Parler d'observance n'éveille guère d'écho chez nos contemporains. Même les dictionnaires spécialisés ne savent plus dire de quoi il s'agit. On peut constater que dans les tables du Dictionnaire de Spiritualité, il n'y a pas d'article sous cet intitulé, mais des renvois à plusieurs autres : autrement dit « observance » n'est pas considéré comme un concept mais comme un catalogue ! De même le Dictionnaire italien des instituts de perfection contient un long article historique sur l'observance, considérée comme étiquette commune des mouvements de réforme au XVe et XVIe siècles.
C'est bien ce qu'évoque couramment le mot « observance » : des éléments de la vie religieuse qui font périodiquement l'objet d'un relâchement et que des courants réformateurs essaient de remettre en vigueur. Je me suis donc demandé ce que voulait dire « observance » et « observance-s » dans la tradition religieuse : on trouve en effet le terme au singulier et au pluriel. Peut-on donner à « observance » une connotation positive ? Étant dominicaine, j'ai pris un exemple dans la vie dominicaine, mais la tradition cistercienne, ou d'autres pourraient faire l'objet d'une étude similaire.
La fameuse querelle des observances qui opposa le P. Lacordaire et le P. Danzas — dominicains ayant participé activement à la restauration de l'Ordre des Prêcheurs en France au XIXe siècle — a quelque peu focalisé tout le champ de la recherche au niveau de l'observance dominicaine. Les écrits du P. Marie-Ambroise Potton, dominicain de la Province d'Occitanie, bras droit et successeur du P. Danzas, donnent pourtant un éclairage intéressant sur le sens de l'observance.
[...] Trop de modération dans les commencements est mauvais signe. Mais les commencements ne doivent pas durer toujours (26/02/64). Dans les constitutions de 1864, rien ne paraît de la réflexion du P. Potton sur un adoucissement de l'observance qui est pourtant omniprésente dans ses lettres. La raison en est simple : il ne fait pas œuvre de législateur : il transmet la législation de l'Ordre. Il faut attendre qu'un Chapitre général se prononce sur la question pour que les constitutions puissent être adaptées. [...]
[...] Lacordaire concernant l'impact que les courants observants ont pu avoir sur l'Ordre au cours des siècles. Les Congrégations observantes, écrit ce dernier, n'ont pu ramener l'Ordre entier dans les voies de l'Observance[8] Si l'enquête menée par Lacordaire est exhaustive, l'œuvre du P. Jandel devient encore plus remarquable : il a réussi, en utilisant uniquement les possibilités offertes par le droit dominicain, à faire sortir un juste milieu de la tension produite par deux extrêmes, le courant rigoriste et le courant relâché. [...]
[...] Vicaire, Constitutions primitives dans Saint Dominique. La vie apostolique, Cerf, Paris p B. Humberti de Romanis, Expositio Magistri Humberti super consstitutiones fratrum praedicatorum dans Opera de vita regulari, t. II, Romae p La lettre sur l'observance de la discipline régulière, et le commentaire de la Règle de saint Augustin ont été publiés dans : B. Humberti de Romanis, Opera de vita regulari, t. Romae Mauléon était un monastère où se vivait une observance intransigeante et abusive que réprouvait le P. [...]
[...] Le travail qu'il a entrepris pour la législation des moniales et sa participation au gouvernement du monastère de Mauléon lui ont donné l'occasion d'expliciter ce qu'il mettait sous le mot observance, au singulier et au pluriel. Appartenant à un courant restaurateur, il se réfère à l'origine de l'Ordre des Prêcheurs, donc au XIIIe siècle. Comme le laisse entendre le dictionnaire italien, observance serait lié à réforme. Il est donc important de chercher si l'observance a existé avant qu'il y ait eu besoin de réforme. Si oui, il sera possible d'apprécier dans quelle mesure les réformateurs ont bien compris cette dimension de la vie religieuse qu'ils essayaient de promouvoir. [...]
[...] Elles marquent même souvent un progrès. Contribution au bien commun de l'Ordre Le P. Potton avait une conception de l'observance assez proche de celle qui avait cours aux origines de l'Ordre : il insiste beaucoup sur sa dimension spirituelle, sa souplesse, son caractère évolutif. Il passa progressivement d'une position assez raide à une grande souplesse, sous une double influence : l'expérience et l'évolution de la législation de l'Ordre. Les exagérations de sa province en matière d'observances, dont il était un ardent partisan dans sa jeunesse, ont contribué au bien de tout l'Ordre, comme le P. [...]
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