À la veille du seizième siècle, la France est considérée comme la « fille aînée » de l'Eglise catholique et juifs et musulmans y sont peu nombreux. La religion, administration organisant le sacré, est donc en France dominée par le catholicisme. Celui-ci est à la fois ancré dans les traditions et garant de celles-ci. En tant que pilier de l'ordre social établi, la religion catholique entretient des relations ambiguës et souvent difficiles avec les mouvements ou actions de contestation sociale. Mais l'émergence de nouvelles religions et courants de pensée et l'évolution des contestations sociales renouvellent les rapports entre religion – populaire comme officielle – et contestation sociale. Du gallicanisme monarchique à l'athéisme de la Révolution Française de 1789, quelle influence a pu avoir la contestation sociale sur l'évolution, les difficultés et les succès de la religion ?
[...] La religion sera donc une fois de plus forcée à évoluer par la contestation sociale. Conclusion Ainsi, il semble que, du 16e siècle au 18e siècle, religion et contestation sociale aient toujours entretenu des rapports très étroits bien que divers. La religion, encore garante de l'ordre établi au 16e siècle, se voit ensuite entraînée par les bouleversements sociaux dont elle suit les évolutions avec plus ou moins de rapidité et de bonne volonté. La rupture de la Révolution française place la religion traditionnelle dans une position de contestation véhémente, mais une religion civique laïcisée apparaît, et la religion catholique se ralliera à la République moins d'un siècle plus tard. [...]
[...] La Réforme catholique qui répond à celle de 1535 est donc également liée à la contestation sociale qui l'oblige à se réformer pour ne pas perdre des adeptes. Bien que les formes de religion existantes soient parfois contestées, on n'assiste pas à une remise en cause de la religion en tant que telle. En France au 16e siècle, la religion courante est encore pieuse et sincère. Mais une piété baroque se met de plus en plus en place, entraînant des excès de démonstrations au détriment des sentiments profonds. [...]
[...] Lorsque Louis XIV prend le pouvoir en 1661, il lutte contre la contestation de l'aristocratie frondeuse et renforce la centralisation de l'Etat. S'ensuit donc un rapprochement des contestataires sociaux des contestataires religieux, tous luttant contre une centralisation et un pouvoir absolu. De plus, sous la monarchie absolue, la religion fait en apparence partie des choses de la vie les plus importantes. Si elle occupe une place très importante, elle se vide en réalité de son sens et n'est plus qu'artifices, démonstration de richesse multiplication des prêtres altaristes et de générosité. [...]
[...] Elle perd, du moins officiellement, son rôle total, presque totalitaire pourrait-on dire, donc son rôle social et se trouve donc elle-même, dans sa globalité, dans la contestation sociale pour la première fois. La Terreur confirme cet inversement spectaculaire des positions. C'est la religion qui devient l'ennemi absolu de la contestation sociale de 1789, contestation qui devient conservatrice socialement des évolutions à peine réalisées. C'est donc la religion elle-même qui devient contestataire et même parfois réactionnaire par le biais des mouvements catholiques. [...]
[...] Mais, paradoxalement, la remise en cause plus radicale qu'avant de la religion par les Lumières pousse l'Eglise à innover pour enrayer le déclin de la pratique qui commence et éviter de perdre des fidèles et de connaître des difficultés financières. Les protestants sont à l'origine des dissidents, ils ont donc nécessairement des liens originels avec les mouvements de contestation sociale comme c'est le cas pour l'Eglise d'Utrecht néerlandaise qui offre refuge aux contestataires sociaux et religieux. Mais la contestation sociale cristallise aussi parfois son hostilité sur la religion. Ainsi en est-il du judaïsme victime du mécontentement des paysans endettés, de la haine traditionnelle des clercs chrétiens et rendu responsable des problèmes sociaux. [...]
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