En effet, au début du haut Moyen Age, le fait religieux n'est pas vu comme une « idéologie » concurrente à la politique royale des Mérovingiens. La politique n'a pas encore une vision universaliste, sa principale fonction étant de mener les guerres et de répartir le butin accumulé. De plus, la religion du souverain reste personnelle, le territoire de la Gaule n'étant pas déterminé géographiquement et les religions la composant étant diverses. Ce n'est qu'à partir de la prise du pouvoir par les Carolingiens et l'unification de la Gaule que la religion va tenir une place substantielle dans le pouvoir impérial. En effet, celle-ci est vue par les souverains carolingiens comme une « rivale » à leur pouvoir car, tout comme la politique qui veut créer un lien entre le peuple et l'autorité publique, la religion crée un lien entre les fidèles et l'au-delà. Ces deux conceptions ambivalentes créent alors un conflit idéologique. Cette rivalité n'aura pas lieu en pratique puisqu'une alliance va se créer entre le politique et le religieux, se concrétisant par le rite du sacre...
[...] Cette distinction basée sur la définition de l'idéologie montre que tant que les deux systèmes de pensées n'entrent pas en concurrence, c'est à dire qu'ils deviennent tous les deux une idéologie au sens de la définition énoncée plus haut, alors religion et politique peuvent vivre séparément l'une de l'autre et se développer indépendamment. C'est le cas au début du haut Moyen Age en Gaule. Il serait cependant faux de prétendre que religion et politique s'ignorent complètement. En effet, à partir du règne de Clovis et plus précisément du concile d'Orléans en 511, le pouvoir royal contrôle la nomination des évêques. [...]
[...] Deux faits indépendants Si l'on considère l'idéologie comme étant un système plus ou moins cohérent d'images, de représentations globales, d'idées ayant pour fin de régler au sein d'une collectivité les relations qu'entretiennent les individus entre eux, avec les hommes étrangers, avec la nature et le symbolique, alors on ne peut pas tout à fait considérer que la religion et la politique sont deux idéologies concurrentes au début du haut Moyen Age. D'après la définition précédente, la religion constitue bien une idéologie universaliste. Elle rythme la vie tout entière des croyants. [...]
[...] La prise en compte de la religion dans le pouvoir politique est également due à la nouvelle conception du pouvoir des Carolingiens. En effet, les clercs qui entourent Pépin Le Bref pensent que le pouvoir politique doit être dévolu à une seule tête, de façon à ce que le royaume connaisse la même organisation hiérarchique que celle de l'Église. Ils ont aussi une conception du pouvoir royal différente de celle qui prévalait chez les Mérovingiens. Le pouvoir est moins magique que sacré : il vient de Dieu. [...]
[...] Elle est en cours, notamment par l'action des évêques et des moines, mais elle est loin d'être achevée. Si l'on perçoit la politique comme s'ajustant sur les pratiques du peuple, alors l'on comprend mieux que la religion n'occupe qu'une place personnelle aux yeux des souverains. En effet, le baptême de Clovis, qui a longtemps été perçu comme une volonté d'imposer le catholicisme au peuple de la Gaule, apparaît aujourd'hui comme une démarche avant tout personnelle, d'autant plus que la religion catholique reste très minoritaire comparativement à l'arianisme. [...]
[...] La place de la religion dans le pouvoir royal et impérial en Gaule (Ve IXe siècle) Le haut Moyen Age est une période cruciale dans la définition des rapports entre la religion et le pouvoir royal et impérial en Gaule. En effet, ce n'est qu'à partir de cette époque que la religion commence à tenir une place importante aux yeux des souverains de Gaule. L'étymologie du mot religion, même si elle n'est pas avérée avec certitude, s'avère intéressante dans la compréhension des rapports entre politique et le religieux. [...]
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