L'étymologie latine du mot violence, vis, souligne sa racine commune avec le pouvoir et la force. Néanmoins, la philosophie conceptualise la violence comme l'opposé, l'antithèse du pouvoir, tout en soulignant les différences majeures qu'elle entretient avec la force. La violence, contrairement au pouvoir et à la force, ne peut fonder quoi que ce soit, ne pérennise pas, s'inscrit dans le court terme, rompt l'ordre des choses sans le rétablir. De même, son caractère éruptif, irrationnel et imprévisible permet d'affirmer qu'elle est l'enfant légitime des passions, des désirs, des déchainements des sentiments.
Par nature, l'homme est un être de passion, est prédisposé aux passions, donc à la violence, mais aussi à la raison. Le travail de la raison sur la passion, la « passion de la raison » (Descartes, 1647) permet le refrènement des passions. L'affiliation d'une personne à une tradition religieuse permet-elle alors d'affirmer une différence notable dans cette prédisposition à la violence, aux passions, par rapport aux personnes non-religieuses ? La religion ajoute-t-elle un aspect, un filtre à la violence, la dompte-t-elle ou l'exacerbe-t-elle ? Comment la religion agit-elle sur la prédisposition naturelle de tout homme à la violence ?
[...] Bibliographie R. Descartes, Le Traité des passions Appleby, R. Scott. The Ambivalence of the sacred: Religion, Violence and Reconciliation. (New York: Rowman and Littlefield Publishers, 2000) pp. 29-33; 40-41; 57-80; 121-143. Kant, Critique de la raison pure Timmons, Mark. Moral theory. New York: Rowman and Littlefield chap Juergensmeyer, Mark. ‘Sacrifice and Cosmic war', Violence and the Sacred in the Modern world. (London, UK: Frank Cass and Co. [...]
[...] Un jugement moral dépend du contexte, ici le contexte religieux : le jugement moral naît dans le système moral construit par la religion. Ainsi, une personne religieuse pourra juger que tuer quelqu'un est meilleur pour le salut de cette personne, qu'elle le sauve, comme le cas de la chasse aux sorcières en Europe durant le Moyen-âge. Pourquoi les redéfinitions faites dans le cadre religieux provoquent- elles souvent la violence ? Cela pourrait être le contraire. Le sacré est en lui-même un terme ambivalent, Otto (in Appleby, 2000) le qualifie comme mysterium tremendum et fascinans le sacré fascine et terrifie en même temps. [...]
[...] Le terme de redéfinition est donc central. Mais qu'elle en est son origine ? Comment cette redéfinition peut-elle avoir lieu, quels en sont les éléments déclencheurs ? Toute religion présente certaines contradictions, certaines ambiguïtés qui permet la création de ce que je nommerai un espace interstitiel un entre-deux dans lequel tout est possible, un état de non-droit. De là naît la nécessité de reconstruire un système non-contradictoire, par un processus de redéfinition. Selon la théorie du pluralisme moral de Ross, la résolution des conflits entre devoirs prima facie ne peut que se résoudre par une comparaison, comparaison qui ne suit aucune règle générale. [...]
[...] Redéfinition, religion et justification de la violence L'étymologie latine du mot violence, vis, souligne sa racine commune avec le pouvoir et la force. Néanmoins, la philosophie conceptualise la violence comme l'opposé, l'antithèse du pouvoir, tout en soulignant les différences majeures qu'elle entretient avec la force. La violence, contrairement au pouvoir et à la force, ne peut fonder quoi que ce soit, ne pérennise pas, s'inscrit dans le court terme, rompt l'ordre des choses sans le rétablir. De même, son caractère éruptif, irrationnel et imprévisible permet d'affirmer qu'elle est l'enfant légitime des passions, des désirs, des déchaînements des sentiments. [...]
[...] La phase de redéfinition est particulièrement intéressante. Par ce processus, la catégorie déontique du ‘mauvais' devient le Mal De même, l'autre peut devenir alter, et non plus alter ego, et ainsi perdre sa qualité d'humain qui appelait le devoir moral de respect envers son semblable. Dans certains cas extrêmes, l'instrumentalisation de cette redéfinition de l'autre peut dicter un devoir de violence contre celui qui n'est plus considéré comme un être humain, comme l'exemple des fondamentalismes le démontre. La religion permet ainsi de transcender des éléments de la réalité en les redéfinissant et les re-catégorisant. [...]
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