La place de la religion aux États-Unis peut sembler troublante à des observateurs français habitués à une laïcité excluant quasiment toute apparition du religieux dans la sphère publique. Pourtant, celle-ci n'est pas vraiment remise en cause aux États-Unis. Croyance en l'existence d'un pouvoir surnaturel ou d'un Dieu, partagée par plusieurs individus, et qui s'actualise sous la forme de rites, la religion recouvre des réalités très diverses. Elle est, dans l'imaginaire collectif américain, la raison d'être de l'État, puisque les fondateurs mythiques du pays sont les Pilgrim Fathers, Pères pèlerins puritains échappés d'Angleterre pour vivre librement leur religion au Nouveau Monde. Elle serait aussi au fondement du droit américain, puisqu'au cœur de sa loi fondamentale, la Constitution de 1787, et à l'origine de ses pratiques politiques, qui découleraient des pratiques religieuses.
L'« esprit de religion » que remarquait Tocqueville lors de son voyage outre-Atlantique, et qui lui semblait consubstantiel à la démocratie, est-il réellement reconnu et accepté comme un élément majeur de la genèse de l'État, des pratiques politiques et du système juridique des États-Unis d'Amérique ?
[...] La religion est également une clé pour la répartition des compétences entre État fédéral et États fédérés. Si certains considèrent que le premier amendement[5] fonde la séparation du religieux et du politique, il semblerait davantage qu'il exprime l'impossibilité pour l'État central d'interférer avec les affaires religieuses qui sont le fait des États. Il existait en effet de nombreux États avec des Églises établies, situation que la Constitution ne remettait pas en cause. En outre, on a tenté d'argumenter que la Constitution était sans Dieu qu'il n'était fait référence au créateur que de manière rhétorique ; pourtant, dans la Constitution est fait référence au calendrier chrétien, à des dons de Dieu et dans les lettres du Federalist mêmes[6] la référence à Dieu est fréquente. [...]
[...] La religion, fondement de l'État, du droit et des traditions politiques aux États-Unis d'Amérique La place de la religion aux États-Unis peut sembler troublante à des observateurs français habitués à une laïcité excluant quasiment toute apparition du religieux dans la sphère publique. Pourtant, celle-ci n'est pas vraiment remise en cause aux États-Unis. Croyance en l'existence d'un pouvoir surnaturel ou d'un Dieu, partagée par plusieurs individus, et qui s'actualise sous la forme de rites, la religion recouvre des réalités très diverses. [...]
[...] Le droit n'a pas vraiment défini quelles relations devaient être établies entre le politique et le religieux. On peut saisir les tribunaux pour non- établissement liberté d'expression libre-exercice et égale protection des lois pour une religion. L'idée française de laïcité n'a pas d'équivalent américain, et le mur de séparation que Jefferson voyait dans le premier amendement n'a pas lieu d'être, constitutionnellement, au niveau fédéral. La jurisprudence de la Cour Suprême est évolutive à cet égard, favorisant parfois une plus grande séparation, et parfois, un rapprochement. [...]
[...] Comme les Quakers, dont le chef William Penn fonde en 1682 l'État de Pennsylvanie, qui est dès l'origine ouvert aux hommes de toutes les confessions. Quakers, baptistes et luthériens en Pennsylvanie, catholiques au Maryland, mennonites près de Philadelphie, anabaptistes dans toute la Nouvelle-Angleterre, ou encore catholiques, luthériens, quakers et dissidents écossais dans l'État de New-York tels que les décrit Crèvecœur en 1782 dans ses Letters from an American farmer (cité dans Lacorne, 2007). Le Congrès ne fera aucune loi qui touche l'établissement ou interdise le libre exercice d'une religion, ni qui restreigne la liberté de parole ou de la presse, ou le droit qu'a le peuple de s'assembler paisiblement et d'adresser des pétitions au gouvernement pour le redressement de ses griefs Les rédacteurs des Federalist Papers, qui faisaient campagne en faveur du fédéralisme lors de la rédaction de la Constitution, étaient inspirés par les Lumières, et donc déistes et non-religieux. [...]
[...] Une autre tradition politique et religieuse naît avec la frontière : l'individualisme. Les immigrés de la Frontière sont surtout de jeunes hommes célibataires, peu enclins à accepter l'emprise d'une Église. Se développe alors l'évangélisme notamment pendant les Grands Réveils[2] forme du Protestantisme qui affirme que chacun a la même capacité d'accéder à Dieu personnellement, et s'oppose donc aux hiérarchies ecclésiales. Cette nouvelle forme de foi fait appel au contrat, c'est-à-dire à un contrat social formé entre tous les membres de la communauté, afin de se défendre les uns les autres contre un pouvoir supérieur. [...]
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