Pour comprendre les rapports entre laïcité et religions tout d'abord, il faut partir des différences qui opposent une société séculière à une société traditionnelle. En effet, dans une société traditionnelle, la religion est une institution publique qui se manifeste à la fois dans la société civile et dans l'État, dans les sphères privée et publique, dans les croyances personnelles et dans les comportements publics.
En résumé, la religion régit alors la vie quotidienne. En revanche, dans une société issue de la Modernité des Lumières, elle est affaire d'opinion et de choix personnels, de subjectivité individuelle. Ainsi, une société séculière n'est pas naturellement hostile à la croyance religieuse, mais son principe politique, que nous pouvons désigner sous le terme de « laïcité », est indifférent à cette dimension de la condition humaine.
De cette manière, l'affirmation de la liberté, et non pas de l'athéisme l'emporte, et la conversion par exemple devient possible. En définitive, nous pouvons caractériser la sécularisation comme le passage d'une lecture collective et institutionnelle de la religion à une lecture individuelle, la souveraineté étant dès lors détenu par les individus et non plus par une Église particulière liée à un État de nature théocratique.
[...] Ainsi, en Inde, les castes, bien qu'interdites par la loi, continuent de régir le quotidien de la population et l'intégrisme hindouiste a progressé sur le terrain politique, tandis qu'au Japon le regain d'intérêt pour le shintoïsme marque là aussi un retour inquiétant du religieux sur la scène publique. Enfin, il y a tous les États non séculiers, c'est-à-dire qui ne sont pas neutres vis-à-vis de la religion. Il faut d'abord évoquer les théocraties, autrement dit les États dans lesquels le pouvoir est exercé au nom de Dieu. Il s'agit de l'Arabie Saoudite, de l'Iran, des Maldives et du Vatican. [...]
[...] La situation n'a guère changé jusqu'à aujourd'hui, à part bien sûr en ce qui concerne l'État d'Israël. L'hindouisme, maintenant, est un cas très particulier, car ses prescriptions pénètrent profondément les champs social et culturel et enferment l'individu dans un environnement auquel il ne peut normalement échapper. Ainsi, le passage d'une société traditionnelle à une société laïque apparaît extrêmement compliqué. Cela se traduit notamment par le système des castes et des sous-castes qui structurent encore l'Inde actuelle, sur la situation de laquelle nous reviendrons. [...]
[...] Ainsi, comme l'écrit Jean-Michel Ducomte, elle a la démocratie comme cadre, les droits de l'homme comme horizon, la séparation des Églises et de l'État comme moyen et la lucidité comme garantie. La laïcité peut donc être considérée comme une chance pour le XXIe siècle, à l'heure où l'on assiste à une extension et à une mutation de la pluralisation religieuse, ainsi qu'à la multiplication des contacts entre les différentes croyances. Nous avons vu aussi que la France n'a qu'une conception particulière de la laïcité parmi d'autres. Néanmoins, cette conception ne mériterait-elle pas d'être considérée comme l'un des piliers de notre identité nationale ? [...]
[...] En réalité, la conception américaine de la laïcité vise à garantir la non-ingérence de l'État dans les croyances et la liberté de culte tout en laissant une place visible à la religion dans l'espace public. La référence à Dieu n'est alors pas celle à un culte en particulier, mais crée un point commun qui est le fait de croire. Cela a aussi pour effet d'entraîner une méfiance traditionnelle à l'égard des athées et des agnostiques. Par ailleurs, l'essentiel des caractéristiques de la laïcité américaine est également valable pour le Canada ou l'Australie. [...]
[...] La liberté de culte peut alors être parfaitement respectée ou alors totalement déniée selon les pays. Parmi ceux-ci se trouvent des États chrétiens, comme la Norvège, la Finlande, la Grèce ou le Costa Rica, bouddhistes tels que la Thaïlande et le Cambodge, musulmans comme le Pakistan, l'Algérie, l'Irak ou encore la Malaisie et enfin juif avec Israël. Pour terminer, nous pouvons préciser que les États communistes qui se sont réclamés ou qui, comme Cuba, la Corée du Nord ou la Chine, continuent de se réclamer d'un athéisme autoritaire ne peuvent en aucun cas être considérés comme laïcs. [...]
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