L'islamisme au Moyen Orient est-il un nouveau visage du nationalisme ?

Résumé du document

Islamisme et nationalisme sont apparemment des termes contradictoires. L'un suggère l'existence d' une solidarité fondée sur la religion et la foi. Dans le cas de l'Islam il s'agit de la « communauté des croyants », « l'oumma » ; l'autre renvoie au cadre de l'état nation qui est une notion récente qui suppose l'existence d'un état moderne et régulateur, indifférent aux communautarismes. Dans les faits, les termes se sont pas forcement antinomiques. Au Moyen Orient, ils entretiennent un lien dialectique : l'Islam a d'abord contribué à la création des identités nationales. Les Etats modernes qui ont suivi prospéré en luttant contre l'influence de la religion pour les dépasser dans une vision moderniste. L'islamisme, terminologie contemporaine visant à définir un islam radical, s'est construit sur la faillite de ces Etats nationaux discrédités et en réaction contre l' occident dominateur . Mais pour être devenu un acteur de l'histoire, l'islamisme sera aussi jugé par l'Histoire.

Extraits

[...] Les œuvres sociales et caritatives fidélisent des populations que la modernisation n'atteint pas. La modernisation accélérée produit une déchirure à laquelle les pouvoirs ne prennent pas garde. C'est particulièrement le cas en Iran ou la révolution blanche la modernisation à outrance et le développement d'un pouvoir autoritaire finit par remettre en selle une opposition islamique moribonde au début des années 1960. D'autres Etats, en crise, finissent par tolérer la résurgence d'une opposition islamique : En Turquie, le pouvoir laisse naître dans les années 1950 le parti Fazilet (parti de la vertu) ; en Arabie, les rois, pour endiguer le nassérisme galopant (dans l'enseignement), font appel aux religieux afin que ce secteur soit repris en main. [...]

[...] Les frontières ont crée des barrières entre les peuples de langues et de races différentes. Surtout, l'Islam en tant que religion est profondément divisé. L'existence d'un livre sacré unique et de villes saintes communes ne retire rien à cette diversité. Chiites et sunnites rivalisent. La révolution islamique en Iran a constitué un défi pour les pays arabes. L'Iran s'est retrouvé isolée dans sa région. Sa tentative d'exporter la révolution islamique a été un échec complet, faute de moyens et surtout de relais. [...]

[...] Le modèle iranien est un échec. Les autres pays du Moyen Orient, même ceux qui sont des producteurs de pétrole, ne disposent des moyens adéquats pour assurer leur développement et créer des emplois en nombre suffisant . Ils ont besoins de capitaux extérieurs et de technologies que seuls certains partenaires occidentaux peuvent leur apporter. La tentation d'un repli sur les valeurs hostile au capitalisme, au modernisme et à l'innovation constitue pour eux une fausse piste. Ils le savent sans savoir pour le moment comment résister. [...]

[...] L'islamisme au Moyen Orient est-il un nouveau visage du nationalisme ? Introduction Islamisme et nationalisme sont apparemment des termes contradictoires. L'un suggère l'existence d'une solidarité fondée sur la religion et la foi. Dans le cas de l'Islam il s'agit de la communauté des croyants l'oumma ; l'autre renvoie au cadre de l'état nation qui est une notion récente qui suppose l'existence d'un état moderne et régulateur, indifférent aux communautarismes. Dans les faits, les termes ne sont pas forcement antinomiques. Au Moyen Orient, ils entretiennent un lien dialectique : l'Islam a d'abord contribué à la création des identités nationales. [...]

[...] C'est le cas en Turquie ou la république turque laisse peu de place à la religion et où l'armée, institution laïque par excellence, est la garante de la constitution; C'est le cas de l'Egypte de Nasser qui est un immense succés et place la modernité et ses symboles au dessous de la tradition religieuse en n'hésitant pas à concurrencer les Etats réputés religieux sur leur propre territoire (Yémen et Arabie saoudite). Le parti baas en Syrie et en Irak relève d'une logique identique tout comme la volonté réformiste en Iran. [...]