Occident terrorisme confrontation contacts Islam religion culture
Avec l'éclatement du monde bipolaire, les relations internationales sont entrées dans une dynamique de fragmentation, dont la plus radicale théorie est celle du «Clash of civilisations » de 1996 par Samuel Huntington qui annonce la séparation géopolitique du monde en huit blocs culturellement hermétiques. Si cette dernière, dans un monde qui tend à se globaliser, peut sembler excessive dans son idée d'absence totale de porosité entre les cultures, elle révèle néanmoins un malaise prégnant, mis à jour par la décentralisation mondiale post Guerre Froide. Ainsi, l'essor des stigmatisations et des amalgames traduisent une certaine incompréhension entre les différentes cultures. On observe ainsi, dans les relations entre Islam et Occident, d'une part une diabolisation de l'Occident par des théories simplistes de l'idéologie islamiste et d'autre part de nombreux préjugés occidentaux sur l'islam. Ainsi, la confusion occidentale entre l'Islam - islâm issu de salâm et voulant dire « paix » - qui est la religion, voire la civilisation musulmane et l'Islamisme, qui est une doctrine politique radicalisée depuis le XXe siècle et prônant l'application de la Charia comme unique source du Droit, traduit cette incapacité récurrente à comprendre l'Autre. Si l'on veut exprimer les caractéristiques des relations entre Islam et Occident, il convient tout d'abord de noter que le premier peut être considéré sous deux angles d'approche. En effet, si l'islam est avant tout une religion, il peut également être abordé comme l'ensemble des caractéristiques de la civilisation musulmane. Néanmoins, cette deuxième approche implique un risque d'accroître l'idée fausse mais très répandue que tout individu en provenance d'un pays musulman est lui-même pratiquant, ce qui revient alors à confondre religion d'Etat et convictions personnelles. Si l'on considère ici la première définition de l'islam, il convient alors de noter que la comparaison entre Islam et Occident n'est d'essence pas équilibrée car elle met en confrontation une religion d'une part, et une civilisation d'autre part. La première erreur est de considérer l'Islam et l'Occident comme des ensembles monolithiques et immuables, sans considérer les tensions culturelles internes aux pays et aux différentes interprétations religieuses qui les caractérisent. D'ailleurs Philippe Moreau-Defarges refuse l'idée d'une culture pérenne et unilatérale et précise que « les cultures, les civilisations n'ont jamais été des blocs isolés (...) au contraire, ce sont des noeuds de valeurs ». En outre, l'exacerbation des particularismes, parallèlement à une tendance généralisée à la mondialisation, incarne un dénominateur commun aux deux entités qui ne permet ainsi pas de les opposer radicalement.
Néanmoins, l'avènement du jihÄd - guerre sainte islamiste contre le « Satan » occidental - et la menace terroriste occidentale post 11 septembre 2001 démontrent la nécessité de clarifier les relations entre un islam désireux de se faire entendre sur la scène internationale et un Occident majoritairement chrétien ou sécularisé. Pour Marcel Gauchet, le christianisme est la « religion de la sortie de la religion », permettant la sécularisation de la société. Ainsi, si les croyances personnelles perdurent, la religion ne structure presque plus la société et n'est progressivement plus source de légitimité. Il affirme également dans La religion dans la démocratie que « autour des années 1970, nous avons été soustraits sans nous en rendre compte à la force d'attraction qui continuait à nous tenir dans l'orbite du divin ». Bien que cette idée soit contestable en dehors du cas français, il est vrai que la tendance occidentale est à l'éloignement de l'Eglise et de l'Etat, ce qui n'est a priori pas le cas des pays musulmans. En revanche, les stigmatisations et les exacerbations participent de l'accroissement de la xénophobie et des volontés hégémoniques des deux parts.
Ainsi, dans ce contexte d'essor de la crainte du terrorisme et face à une tendance à l'absolutisation des antagonismes de deux blocs non immuables, comment se traduisent réellement les relations entre Islam et Occident ? A l'heure où cette croissance de la menace terroriste mène à des confusions et des replis identitaires dangereux, il semble en effet pertinent de se demander si l'on va vers une véritable confrontation.
[...] La peur de l'expansion islamique, moteur du rejet occidental Il convient de rappeler que l'islam avait adopté, dès ses premiers âges, une dynamique expansionniste. Dans L'expansion musulmane, Robert Mantran décrit l'islam à ses débuts comme « une formidable force qui a montré sa puissance conquérante, mais aussi ses aptitudes à dominer les préoccupations économiques et à développer une civilisation nouvelle et brillante, bref une expansion ». L'étude de Cynthia Fleury en 2004 sur « La stratégie intellectuelle d'expansion islamique du VIIIe au XIIIe siècle » évoque également l'idée d'une « dynamique d'expansion » prégnante dans la culture musulmane et pose ainsi les enjeux majeurs de la question des futures relations entre Islam et Europe occidentale, de plus en plus peuplée par une population musulmane. [...]
[...] Ainsi, si les croyances personnelles perdurent, la religion ne structure presque plus la société et n'est progressivement plus source de légitimité. Il affirme également dans La religion dans la démocratie que « autour des années 1970, nous avons été soustraits sans nous en rendre compte à la force d'attraction qui continuait à nous tenir dans l'orbite du divin ». Bien que cette idée soit contestable en dehors du cas français, il est vrai que la tendance occidentale est à l'éloignement de l'Eglise et de l'Etat, ce qui n'est a priori pas le cas des pays musulmans. [...]
[...] Le premier enjeu démocratique est alors de faire accepter les légiférations aux sujets concernés et à l'opinion publique. Pour Hegel, le principe du monde moderne réside en l'acceptation par les individus des règles qui doivent pour cela leur sembler justifiées et légitimes. La critique qui peut alors être ici faite est la médiatisation excessive de tels sujets qui, par l'accumulation d'amalgames, d'exacerbations et de propos simplistes, participent d'une part de la représentation négative de l'islam et de sa perception comme une menace par les occidentaux et d'autre part d'une volonté de repli identitaire ou de rejet violent de la société occidentale par les ressortissants de pays islamiques. [...]
[...] Marx s'intéressera d'ailleurs particulièrement à cette critique et lui conférera un véritable ancrage historique. Pour lui, la puissance de Dieu n'est que l'inversion du reflet de l'impuissance de l'Homme, assujetti par la Nature ou par la Société. Il affirme d'ailleurs que « la religion c'est l'opium du peuple », dans le sens où le peuple s'administrerait lui-même cette drogue pour supporter inefficacement sa misère. Ainsi, lorsqu'il doit faire face au multiculturalisme induit de la massification de l'immigration, l'Occident déjà majoritairement sécularisé, libéralisé et démocratisé subit une tension entre l'application des principes démocratiques prônant une liberté et une égalité de tous et le refus, au nom de ces derniers, de certaines pratiques culturelles ou religieuses inacceptables. [...]
[...] Ainsi, la numérotation, la trigonométrie, l'algèbre, les tables astronomiques, ou encore certaines connaissances en médecine et en chirurgie, à l'instar de l'opération de la cataracte, sont des savoirs proprement issus de l'islam en tant que civilisation musulmane, complétant l'héritage antique et dont l'usage est encore d'actualité. En outre, l'échange entre l'Islam et l'Occident ne s'arrête pas aux seuls savoirs scientifiques. Il existe également une certaine imprégnation entre la religion musulmane et la religion chrétienne au XIe siècle: la Bible se substitue au Coran dans les récits de la Création et des origines du monde. Elle est, selon Gabriel Martinez Gros, « le premier livre d'histoire islamique, la source fondamentale sur tout ce qui a précédé le temps de la révélation de Mahomet ». [...]
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