Religion, développement et sécularisation

Résumé du document

La croissance des revenus et des niveaux de vie dans une grande partie du monde depuis la première révolution industrielle s'est accompagnée de nombreuses transformations structurelles dans les domaines économique, politique, social ou culturel. Parmi tous les problèmes posés par ce phénomène, il en est un qui retient particulièrement l'attention, celui de la "transition religieuse".

Extraits

[...] La religiosité n'est pas considérée comme un bien offert et demandé ; c'est le poids donné aux croyances religieuses dans les décisions de chaque jour. On peut en effet comprendre que, même si le stock de croyances religieuses reste constant, l'influence de ces croyances peut évoluer avec le niveau de développement. Une comparaison avec l'agriculture est ici pertinente : dans les pays riches, la fraction de la population employée dans le secteur agricole et la part de la production alimentaire dans le PIB sont faibles ; mais les gens continuent de manger autant, sinon mieux. [...]

[...] La demande est un phénomène complexe en ce sens que la religion peut être considérée à la fois comme un bien de consommation et comme un bien de production. - En tant que bien de consommation, elle est un facteur de bien-être puisqu'elle satisfait le besoin de spiritualité. Une hypothèse courante est que plus les revenus augmentent, plus les individus consacrent du temps à des activités séculières au détriment de la pratique d'une religion. - Mais dans les pays peu développés, la religion peut aussi être considérée comme un bien de production ; par exemple, des cérémonies seront organisées pour obtenir de la divinité la pluie nécessaire aux récoltes ; ce type de demande tend à disparaître avec les progrès de la science et des techniques. [...]

[...] Autrement dit, il subsisterait durablement dans les sociétés modernes une influence de la religion qui s'expliquerait, selon les auteurs de,l'étude, par le maintien d'une demande de religion comme bien de consommation, autrement dit comme élément constitutif du bien-être individuel et social. Références bibliographiques E. Gundlach et M. Paldam : A Farewell to Critical Junctures. Sorting Out Long-run Causality of Income and Democracy, European Journal of Political Economy, 25(3) Gundlach et Paldam: The agricultural and democratic Transitions, Kiel Institute for the World Economy, WP Gundlach et Paldam: The Religious Transition, A Lon-run Perspective, Kiel Institute, WP Paldam et Gundlach: Two Views on Institutions and Development, Kyklos, 2008. [...]

[...] Paldam ont construit un indice de religiosité à partir de 14 données disponibles dans de nombreux pays sur les comportements religieux des populations. Il est admis que la comparaison entre pays à niveau de revenu différent fournisse une bonne approximation d'une évolution de longue période qui peut prendre un ou deux siècles. La valeur de cet indice de religiosité peut varier entre 0 et 1 ; elle est exprimée en pourcentage à 100 L'étude économétrique montre qu'elle atteint ou dépasse dans les pays les plus pauvres et qu'elle se réduit progressivement pour atteindre dans les pays riches où la baisse n'est pas encore totalement achevée ; la religiosité pourrait dans ces derniers pays converger vers une valeur de l'ordre de 35%. [...]

[...] Certaines études économiques récentes qualifient ces transformations de Grande Transition Et parmi tous les problèmes posés par ce phénomène, il en est un qui retient particulièrement l'attention, celui de la transition religieuse Transition religieuse et modernisation La notion de transition religieuse est reliée à celle de sécularisation qui est elle-même une composante de la théorie de la modernisation. Cette dernière trouve son origine dans les travaux d'auteurs comme Marx, Freud, Weber ou Durkheim ; elle prédit une disparition de la religion sous l'effet du développement économique. Les économistes contemporains considèrent habituellement la religion comme un bien produit par des institutions particulières, les églises. Elle fait donc l'objet d'une offre et d'une demande. [...]