En 1930, des fouilles entreprises par la France et l'Angleterre, à Qazfeh, près de Nazareth, en Israël, ont révélé une trentaine de sépultures de la même époque, datant d'il y a à peu près 100 000 ans. Des corps, pour la plupart, couchés sur le côté, jambes fléchies, couverts d'ocre. La position recroquevillée du fœtus laisse imaginer que la mort est conçue comme une nouvelle naissance, de plus la tête est en général dirigée vers l'est, c'est-à-dire la direction dans laquelle se lève le soleil.
Et dans deux d'entre elles, on a pu déduire les premiers signes de la pensée symbolique de l'être humain, avec des objets rituels : une mâchoire de sanglier, et un bois de cervidé. Ce qui signifie que le corps n'est pas abandonné à la mort de l'être humain. Déjà au Paléolithique, les sépultures renfermaient des objets : des silex taillés, de la nourriture ; comme si on imaginait une survie après la mort.
Les morts étaient également inhumés à l'écart des vivants, peut-être simplement pour marquer une frontière entre deux états, on ne peut réellement savoir si la mort était une source d'inquiétude, ou d'indifférence. Au Néolithique, un véritable culte des ancêtres, ou culte des crânes était rendu, on a retrouvé des traces de morts dans de grandes jarres conservées à l'intérieur des maisons et auxquelles ils offraient des libations. Il y a un respect des plus vieux auxquels ils doivent leurs conditions de vie actuelles, qui se continuera. C'est aussi à ce moment qu'apparaît l'image du sage, celui qui sait.
[...] Les grains résistaient toujours. Alors Dieu s'éloigna tellement loin qu'il finit par ne plus entendre les hommes qui finirent par l'oublier, pour ne plus s'adresser qu'aux esprits des ancêtres et ceux de la nature avec lesquels ils s'adressaient à lui. Cette spiritualité des peuples premiers étaye la thèse qui prévaut sur l'universalité de l'être humain et sa spécificité par rapport aux autres êtres vivants. Michel Perrin, ethnologue : Le chamanisme est l'un des grands systèmes imaginés par l'esprit humain, indépendamment, dans diverses régions du monde, pour donner sens aux événements et pour agir sur eux. [...]
[...] - Au XIXème siècle, on commença à s'intéresser de plus près à l'art rupestre. La thèse d'Edouard Lartet (1801-1871) de l'art pour l'art a été rapidement dénigrée par Salomon Reinach (1858-1932), puis par l'abbé Henri de Breuil (1877-1961) qui ont développé une théorie différente, celle de l'art magique. D'une part, l'art est l'ancêtre de l'écriture, et d'autre part la représentation de scènes représentant des animaux et des humains peut prendre un autre sens que décoratif : Selon Andreas Lommel qui élabora en 1967 la théorie chamanique, et Jean Clottes et David Lewis-William qui la développèrent en 1996, ces peintures ne représentent pas les animaux eux- mêmes, mais les esprits des animaux que les chamanes de la préhistoire invoquaient, avec lesquels ils communiquaient lors de transes rituelles. [...]
[...] Sur le plan religieux, les bouleversements vont de pair, donnant naissance à un embryon de religion constituée, qui a les grands traits des religions ultérieures, s'orchestrant autour d'une figure : celle des dieux. Ou plutôt des déesses, puisque Dieu est alors féminin. La communication entre le monde terrestre et ce monde supérieur est différente, ce n'est pas un échange d'intérêt comme avec les esprits. Les négociations devinrent les prières, les échanges des offrandes, voire des sacrifices ; mais également des espaces sacrés beaucoup plus grands et plus esthétiques. [...]
[...] Les premiers rituels cultuels se mettent alors en place, et du sentiment religieux apparaît une véritable religieux : l'ordre naturel est intériorisé et c'est l'action humaine à travers le rituel religieux qui est censé maintenir l'ordre du monde. C'est une façon de se prémunir contre ce monde naturel. Avec ce sentiment de supériorité de l'homme sur la nature, l'homme a aussi conscience de la supériorité de la divinité sur lui, c'est pour cette raison que les offrandes vont jusqu'aux sacrifices. Ex : un animal de son troupeau qu'il a nourri et élevé, sur lequel il a donné de sa sueur. [...]
[...] Le chamanisme est une religion de la nature, au sein de populations vivant en profonde symbiose avec celle-ci. Ces forces de la nature : naissances, tempêtes, retour du printemps, floraison des arbres, tremblements de terre sont des phénomènes extérieurs qui les dépassaient, et devant lesquels ils étaient démunis. Aujourd'hui, nous en connaissons les causes, pouvons même anticiper les effets grâce aux techniques de plus en plus approfondies. Ce dénuement scientifique ne leur permettait pas d'envisager d'autres explications que surnaturelles à leurs observations des phénomènes naturels. [...]
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