Dans son article « L'islam au miroir de la télévision », Thomas Deltombe aborde plusieurs thèmes qui viennent dénoncer la responsabilité des journalistes de télévision face à la transformation du simple voile musulman en un véritable « symbole menaçant ». Selon lui, les médias – et particulièrement les journaux télévisés- procèdent à « l'islamisation » symbolique de l'immigration.
Comment en est-on arrivé là? et quelles sont les critiques que l'on peut soumettre aux propos de Thomas Deltombe?
[...] Dans la foulée, les affaires dites des " filles voilées " se multiplient. Le Conseil d'État finit par trancher en faveur des jeunes filles. En 1994, le débat rebondit au détour d'exclusions à Lille et à Mantes-la- Jolie. François Bayrou, alors ministre de l'Éducation, se fend d'une circulaire soulignant que les signes d'appartenance religieuse sont tolérables dès lors qu'ils s'expriment sans ostentation ni intention prosélyte. Aux directeurs d'établissements donc de trancher au cas par cas, au risque de voir chacune de leur décision relancer la polémique. [...]
[...] Alors, dans une situation aussi confuse que celle-ci, où de nombreux événements (la révolution irakienne puis l'affaire Rushdie, la crise du foulard, les émeutes dans les banlieues et la Guerre du Golf en 1992) structurent et conditionnent ce dont les journalistes doivent parler, la simplification est nécessaire. D'autant plus que les journaux télévisés se doivent de respecter un timing, tout comme toutes autres émissions de télévision d'ailleurs. Ils ne disposent pas du temps nécessaire pour développer et approfondir les débats ; il sont donc, par les contraintes télévisuelles, forcés de simplifier l'information. Cette simplification mène inévitablement à des clichés, des stéréotypes relatifs à l'identité musulmane des immigrés. [...]
[...] Car très vite, la ligne éditoriale alarmiste a repris le dessus. Une vision binaire de l'islam qui laisse peu de portes ouvertes Selon l'auteur, c'est une confrontation de clan qui se met peu à peu en place. Thomas Deltombe note le commentaire d'un journaliste lors du journal télévisé de l'A2 (aujourd'hui France le 23 février 1989, parlant de deux mondes : d'un côté celui des Occidentaux, le nôtre, et de l'autre côté celui de l'islam, un milliard d'hommes menés par une religion stricte Malgré une évolution des mentalités, il indique que la télévision poursuit sa présentation binaire de l'islam en France. [...]
[...] Ainsi dans les années qui suivent, les journalistes n'ont eu de cesse de clamer leur indépendance par rapport aux pouvoirs publics. Mais le 11 Septembre 2001 va complètement modifier leur attitude car, devant l'ampleur des événements, les journalistes vont finalement se ranger au côté des pouvoirs publics et accepter temporairement d'être utilisés. Ainsi, la couverture des crises politiques par la télévision, entre la guerre du Golfe et le World Trade Center, est marquée par deux phénomènes : à la fois une quête démesurée de nouvelles images toujours plus fortes, mais également une oscillation entre soumission et rejet de l'intervention des gouvernements dans le contrôle des informations. [...]
[...] Dans le même temps, des émeutes dans les banlieues vont alimenter l'ancrage, dans les représentations médiatiques, du caractère problématique de l'identité musulmane des immigrés. Dès lors, à partir de 1989, le foulard islamique va devenir, par le biais des médias, un symbole menaçant, au cœur de la représentation des immigrés de culture musulmane. Effectivement est l'année de l'éclatement de la question du foulard en France, avec l'affaire des filles voilées de Creil Première d'une série interrompue d'affaires du même genre. Rappelons brièvement les faits : Trois jeunes filles voilées sont exclues du collège Gabriel-Havez de Creil, dans l'Oise. [...]
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