La rencontre de diverses interprétations de notre formule de profession, m'a conduite à faire quelques recherches pour essayer de trouver quelles pouvaient être les causes de divergence et la valeur des documents qui ont servi de base.
Les moines, du IVe au XIIIe siècles, faisant une lecture spirituelle de la Bible, ont lu comme étant prononcé pour eux, l'appel de Jésus aux apôtres : « suis-moi ». L'épisode de l'homme riche confirme d'ailleurs que cet appel avait été adressé à d'autres qu'aux seuls apôtres.
En répondant à cet appel, le moine se trouve donc au milieu de ceux qui l'ont précédé dans cette suite du Christ, en « compagnie des apôtres » comme dit saint Ber-nard, dans le collège des apôtres. La profession ratifie sa réponse à l'appel, comme la réponse de saint-pierre au Seigneur : « Voici que nous avons tout abandonné et que nous t'avons suivi » (Mt., 19, 27), ratifiait en quelque sorte son geste initial au bord de la mer de Galilée. Les anciens considéraient d'ailleurs cette phrase comme la profession apostolique.
La profession est donc un élément de la vie apostolique et par elle nous entrons dans cette vie apostolique. Elle nous engage à mener le genre de vie qui était celui des apôtres. Leur manière de vivre autour du Seigneur nous est connue par les évangiles, mais aussi par les Actes des Apôtres. Ceux-ci nous rapportent en effet le mode de vie recommandé par les apôtres à la première communauté de Jérusalem dans la droite ligne de ce qu'eux-mêmes ont vécu pendant leurs trois ans de vie commune avec le Seigneur.
[...] (Lettre du 8 mai 1988). C'est bien ce qui est encore exprimé dans les formules actuelles de profession, tant des frères que des moniales (la formule des moniales est mal traduite dans la traduction officielle) : N.B. Il faut percevoir le double sens du mot obéissance dans nos constitutions pour bien comprendre le sens des divers emplois du mot profession Nous ne faisons pas un seul vœu d'obéissance. Or on parle dans nos constitutions de profession d'obéissance : LCM 6 ; 152, 2. [...]
[...] En effet lorsque vous faites profession, vous vous obligez à obéir désormais jusqu'à la mort[9] Trois vœux La fin du XIVe siècle et le début du XVe vont marquer un tournant. Désormais on ne comprend plus, dans l'Ordre, la perspective primitive qui plongeait ses racines dans la période patristique. C'est l'époque moderne qui commence à apparaître, avec un accent mis sur l'individu. On met au premier plan, dans la vie religieuse, la relation personnelle à Dieu, avec la triade pauvreté, chasteté, obéissance. [...]
[...] Le troisième est le bien de l'âme. On l'offre totalement à Dieu par l'obéissance, grâce à laquelle on offre à Dieu sa volonté propre par laquelle l'homme est maître de toutes les puissances et habitus de son âme. C'est donc très justement que l'on fait consister l'état religieux dans ces trois vœux [ Par l'obéissance on offre à Dieu sa volonté, dont relèvent toutes les réalités humaines, mais plus spécialement les actions humaines, dont elle est seule maîtresse, car les passions relèvent en outre de l'appétit sensible. [...]
[...] Comment entendre cette expression ? Il y a une amphibologie dans l'emploi du mot obéissance à propos de nos constitutions L'obéissance du vœu d'obéissance. Elle se rapporte à notre vie commune et est la vertu qui nous permet d'obéir au précepte du supérieur en vue du bien commun. C'est une forme de justice L'obéissance improprement dite, qui est en réalité l'acquiescement d'amour que signifie notre profession. Cet acte, cet engagement d'amour est un acte personnel d'amour théologal (Foi, espérance et charité) antérieur à toute justice, à toute vie commune. [...]
[...] Magistri Ordinis Fratrum Praedicatorum et successorum ejus; secundum [etc.] C'est la reprise du Textus des constitutions des sœurs, qui date d'Humbert de Romans. Les constitutions Gillet, en 1930, rompent avec la tradition législative de l'Ordre et élaborent un livre des constitutions calqué sur le CIC. Le lien des moniales avec l'Ordre, déjà distendu, se relâche encore, la prieure devient supérieure majeure ; elle ne représente plus le Maître de l'Ordre. Augustin, De bono conj ; En. in Ps s Cf. A.-H. THOMAS, La profession religieuse des dominicains, formule, cérémonies, histoire dans les Archivum Fratrum Praedicatorum p. 17-18. [...]
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