La question de la religion en Relations internationales est en réalité loin d'être neuve, mais c'est par vagues successives qu'elle semble s'être imposée récemment, au fil d'une actualité médiatique souvent focalisée sur l'Islam, auquel de nombreux manuels la réduisent. Longtemps occultée par la Guerre froide, la problématique religieuse semble avoir fait irruption avec la révolution islamique iranienne de 1979 qui a porté au pouvoir l'Ayatollah Khomeyni. Elle ne se résume pas, pourtant, à cet aspect, mais se nourrit au contraire de multiples évènements liés à des religions différentes : les voyages médiatisés du Pape Jean-Paul II, la progression des sectes protestantes en Amérique latine, la destruction de la mosquée Babur à Ayodhya (Inde) par des fondamentalistes hindouistes en 1992, l'assassinat du premier ministre Itzaak Rabin par un extrémiste juif en 1995, les progrès en Occident de l' « Eglise » de Scientologie ou ceux, en Chine notamment, du mouvement Falun Gong, en témoignent.
Ces derniers exemples nous montrent surtout la complexité de l'analyse de la question religieuse, qui met en scène à la fois des acteurs structurés en Eglises parfaitement identifiables (Vatican), d'autres structurés en mouvements plus lâches qui agissent en réseaux, d'autres enfin, d'allure sectaire, dont l'influence se mesure essentiellement au nombre des fidèles mobilisables, ou à leur puissance financière.
Il est donc opportun de dissocier d'une part le discours sur le religieux, souvent manichéen et réducteur (I), et d'autre part sa réalité sociale, qui s'attache à mesurer le pouvoir réel des acteurs qui l'animent (II).
[...] Le discours du Vatican sur la société en Europe de l'Est, celui de divers mouvements musulmans sur la guerre du Golfe ou sur le Kosovo, celui de mouvements bouddhistes sur le Tibet, semblent plus mobilisateurs, à certains moments donnés, que le discours proposés par les Etats sur les mêmes thèmes. Il se crée alors une nouvelle grammaire religieuse des relations internationales qui, aux yeux de nombreux individus, fait davantage sens que les appels étatiques à l'allégeance citoyenne ou à la responsabilité diplomatique. Bibliographie Badie Bertrand : Les deux Etats. Pouvoir et société en Occident et en terre d'Islam. [...]
[...] On voit alors se dessiner une fracture entre la communauté des Etats et les églises en réseaux laquelle se solde par une répression à l'échelle nationale (la Syrie en 1982 ou Oman en 1994 contre les mobilisations musulmanes), mais aussi et de plus en plus à l'échelle régionale : ainsi la rencontre de l'Union du Maghreb arabe (UMA) en 1989, avec la volonté d'afficher par les gouvernements représentés de lutter ensemble contre les partis islamistes. La place du sacré dans les relations internationales Le pouvoir des acteurs religieux provient moins d'une improbable Internationale religieuse contre les Etats, que de leur capacité de substituer au discours de ces derniers une véritable grille de lecture, religieuse et nouvelle, du monde. Plusieurs militent contre l'existence d'une Internationale religieuse structurée, et constituée contre l'autorité des Etats. [...]
[...] En premier lieu, il n'existe pas d'institution, d'organisation puissante et centralisée, coordonnée, rassemblant tous les mouvements religieux. On constate plutôt l'existence de réseaux transnationaux lâches. Les grandes villes saintes (Bénarès, La Mecque ne sont pas les sièges de puissantes organisations. Les religions les plus structurées, elles-mêmes, ont tendance à se diluer en un régime dérégulé de mouvements communautaires transnationaux (comme l'église catholique, qui tente de gérer ces mouvements- à l'image de l'Opus Dei- dans leur pluralisme croissant). Plus encore, on constate une véritable concurrence entre ces mouvements religieux, entre les centres producteurs cde clerc (ainsi pour l'Islam, Al Azhar en Egypte, la Zitouna en Tunisie ou la Qarawiyyine de Fès), et même entre des régimes politiques religieux arrivés à la tête des Etats (entre l'Iran et l'Arabie saoudite par exemple). [...]
[...] Fayard 1997 Badie, Bertrand : La fin des territoires. Fayard 1995. Balta, Paul : Méditerranée. Défis et enjeu. L'harmattan, Paris Braudel, Fernand : La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II. Armand Colin Duroselle, Jean-Baptiste : Histoire diplomatique de 1919 à nos jours. Dalloz Guillaume, Gilbert : Les grandes crises internationales et le droit. [...]
[...] Les relations entre les acteurs religieux et l'Etat On trouve, dans les relations internationales contemporaines, de nombreux indices de coopérations entre des acteurs religieux et des Etats. Cette coopération peut être de nature éminemment politique. Plusieurs Etats ont utilisé l'islamisme dans les années 1960 à 1980 contre les mouvements marxistes (comme en Egypte), contre des rivaux étrangers (la Jordanie contre Nasser puis contre Afez al-Assad) ou pour déstabiliser une autorité politique (Israël encourageant le Hamas contre l'OLP de Yasser Arafat). [...]
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