Dans les médias et le discours public, on retrouve souvent l'idée de la Tchétchénie comme étant une terre de djihad, sur laquelle se jouerait en partie la guerre mondiale contre le terrorisme islamique.
Il s'agit d'être prudent avec les faits : l'accès aux informations venant de Tchétchénie ne permet pas de rendre compte précisément de l'avancée d'une mouvance islamique tchétchène ou de l'émergence d'un mouvement unifié. On devra donc souvent se baser sur des estimations, l'observation de phénomènes non quantifiables.
Pour autant, la place traditionnelle de l'Islam dans la société tchétchène, ainsi que les conditions de radicalisation crées par la guerre ont mené à l'émergence d'un mouvement islamique radical. Il s'agit ensuite de connaître son influence réelle ou supposée au sein de la société tchétchène, et son impact sur le déroulement du conflit.
[...] La guerre comme accélérateur : radicalisation et influences internationales 1. La guerre accélère le processus de radicalisation En 1994, on constate l'arrivée de groupes djihadistes sur le territoire tchétchène, dont certains sont des vétérans afghans. Ces combattants étrangers ne sont pas forcément bien accueillis par leurs frères tchétchènes, qui perçoivent leur lutte avant tout comme une lutte de libération nationale. À cette époque, Bassaev fait alliance avec Khattab, un vétéran de l'Afghanistan, alliance qui n'est pas très bien perçue. Mais elle permet à Bassaev de gagner en légitimité djihadiste internationale, et donc d'espérer des financements de pays arabes, et à Khattab de faire accepter ses hommes sur le terrain aux côtés des Tchétchènes. [...]
[...] De plus, les liens supposés de la résistance tchétchène avec le djihad international ne seraient pas si étroits qu'ils le prétendent. Le rapport de la résistance avec le djihad afghan est largement exagéré et surestimé, à la fois par les leaders de la résistance et par le pouvoir russe, qui y trouvent tous les deux leur intérêt. La Tchétchénie ne semble pas être une place très attractive du djihad international. Ce n'est pas une priorité pour les leaders du djihad. [...]
[...] Discours de l'Occident Après le 11 Septembre, le discours de la communauté internationale a changé. Le lien avec le terrorisme islamique, fait par Poutine mais d'une certaine manière revendiqué par les combattants tchétchènes, donne a posteriori un sens à ce conflit. L'Occident (par les déclarations politiques, la presse) fait une relecture a posteriori du conflit tchétchène selon une grille de lecture islamiste. Conclusion L'islamisme n'est qu'une relecture de la lutte nationale en termes religieux. D'ailleurs, si le discours est religieux, le langage de l'Islam est finalement assez peu utilisé, ce qui peut s'expliquer par le fait que peu de Tchétchènes parlent l'arabe. [...]
[...] Ces bandits ont été injustement appelés islamistes. Ils se battent contre des musulmans au Daghestan Les terroristes n'ont ni nationalité ni foi. Ils n'ont pas de Dieu ou d'Allah. Ce sont des dégénérés et des meurtriers. Après le 11 Septembre, Poutine fera le lien avec Al Qaïda. Les combattants tchétchènes ne sont plus alors que de terroristes ce qui permet au pouvoir russe de s'inscrire dans le cadre de la lutte contre le terrorisme international, et de faire taire les critiques occidentales. [...]
[...] La place de l'Islam dans la résistance et dans les logiques internationales : l'exemple de la Tchétchénie Dans les médias et le discours public, on retrouve souvent l'idée de la Tchétchénie comme étant une terre de djihad, sur laquelle se jouerait en partie la guerre mondiale contre le terrorisme islamique. Il s'agit d'être prudent avec les faits : l'accès aux informations venant de Tchétchénie ne permet pas de rendre compte précisément de l'avancée d'une mouvance islamique tchétchène ou de l'émergence d'un mouvement unifié. [...]
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