Les moniales dominicaines : une vocation au silence dans un Ordre de la parole

Résumé du document

Aujourd'hui l'attention se porte dans l'Ordre sur ce qui est considéré comme le plus grand défi à relever : le renouveau de la vie contemplative. Dans sa lettre à l'Ordre sur la vie des moniales, le fr. Timothy Radcliffe a commencé par situer la vie contemplative comme caractéristique de l'Ordre . La contemplation y prend des formes multiples : recherche de Dieu dans le silence, la prière, l'étude, le dialogue, la solitude et l'amour ; contemplation de Dieu dans le monde ; union du « chercheur et du cherché » dans la prédication qui devient acte de contemplation .
Il peut alors situer la place propre aux moniales : « Si tous les dominicains sont appelés à la contemplation, qu'y a-t-il donc de si particulier dans votre vie ? Votre vie est tout entière façonnée par la recherche de Dieu. »
Que peut rajouter une moniale à l'écrit d'un Maître de l'Ordre qui a une vision universelle de la question ? Peut-être tout simplement une parole de moniale, avec son enracinement dans un lieu particulier, en l'occurrence la France.

Extraits

[...] Elle nécessite une résistance psychologique qui, dans notre Occident malade, devient rare. Il est donc difficile pour des jeunes de s'engager d'emblée dans cette voie. Le silence Saint Dominique parlait que rarement, si ce n'est avec Dieu, dans la prière, ou de Dieu, et il exhortait les frères à se comporter ainsi”. Méditant tout cela dans leur cœur, que les moniales fassent de leur maison et surtout de leur cœur un lieu de silence (LCM 46, 1). Si la contemplation est fondamentalement un acte d'accueil qui est silence, le silence de la vie des moniales ne peut que contribuer à les y faire progresser. [...]

[...] Élevez vos filles dans cet esprit. La tentation viendra certainement plus tard et sous bien des formes différentes. Heureusement maintenant, la loi est écrite et le texte restera ; car jamais le Général [A.-V. Jandel] n'approuvera un autre coutumier, selon toute apparence [ ] (20 juin 1866, Carpentras) [vii]. Le P. Potton inculqua aux moniales l'amour des observances avec une insistance sur la clôture stricte que les sœurs n'ont pas partagé d'emblée. Ce n'était pas du légalisme à proprement parler, mais comme dit le livre des Proverbes : Souvent femme varie On peut se demander si les lois fixes sont la meilleure façon de pallier ces variations Il ne faudrait donc pas rendre le P. [...]

[...] Je vais donner un bref aperçu de cette évolution. Les tensions autour des observances au XIXe siècle Le monastère de Mauléon, principal foyer de la restauration de la vie monastique dominicaine en France au XIXe siècle, contribua au développement de nombreux monastères. Il diffusa une vision de la vie monastique dominicaine en partie archéologisante qui s'accompagnait d'un certain type de relations avec les Révérends Pères Le P. Potton Province de Lyon étroitement lié à Mauléon pendant des années, fut un des maîtres d'œuvre de cette entreprise. [...]

[...] Nous avons vu que saint Dominique avait suivi ce chemin, à la suite de Cassien. C'est celui que doivent suivre les moniales, si elles veulent parvenir à la connaissance spirituelle des Écritures (cf. Mt ; Os LXX) [xxix]. La pureté de cœur affine les sens spirituels, tout particulièrement la vue, en réorientant toutes les facultés de l'âme vers Dieu. Les désirs multiples, l'agressivité ne cherchent plus alors à détourner l'intelligence de la contemplation de Dieu et l'intelligence spirituelle peut être donnée gratuitement par Dieu au cœur ainsi purifié. [...]

[...] La contemplation ne se communique pas. Il est simplement possible d'évoquer, de susciter chez l'autre le désir de voir. En régime chrétien, où c'est Dieu lui-même que nous connaissons et aimons, les vertus théologales, vertus de la contemplation, nous sont données pour entrer en relation avec lui. Mais cela présuppose une purification des yeux du cœur, nécessaire pour voir, pour contempler celui qui est le Bien souverain, le Sauveur, le Père : les vertus morales demeurent indispensables comme préparation à la contemplation. [...]