L'islam a tenu tous les rôles de l'Histoire iranienne avant de laisser émerger la modernité politique. D'inspiration traditionnelle, soviétiques, tiers-mondiste puis post-islamique, à la fois père et ennemi de la modernité, l'islam entretient avec celle-ci des relations multiples. Le modèle iranien nous offre donc un laboratoire idéal pour l'étude des inter-actions entre l'islam et la modernité politique.
Mais avant même d'aborder le cas iranien, soulignons qu'un tel sujet résonne comme une invitation à mieux comprendre notre propre modernité. En effet, est-il possible d'étudier le cas de la modernité politique en terre d'islam sans en avoir étudié le développement en Occident ? Autrement dit, la question qui se pose est de savoir s'il est envisageable, à partir d'une conception islamique de la société, d'atteindre un modèle politique développé sur la base d'une organisation chrétienne.
C'est seulement ensuite que nous aborderons la spécificité du cas iranien, dont on peut déjà dire que l'originalité repose sur la spécificité de la confession chiite et l'expérience de la révolution islamique. Nous verrons en quoi et jusqu'où cela a pu donner lieu à une société moderne et à un courant post-islamique proche de la vision occidentale de la modernité politique...
[...] Mais le cas de l'Iran est particulier puisque comme le mentionnent Farhad Khosrokhavar et Olivier Roy : la sécularisation la saisie du sacré par le temporel n'est pas la laïcité l'expulsion du religieux vers le privé Autrement dit, il est incohérent de prolonger le parallèle entre la voie qui a mené l'Occident à la modernité et celle qu'emprunte en ce moment l'Iran. L'Occident a façonné la modernité politique à son image, sans modèle, alors que les pays musulmans doivent tenter de l'intégrer telle quelle. En outre il ne faut pas mélanger ce qui relève du chemin emprunté par l'Occident pour atteindre la modernité de ce qui constitue la forme définitive de cette modernité. [...]
[...] La modernité politique est elle soluble dans l'islam ? 1.1 ) Les barrières du monisme islamique selon Bertrand Badie La modernité politique, au sens où nous l'entendons en occident (nous la définirons au fil de ce paragraphe), ne s'est développé jusqu'au bout dans aucun pays musulman. Il est bien évident qu'il ne s'agit pas là d'un hasard, mais bien d'une différence fondamentale entre deux perceptions du monde qui n'offrent pas les mêmes perspectives politiques .1) Le développement de la modernité politique au sein du catholicisme. [...]
[...] La situation dans la majeur partie des pays sunnites préservant un équilibre entre le pouvoir politique et religieux protégent ce dernier du discrédit engendré par le premier. On peut alors penser que d'autres voies d'accès vers la modernité seront nécessaire pour ces pays, soit à travers la radicalisation de la religion ( comme c'est le cas en Algérie ) soit à travers la pénétration des valeurs démocratique au sein des société traditionnelles. in Les deux Etats, chapitre premier. Farhad Khosrokhavar et Olivier Roy, Iran : Comment sortir d'une révolution religieuse. op cit Maurice Barbier, La modernité politique. op cit. [...]
[...] L'islam n'est donc pas, comme le laissait entendre Bertrand Badie structurellement étanche à toute évolution. Après l'échec de la révolution islamiste, certains intellectuels pense que la survie du chiisme iranien passe par sa sécularisation. Autrement dit son désengagement de la sphère politique. Dans un premier temps cela n'implique ni la laïcité ni une vision dualiste de la société puisque le corps civil sur lequel se base l'Etat iranien n'est composé que de musulmans. L'islam serait ainsi présent dans la sphère politique, simplement elle emprunterait la voie de l'individualisme pour se manifester. [...]
[...] St Thomas distingue ainsi nettement le corps naturel de la société du corps mystique de l'Eglise. C'est ce que souligne Bertrand Badie lorsqu'il cite celui ci : Pour que la volonté de ce qu'on ordonne ait valeur de loi, il importe qu'elle soit réglée par quelque raison ( autrement la volonté du prince serait bien plus une iniquité qu'une loi Saint Thomas présupposait alors l'indépendance du politique, régit par la raison, appartenant à l'ordre naturel, voulu par Dieu mais hors de la sphère religieuse. [...]
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