Jacques Attali, dans son ouvrage "Les Juifs, le monde et l'argent", affirme que les attentats du 11 septembre 2001 sur le World Trade Center sont une métaphore tragique d'une rencontre entre l'économie et la religion. En effet, ces attentats furent commis par des fondamentalistes musulmans dans le but d'affirmer une lutte contre l'Occident et le capitalisme.
Certes en apparence, religion et économie ne semblent pas faire bon ménage: en effet, tout semble opposer ces deux domaines bien distincts. D'un côté, la religion relève du spirituel ; d'un autre côté, l'économie relève du matériel. Pourtant, les liens entre religion et argent (ou plus largement économie) sont étroits : en effet, toutes les religions ont une certaine vision de l'argent qui leur est propre et cette vision a des conséquences sur le comportement des croyants dans le domaine pécuniaire.
Ainsi, il paraît intéressant de tracer un lien entre la religion et l'argent, deux valeurs qui dominent notre monde contemporain et qui le déchirent en même temps.
[...] Si cette vision n'est pas fausse, il conviendrait de la nuancer. Contrairement au dénuement minimum que préconise la plupart des religions face à l'argent, le culte du Dieu se fait volontiers dans la profusion. L'adoration peut ainsi se faire sous forme d'offrandes comme l'avaient fait les rois mages en apportant à Jésus de l'or, de l'encens et de la myrrhe, richesses aussi symboliques puisque représentant le pouvoir royal, le pouvoir divin, et le pouvoir spirituel. De nombreux lieux de culte sont aussi vus comme fastes en raison de l'importance de la richesse matérielle qu'ont pu connaître les Eglises par le passé. [...]
[...] Pour disposer d'une situation financière stable et prospère et donc éviter les aléas de la fortune, les Grecs pouvaient invoquer le dieu Ploutos que Zeus avait rendu aveugle afin qu'il distribue aveuglément la richesse, aux pauvres comme aux riches. Le père des richesses était Pluton: il était le garant des bonnes récoltes. Le rôle des divinités dans l'hindouisme est également important. En effet, Lakshmî (ce qui signifie la Millionnaire personnifie le bonheur et l'abondance et, à l'époque Gupta (au Vè siècle apr. J.-C.), son visage fut inscrit sur les monnaies. De même, dans le taoïsme chinois, Tsaishen, divinité de la richesse, porte chance au commerce et éloigne la misère. [...]
[...] L'aumône permet également d'atténuer chez les riches les impulsions possessives. Le don ne conduit pas à la pauvreté, mais permet de fructifier l'argent, d'augmenter sa valeur. L'aumône fait ainsi la promotion d'un comportement mesuré par rapport à l'argent, mais reconnaît sa nécessité. Toutefois, l'aumône n'est pas réservée aux pauvres: elle permet aussi le financement et l'entretien des édifices religieux, etc. Si la Bible affirme plutôt mourir que mendier les mendiants ont pourtant été, pendant plusieurs siècles, nombreux à la porte des églises. [...]
[...] Les relations entre divinités et argent sont donc étroites. Celles-ci jouent en effet un rôle fondamental dans la superstition des croyants qui voient en elles un espoir de richesse. Ce sont elles que les croyants invoquent pour atteindre une certaine prospérité. A cela s'ajoute l'importance de certains personnages sacrés comme le Christ: en effet, celui-ci oriente les fidèles. Or il semble justifier la richesse en affirmant: faites-vous des amis avec le malhonnête Argent L'importance de l'aumône ou la reconnaissance de la nécessité de l'argent L'existence de divinités de la richesse illustre une certaine vision de l'argent: celui-ci semble faire le bonheur ou du moins y participe et il semblerait ne pas y avoir de béatitude sans prospérité. [...]
[...] Max Weber en avait conclu que le protestantisme favorisait sûrement le capitalisme, et de la même façon le capitalisme favorisait sûrement le protestantisme. Il en avait aussi déduit que cette corrélation était surement due au fait qu'on retrouvait dans le protestantisme beaucoup de valeurs favorables au Capitalisme comme l'individualisme (face à Dieu l'homme est responsable de ses actes), la prédestination (au sens où le protestant qui s'investissait dans la production et qui de ce fait devenait riche témoignait par sa réussite économique d'une prédestination divine), le travail (dans le protestantisme, c'est une activité voulue par Dieu, car c'est le seul moyen légitime de s'enrichir) ou encore l'épargne (valorisée chez les protestants). [...]
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