Initialement, le terme « usure » désigne l'intérêt obtenu grâce à l'argent prêté. D'un point de vue financier, le taux d'intérêt pratiqué est abusif lorsqu'on parle d'usure, dans la mesure où il provient d'un capital prêté ou d'une marchandise vendue à crédit à un taux supérieur à celui fixé par la coutume ou la loi. L'usure désigne également cette pratique qui consiste à prêter de l'argent à un taux d'intérêt abusif. Les différentes religions telles que le judaïsme, le catholicisme, l'orthodoxie ou encore le protestantisme ont longtemps condamné ce recours à l'usure. Cependant, ces religions ont su évoluer et s'adapter aux réalités socio-économiques, à la différence de l'islam, par exemple, pour laquelle l'interdit de l'usure est maintenu puisqu'il constitue un fondement capital de la religion islamique. Au regard de notre société actuelle et du problème d'adaptation que rencontre l'islam face aux réalités sociales et économiques, il semble évident que la pratique de l'usure est devenue inévitable pour maintenir un certain équilibre économique. En effet, le prêt à intérêt est désormais devenu une pratique courante au sein de la plupart des sociétés, c'est pourquoi nous pouvons nous demander comment le principe d'usure a évolué dans un contexte religieux et économique en mutation.
[...] Le prophète Mohammed confirme cette interdiction : "Dieu a maudit celui qui se nourrit d'usure, celui qui l'offre, celui qui en témoigne et celui qui en établit le contrat." Le Coran n'autorise pas le bénéfice et donc, par conséquent, le prêt à intérêt Le prêt altruiste : protestantisme, et exception musulmane Pour le protestantisme, le bien matériel est considéré comme accomplissement humain. Avec la Réforme protestante, on assiste à l'autorisation de la pratique de l'usure par Calvin au 16éme siècle. Les protestants peuvent désormais au même titre que les juifs pratiquer l'usure. La tradition protestante veut que chacun serve son prochain. Ainsi il est interdit de pratiquer l'usure envers une personne nécessiteuse. En effet, le prêt gratuit voire l'aumône est encouragé envers des personnes démunies. [...]
[...] Une religion ne peut plus à elle seule contrôler les actes des individus qui craignent autant la loi publique -impliquant des amendes voire de la prison- que la loi divine. De plus les religions n'ont plus le monopole de la morale ou de l'éthique. Après de nombreux scandales financiers mettant en scène l'âpreté au gain, la question de la rémunération du capital est posée en termes de pratiques économiques, d'enjeux politiques mais aussi de fondements moraux. Partie 3 : L'usure dans le contexte économique actuel 1. [...]
[...] Il recherche les meilleurs taux d'intérêt sans se soucier de l'usage que la banque fait de son argent. Dans ce contexte de financiarisation de l'économie, la question de la légitimité de la rémunération du capital, du prêt à intérêt et la position des différentes religions à ce propos resurgit et devient centrale. Nous venons de le voir, la religion a dû évoluer en prenant en compte le fait que la représentation du monde est aujourd'hui économique. Ainsi de nombreuses religions ont aujourd'hui accepté la distinction entre l'intérêt qui est toléré et l'usure qui reste proscrite en tant que taux d'intérêt abusif. [...]
[...] Certaines religions reconnaissent même la nécessité pour l'Etat de légiférer, autrement dit de contrôler les pratiques. Ainsi Luther dans Du commerce et de l'usure rappelle l'importance d'un bon gouvernement et d'un bon prince afin que l'extorsion ne soit jamais tolérée Ainsi, l'Etat s'est depuis longtemps octroyé le droit de réglementer les pratiques financières. En France par exemple, dans le but de protéger les particuliers et, également, les entreprises, le législateur (Article L 313-3 du Code Monétaire et Financier) a défini un taux d'usure pouvant s'appliquer à un certain nombre d'opérations de prêt. [...]
[...] Après avoir mis en évidence les différents concepts de l'usure pour les religions, nous déterminerons quels ont été les facteurs d'évolution des pratiques d'usure pour enfin démontrer dans quelle mesure l'économie a pris le pas sur les principes religieux. Partie 1 : Le principe de l'usure dans les textes religieux 1. Une tradition contre l'usure Tout d'abord, l'usure est proscrite dans les Ecrits catholiques. Si tu prêtes de l'argent à mon peuple, au pauvre qui est avec toi ( ) tu n'exigeras de lui point d'intérêt ( ) dit l'Ancien Testament. [...]
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