Une lecture attentive de tous les textes officiels de l'Église sur la vie consacrée parus depuis le Concile Vatican II, invite à s'interroger sur la mystique de l'obéissance qui y est proposée. Il est question d'obéissance-soumission, d'obéissance-renoncement, dans la majorité des textes.
Un seul fait exception : l'exhortation apostolique de Paul VI, Evangelica testificatio. L'obéissance y apparaît comme fondée sur le bien commun. Comment concilier ces approches ? Quelles sont l'origine et la portée de chacune ? Quelle conception de l'autorité impliquent-elles ? Pour étudier ce problème complexe, nous analyserons les textes et essayerons d'en tirer quelques conclusions.
Les textes conciliaires consacrés à l'obéissance des religieux sont brefs, mais le vocabulaire employé, très précis, permet de dégager diverses harmoniques du mot obéissance.
[...] La ligne ignacienne est reprise dans l'enseignement de l'Église. Les religieux sont présentés comme les membres d'Instituts religieux dont les structures reflètent la hiérarchie chrétienne, dont la Tête est le Christ lui-même qui a pour représentant le souverain pontife[19]. Dans une présentation de la vie religieuse qui s'adresse à tous les religieux et qui se veut en lien avec l'ecclésiologie de Lumen gentium, il peut paraître étrange de ne pas avoir donné à la fonction du supérieur religieux un fondement ecclésiologique enraciné dans l'Église peuple de Dieu, dans l'Église-communion. [...]
[...] L'obéissance au Pape était dans la ligne de l'obéissance aux membres de la hiérarchie de l'Église. Saint Ignace apporta une orientation nouvelle dans la relation des religieux au Pape avec l'introduction d'un vœu exprès d'obéissance au souverain Pontife en personne (Ignace de Loyola, Documents de fondations 297). Le Code de Droit canonique (can enracine dans le vœu même d'obéissance, la soumission »des religieux au Pape. Ceci va bien au-delà de ce qui a été institué par Ignace de Loyola, mais le quatrième vœu n'est pas sans avoir influencé cette évolution. [...]
[...] Les Pères du désert étaient d'ailleurs largement utilisés par les premiers dominicains. Il faut cependant reconnaître que les textes du Magistère ne retiennent que l'obéissance-soumission dans sa spécificité ignacienne et en font en quelque sorte une norme pour la vie consacrée. Le désir de définir, de trouver des critères communs aux diverses formes de vie consacrée en est certainement la cause. Ceci est compréhensible, étant donné la multitude des Instituts. Mais chercher l'unité à tout prix déforme la réalité, car alors on estompe les différences. [...]
[...] Ignace de Loyola, Lettres et instructions, nos Ibid ; cf cf. Ignace de Loyola, Ibid., nos 10, op. cit et le commentaire donné par P. E. TESSON, s.j., dans Les clercs réguliers du XVIe s. L'obéissance et la religieuse aujourd'hui, Cerf, Paris 57-58. Ignace de Loyola, Lettres et instructions, nos Ignace de Loyola, Constitutions et règles, nos Jean climaque, Échelle, IV CASSIEN, Inst., IV Dorothée de Gaza, Œuvres spirituelles Ignace de Loyola, Lettres et instructions, nos 3304, Ibid., nos 3304, 23, 840-841. [...]
[...] On comprend dès lors l'importance attachée par les religieux à la vertu de renoncement, lorsqu'il est question d'obéissance. Une soumission Renoncer à leur volonté propre équivaut, pour les religieux, à se soumettre en matière de perfection à une créature humaine à cause de Dieu[8]. C'est bien ainsi que les Pères du désert parlaient de l'obéissance[9]. Mais soumission présente une ambiguïté, car la soumission n'est pas encore l'obéissance : elle existe même chez les êtres inanimés[10] et chez les animaux, alors que l'obéissance est le propre de l'homme parce qu'il peut comprendre ce qui lui est demandé, et l'exécuter librement. [...]
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