Dans le dernier quart du XIXème siècle, l'Empire Ottoman vit son déclin : depuis la fin du XVIIème siècle, des régions s'émancipent. C'est aussi l'époque où l'Europe fait sa révolution industrielle. Elle est puissante politiquement et économiquement. L'Angleterre et la France ont des empires gigantesques et commencent à s'ingérer dans les territoires de l'Empire Ottoman. Les Britanniques notamment constituent une menace pour les musulmans du fait de leur présence en Inde et en Egypte. Le fossé n'a cessé de se creuser entre les deux rives de la Méditerranée tant sur le plan culturel que sur le plan économique ou politique. Des intellectuels réfléchissent à la raison de cette décadence. C'est ainsi que sont lancées les Tanzimat et la Nahda au début du XIXème siècle qui ont pour but de rattraper l'Occident. Ce courant réformateur aura une suite, l'un de ses héritiers est le réformisme islamique. Deux de ses théoriciens principaux, Jamal al-Din al-Afghani (1839-1897) et son disciple Muhammad Abdu (1849-1905), ont tenté de répondre à la question de la modernité dans le monde arabe. Après des siècles d'inertie, ces deux personnages réinventent le rapport entre islam et modernité
Plus concrètement, de quelle façon ces deux hommes sont-ils parvenus à réformer la façon d'appréhender la modernité dans le monde musulman ?
Nous montrerons d'abord que leur pensée est née de leur rencontre et d'un contexte particulier puis nous exposerons les thèses qui sont un plaidoyer pour un retour à un islam purifié, seul moyen de recouvrir une société florissante.
[...] Jamal al-Din al-Afghani et Muhammad Abdu l'ont bien saisi et ont initié un courant de réforme qui s'est traduit par l'acceptation de la place primordiale de la raison dans l'islam. Elle permettra à la civilisation musulmane d'être de nouveau florissante à la condition de revenir à un islam pur. Ce courant a eu une grande influence sur la pensée islamique jusqu' à nos jours : la pensée de ces deux grands personnages a essaimé. Leur héritier direct est Rachid Rida qui a élaboré un modernisme conservateur et dans une certaine mesure, Hassan el-Banna à repris leurs conceptions du salafisme en les radicalisant lorsqu'il a créé le mouvement des Frères musulmans. [...]
[...] Muhammad Abdu rencontre al-Afghani à al-Azhar. Il est amené à jouer un rôle majeur dans la transmission et le développement de la pensée d'al-afghani et du réformisme islamique. Il est Egyptien, originaire d'une famille de paysans de Basse-Egypte. Il fait ses études à al-azhar ou il rencontre al-Afghani. Il voyage avec lui à Paris et y fonde la revue dont on a parlé. Il a été condamné à 3 ans d'exil par l'occupant anglais. Il est autorisé à rentrer en Egypte en 1888 où il devient juge des tribunaux indigènes, c'est le début d'une carrière juridique qui s'achève par sa mort en 1905. [...]
[...] Si un homme obéit aux lois de l'islam, il obéit aux lois de la nature et quand les sociétés obéissent aux lois de l'islam, elles deviennent fortes. Si elle ne comprend pas les lois musulmanes, elle dégénère. Pour Muhammad Abdu, pour bien les comprendre, il faut distinguer ce qui est essentiel (les principes de la foi) de ce qui ne l'est pas (les règles sociales de la société islamique). Le drame celle-ci a été de croire que tout était essentiel si bien qu'il n'y a eu aucun changement ni évolutions, d'où le retard. [...]
[...] I Le réformisme musulman islamique est né de la rencontre de deux hommes et d'un contexte particulier A La rencontre de deux hommes Jamal al-Din al-Afghani est l'initiateur de ce mouvement. D'après son nom, on peut croire qu'il est afghan et donc sunnite, c'est ainsi qu'il se décrit. Mais ses opposants le disent persan et chiite. Un livre a été écrit par auteur persan se disant son neveu va dans ce sens. Mais aujourd'hui encore, on se sait qu'elle est la vérité sur ce point. [...]
[...] Pour Muhammad Abdu, la nécessité de l'unité des musulmans le mène vers un éclectisme mêlant les quatre écoles du sunnisme. Les musulmans devraient réfléchir à l'exemple allemand qui a perdu son unité nationale à cause des différences religieuses. Ainsi, deux choses sont nécessaires pour que la civilisation musulmane soit de nouveau florissante : d'abord une solidarité (ta'assub) et une unité de la umma, non seulement grâce à la langue mais surtout grâce à la religion. La vraie unité repose sur une conviction religieuse commune. [...]
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