Au XVIIe siècle, l'influence de la réforme protestante menace le royaume polono-lituanien. Les Sarmates, membres de la slzachta, la noblesse polonaise, ont la conviction d'être le peuple choisi par Dieu et se sentent légitimés par la mission de lutte contre les infidèles que celui-ci leur aurait confiée. En s'appropriant de nouveaux courants artistiques tels que le baroque ou le maniérisme et en les imposant dans la construction d'une multitude d'églises, chapelles, couvents, qu'ils dotent de sculptures et de peintures impressionnantes par leur magnificence, ils s'opposent à l'austérité des temples protestants. C'est en atteignant « l'âme des croyants à travers leurs yeux » qu'ils honorent leur mission divine et rendent la religion catholique omniprésente.
Le 2 avril 2005, après plus de vingt-six ans de papauté, Karol Wojtyla, plus connu sous le nom de Jean-Paul II, décède. Sa foi n'a eu de cesse d'être influencée par la culture et l'histoire du pays le plus catholique d'Europe, la Pologne, son pays de naissance. La cohésion de la société autour du catholicisme y est si forte qu'il est légitime de se demander si cette religion a été le seul fil conducteur du rassemblement de tous les Polonais, ou si l'identité des chefs d'orchestre de cette union y a également contribué. L'association religion catholique et noblesse polonaise a-t-elle été le ciment du sentiment national polonais ?
[...] Ils représentent environ 10% de la population polonaise à cette époque. Serwanski M., Religiosité du Sarmatisme polonais au 17e siècle, in Conscience Nationale, Etat et Religion. La distance moyenne entre deux églises n'est que de trente kilomètres, Gorski K., Zarys dziejow duchowosci w Polsce. Tazbir J., Conscience Nationale, Etat et Religion. Antemurale christianitatis, formule popularisée par le jésuite Piotr Skarga et citée par Serwanski M., Conscience Nationale, Etat et Religion. Attribué à Kosciuszko. Article 18.2 du Code Pénal polonais. [...]
[...] Les Sarmates unifient les Polonais autour de l'image protectrice de Marie en lui dédiant un sanctuaire national à Notre-Dame de Czestochowa. L'effectivité du culte marial consolide le sentiment national et la polonisation du catholicisme[4] entraîne une ferveur religieuse nationale ; l'idéologie du Sarmatisme et la religion catholique s'influencent réciproquement, incitant le catholicisme à s'adapter aux traditions, mœurs, cérémonies et mentalités locales. L'unité autour de la religion catholique pousse les Polonais à former une nation polonaise exclusive. Ainsi en 1632 la célébration des offices publics dans les villes royales n'est plus autorisée aux dissidents, et en 1669 est interdite l'apostasie. [...]
[...] Comme le souhaitaient les Sarmates, la religion catholique est restée très visible permettant à la cohésion nationale de persévérer et d'unifier la nation polonaise. Un crucifix est ainsi accroché à l'entrée du parlement polonais. Cet exemple dévoile aussi l'aspect de carcan de la religion catholique en Pologne : un respect des valeurs chrétiennes[7] en réalité catholiques, est imposé aux médias et les demandes en apostasie demeurent un sujet sensible, comme le souligne le cas de Zbigniew Kaczmarek, athée qui s'est vu refuser en apostasie par l'Eglise. [...]
[...] Leurs pratiques religieuses ostentatoires comme la théâtralité de leurs funérailles religieuses qui célèbrent un ars moriendi, une mort chevaleresque, au nom de la défense de la foi et de la patrie, émerveillent la population polonaise et renforcent l'image de l'Eglise Catholique. La profusion des églises[3] conditionne le peuple polonais à se rattacher au catholicisme et à en exclure ceux qui n'y appartiennent pas. Ils y sont encouragés par les magnats et les nobiliaires qui valorisent le modèle éducatif jésuite dont les collèges, théâtres, écoles, constituent un appareil de propagande efficace de la Contre-réforme. Les Polonais sont ainsi invités à défendre l'image du vrai Polonais, à savoir un Polonais catholique; tout Polonais d'une autre religion étant considéré comme un traître. [...]
[...] Noblesse polonaise et religion catholique : forgerons du sentiment national polonais ? Le 2 avril 2005, après plus de vingt-six ans de papauté, Karol Wojtyla, plus connu sous le nom de Jean-Paul II, décède. Sa foi n'a eu de cesse d'être influencée par la culture et l'histoire du pays le plus catholique d'Europe, la Pologne, son pays de naissance. La cohésion de la société autour du catholicisme y est si forte qu'il est légitime de se demander si cette religion a été le seul fil conducteur du rassemblement de tous les Polonais, ou si l'identité des chefs d'orchestre de cette union y a également contribué. [...]
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