En fait, il convient de bien appréhender les diverses facettes de la représentation du juif pour mieux caractériser cette étrangeté. Pour les sionistes, cette représentation est celle d'un peuple ? donc « Juifs » avec un « J » majuscule ? et pas seulement celle d'une religion ou d'une communauté cultuelle et/ou spirituelle- donc « juifs » avec un « j » minuscule. Cette ambivalence du judaïsme met en évidence ses deux dimensions spécifiques tout à la fois distinctes et consubstantielles cultuelle/spirituelle et nationale/populaire. Etre juif, c'est appartenir à la religion juive mais c'est aussi faire partie d'un peuple, d'une nation ...
[...] La Bible assigne ainsi au peuple juif un rôle d'exemple, une vocation messianique : Voyez, je vous ai enseigné des lois et des statuts, selon ce que m'a ordonné l'Eternel, mon Dieu afin que vous vous y conformiez dans le pays où vous allez entrer pour le posséder. Observez les et pratiquez-les ! Ce sera là votre sagesse et votre intelligence aux yeux des peuples, car lorsqu'ils auront connaissance de toutes ces lois, ils diront : Elle ne peut être que sage et intelligente, cette grande nation ! [...]
[...] On aboutit à des cas de haine de soi, de haine du juif en soi. Alors qu'on ne se sent plus juif, la société me renvoie cette image du juif : la tentation de devenir étranger à soi se retourne contre soi. C'est exactement la pathologie dont souffre le héros du roman de Jacques de Lacretelle, Silbermann, jeune juif français de la fin du XIXe siècle.[12] Mais cet enthousiasme et aussi cette hésitation dans l'assimilation à une patrie sont souvent coupés court par les circonstances, et l'antisémitisme virulent et renaissant dès la seconde moitié du XIXe siècle en Europe font du courant sionisme un horizon plus pragmatique que religieux. [...]
[...] En effet, l'identité juive est précisément définie comme séparée des autres nations. Ne plus être étranger aux autres nations conduirait en fait à être étranger à soi-même, à se détacher de son judaïsme en refusant ses particularités. D'ailleurs, en Hébreu, le mot goï signifie à la fois peuple et non-juif. Le peuple juif est ainsi un Goï comme tous les autres peuples. Mais il n'est pas que cela car sinon il deviendrait non-juif puisqu'il ne serait plus distinct des autres peuples. [...]
[...] Elle est celle d'un Israël dont l'élection a valeur de responsabilité illimitée. C'est pourquoi Levinas est conduit à se demander si les juifs sont encore capables de messianisme. Comment peut-on se réclamer des prophètes et participer simultanément à la vie du monde ambiant ? En outre, du messianisme comme conséquence d'une persécution au mouvement messianique-nationaliste expansionniste du Gush Emunim qui se mobilise pour la colonisation du "Grand Israël", quelle forme d'universalisme doit-on choisir ? Au discours politique et religieux s'oppose une vision plus pragmatique voulant qu'Israël se soit enfermé dans un particularisme inéluctable pour toute nation. [...]
[...] AMAR Guillaume AZOULAY Fabien CHICHE Marianne DERHY Olivia ZANA Alexandra L'Etat d'Israël : un remède à l'étrangeté du Juif ? Séminaire de pensée contemporaine Formation fondamentale HEC 2005/2006 Introduction Le rapport du judaïsme à l'étrangeté ne semble faire aucun doute : le juif, c'est l'étranger. Lors de sa conférence du 19 octobre 2005 à l'école HEC portant sur l'étranger dans la pensée juive, Jean-Christophe Attias a rappelé qu'être juif, c'est précisément être étranger car c'est appartenir à un peuple élu par Dieu pour se distinguer des autres peuples. [...]
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