, ce culte est le fruit d'initiatives locales, sous l'égide de certains représentants en mission, des armées révolutionnaires de sans-culottes et des clubs extrémistes. - Le 10 novembre 1793, Chaumette transforme la cathédrale Notre-Dame de Paris en Temple de la Raison pour célébrer ce nouveau culte. Beaucoup d'églises de province subissent le même sort. [...]
[...] Le 2 novembre 1789, sur une proposition de Talleyrand, évêque d'Autun, un décret met les biens ecclésiastiques à la disposition de la nation : la richesse injustifiée de l'Église était un thème caricatural classique au XVIIIème siècle (on peut penser par exemple aux attaques de Voltaire). L'assignat sera gagé sur ces biens nationaux dits de première origine (ceux de seconde origine étant ceux confisqués ensuite aux émigrés). Pour justifier cette expropriation qui semble contredire les principes contenus dans la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789, on prétend que le droit de propriété de l'Église n'est pas comparable à celui d'un particulier, car il est féodal La Constitution civile du clergé La loi du 13 février 1790 abolit les vœux monastiques, jugés inutiles et incompatibles avec la libération de l'individu prônée dans la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, ce qui voue les couvents à disparaître : les membres du clergé régulier sont d'ailleurs invités à se séculariser en rejoignant les rangs du clergé de paroisse, ou au moins à se regrouper, pour libérer certains couvents, qui seront nationalisés. [...]
[...] Pie VII se met alors à refuser les investitures et excommunie Napoléon. En juillet 1809, il est fait prisonnier à Savone (près de Gênes), puis à Fontainebleau à partir de 1812. En avril 1810, les treize cardinaux noirs ayant refusé d'assister à la cérémonie du mariage de l'Empereur avec Marie-Louise, en signe d'attachement au pape, sont arrêtés. Malgré les protestations du pape, libéré en mars 1814, le traité de Paris de mai 1814 reconnaît l'annexion par la France du Comtat venaissin, opérée en septembre 1791 à la demande de la population locale. [...]
[...] On compte entre 600 et protestants en France en 1789, soit un peu moins de de la population. Ils sont en général plus alphabétisés que le reste de la population (rapport direct à la Bible essentiel dans leur culte) : beaucoup se sentent proches de la philosophie des Lumières (en 1762-1765, Voltaire prend leur défense dans l'affaire Calas) et se lancent dans l'action politique après 1789. En mai-juin 1790, les catholiques du Languedoc se soulèvent contre les protestants, notamment à Montauban, où la révolte est déclenchée par le début de l'inventaire des biens du clergé. [...]
[...] La liberté de culte ayant été proclamée, certains jureurs se rétractent de leur serment pour garder leurs fidèles. Mais la menace royaliste et le coup d'Etat de Fructidor provoquent une réaction anticléricale : on exige de nouveau des prêtres un serment de haine à la royauté et à l'anarchie Les prêtres qui refusent sont passibles de déportation en Guyane : la plupart sont en réalité internés sur l'île de Ré ou l'île d'Oléron. Conséquences religieuses de la guerre : en 1798, l'armée de Berthier entre à Rome, expulse Pie VI et fait proclamer la République romaine Pie VI est incarcéré en France et meurt à Valence en août 1799. [...]
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