Le mot secte a d'abord désigné soit un ensemble d'hommes et de femmes partageant une même doctrine philosophique, religieuse, etc. soit un groupe plus ou moins important de fidèles qui se sont détachés de l'enseignement officiel d'une Église et qui ont créé leur propre doctrine. Une secte peut aussi désigner une branche d'une religion, une école particulière. En ce sens, ce mot n'a rien de péjoratif. Cependant, le terme secte est moins usité désormais, il est remplacé par le terme « dérives sectaires ».
Selon la définition de Michel Monroy et d'Anne Fournier , la dérive sectaire est « la construction d'une allégeance inconditionnelle au sein d'un isolat culturel auto référent, à caractère expansif dans différents domaines de la vie individuelle et sociale ». Cela signifie globalement que l'individu la subissant commence à s'attacher à des idées, véhiculées par une personne, ou un groupe, différentes des idées habituellement partagées par le consensus social. Ces idées ou pensées amènent, quand le processus est installé les individus à changer leur manière de penser, leur relation, leurs représentations, et leurs projets. Ces idées peuvent être exposées de différentes manières, elles peuvent être instillées, suggérées ou enseignées.
La personne, ou le groupe transmetteur de cette idée, prend alors une part importante et croissante dans la vie quotidienne de l'individu qui en est récepteur. Une simple curiosité se transforme vite en un attrait, puis une appartenance, pour aboutir irréversiblement vers une dépendance. De la séduction à la subordination, la frontière est mince. La liberté individuelle se fragmente et se désagrège petit à petit, mais assez vite pour que le sujet ne le perçoive pas ou bien trop tard. L'intéressé devient insensiblement un « captif libre » (Jean-Marie Abgrall). Sa vie personnelle lui échappe, désormais dirigée et conditionnée par le manipulateur psycho sectaire.
L'inquiétude à propos des sectes apparaît en France à l'occasion du drame survenu à Georgetown au Guyana, avec la mort de neuf cent vingt trois membres du Temple du Peuple. Cette affaire du Temple du Peuple a légitimé, en France, une intervention du politique. Les premiers rapports parlementaires publiés, à l'époque, en ont permis de mesurer la difficulté d'une prise en charge politique de la question des sectes. Des interrogations ont été exprimées sur la manière dont il fallait désigner les groupes à risques, sur la réponse à leurs agissements la plus susceptible de ne pas porter atteinte à la liberté de conscience et plus particulièrement, sur la mise en œuvre d'une politique préventive.
C'est la répétition en 1994 et 1995, au Canada, en Suisse et en France des massacres des membres de l'Ordre du Temple Solaire qui sera à l'origine d'une première commission d'enquête parlementaire présidée et rapportée par les députés Alain Gest et Jacques Guyard et de la publication, le 10 janvier 1996, du rapport "Les sectes en France". Ce rapport présente une vue globale du phénomène. S'appuyant sur des documents de travail des Renseignements généraux, il établit une liste de 173 groupes et développe dix critères de dangerosité justifiant une vigilance à leur égard. Il n'exclut pas la possibilité d'une amélioration d'un arsenal juridique qu'il estime insuffisamment appliqué mais insiste sur l'inutilité d'élaborer un régime juridique spécifique aux sectes.
En 1999, une deuxième commission d'enquête parlementaire présidée et rapportée par les députés Jacques Guyard et Jean-Pierre Brard, publie un rapport "Les sectes et l'argent". Ce rapport s'attache à démontrer que pour les sectes, "l'argent constitue souvent à la fois le moteur du véhicule, la destination du trajet et les méandres du chemin" Il contient des développements importants sur les patrimoines des principaux mouvements identifiés comme étant à caractère sectaire.
Le 12 juin 2001, le parlement votait la loi dite About/Picard, destinée à renforcer la prévention et la répression des mouvements sectaires portant atteinte aux droits de l'homme et aux libertés fondamentales. En appui, est créé en 2002 la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), par un décret du gouvernement Raffarin. Elle s'inscrit dans la protection des individus et de l'ordre public. Elle publie un rapport annuel, qui est une base essentielle à la recherche sur les mutations des dérives sectaires.
En effet, il est inutile d'étudier l'arsenal répressif et l'intervention des juges en la matière, en raison de la part importante qui leur est réservé dans le rapport 2009 de la MIVILUDES. Afin d'analyser les nouveaux phénomènes sectaires, il est indispensable d'analyser plus précisément les nouvelles niches où peuvent s'infiltrent les mouvements à caractère sectaire.
On ne peut pas expressément dire que le phénomène est en expansion. Cependant il y a des niches dans lesquelles les organisations à caractère sectaire savent s'infiltre, comme par exemple la thérapie et la formation professionnelle.
[...] Ces mouvements sont de parfaits connaisseurs des grandes mutations de notre société. Ils ne font que répondre aux attentes, aux besoins. Il y a 20 ans, les mouvements sectaires se concentraient dans d'autres secteurs, le plus répandue étant celui de la religion. Aujourd'hui, ces mouvements se retournent sur tous les créneaux de la société : religieux, culturel, humanitaire, social, santé Partout où il y a de la souffrance, et où le côté financier est présent, les mouvements sectaires sont actifs. [...]
[...] Selon lui environ (environ 3000) des médecins sont membres de mouvements sectaires. Il regrette par ailleurs que l'accent ne soit mis que sur les dérives sectaires et non sur les psychothérapeutes qui font leur travail. En outre, il existe un grand nombre de technique ou approche thérapeutique non officielles, celles que l'on range souvent dans le catalogue des médecines parallèles, appelées également médecine douce. Le recours à des pratiques médicales non éprouvées n'est pas un événement marginal. La Direction générale de la Santé estime qu'entre 30 et 50% de la population de notre pays a recours, de manière régulière, à ce type de pratique. [...]
[...] On recense peu de plaintes, mais les signalements se comptent par dizaines. Pour l'instant, une seule condamnation a été prononcée pour abus de confiance dans le cadre de la loi du 12 juin 2001 relative à la prévention à la répression des mouvements sectaires portant atteinte aux droits de l'homme et aux libertés fondamentales, dite loi About-Picard De surcroit, le rapport 2009 de la mission interministérielle de vigilance et de luttes contre les dérives sectaires, ou MIVILUDES, réaffirme la nécessité d'une vigilance accrue, en matière de formation professionnelle. [...]
[...] Souvent axées sur la psychologie, le bien-être, voire la santé, elles s'apparentent dangereusement à des dérives sectaires. La Miviludes insiste sur le fait que les formateurs en question prennent autant de risques que les stagiaires qu'ils recrutent. Ils subiraient généralement des exigences financières croissantes de la part de leur structure. Ces formateurs sont souvent en rupture avec leur environnement d'origine et peuvent souffrir d'une atteinte à leur intégrité. Face à la montée de ce danger, la Miviluldes insiste sur la responsabilité des entreprises et des DRH lorsqu'ils envoient leurs salariés en formation. [...]
[...] Elle cite plusieurs critères pour essayer d'identifier un risque sectaire dans un stage ou une formation. Les principaux éléments sont : la déstabilisation mentale, le caractère exorbitant des exigences financières, la rupture avec l'environnement d'origine, l'existence d'atteinte à l'intégrité physique, le discours antisocial, les troubles à l'ordre public, l'importance des démêlées avec la justice. Les offres douteuses du marché de la formation répondent à l'un, voire à plusieurs de ces critères. Dans le cadre de la réflexion autour de la réforme de la formation professionnelle, lancée début 2009, trois groupes de travail visent à répondre à trois questions principales. [...]
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