Gershom Scholem est né en 1897 en Allemagne. Il étudia d'abord les mathématiques et la physique à Berlin et Iéna, et s'intéressa au mouvement de la philosophie et de l'histoire des idées. Il se détacha des milieux intellectuels juifs allemands, qui, au début du XXème siècle, étaient imprégnés d'un mouvement nationaliste. Les sionistes desquels Scholem faisait partie, soutenaient même l'effort de guerre. En 1923, il fit partie de ceux qui partirent s'installer à Jérusalem, où il fut professeur de mystique juive à l'université hébraïque. Il se lança dans l'étude « scientifique » de la Kabbale de Louria, qui lui semblait refléter au mieux les pensées et le vécu de son peuple. Puis, il élargit ce centre d'intérêt en étudiant les courants de la mystique juive, et leurs liens avec le messianisme juif. Si Scholem est considéré comme un grand historien, spécialiste de la mystique juive, c'est parce qu'il a renouvelé la façon de considérer la mystique par rapport à l'histoire des juifs. « Aborder l'histoire dans l'horizon de ce qu'imaginent les hommes et non sous l'angle étriqué de leurs conditions d'existence matérielle, tel est l'apport de Gershom Scholem à la démarche historique qui la renouvelle en profondeur. » Ses œuvres principales sont une étude sur la Kabbale, sur les courants de la mystique juive, et sur le messianisme juif à travers le mouvement sabbataïste. Ces travaux sont des exemples de la combinaison de l'analyse historique et d'une compréhension profonde de phénomènes religieux et mystiques les plus complexes.
[...] Pour lui la kabbale en tant que mystique juive fait partie intégrante de la culture juive, et son combat vise à mettre à égalité cette culture avec les autres cultures occidentales. La mystique s'inscrit dans l'histoire de la pensée juive, elle fait donc partie des fondements parmi d'autres de la vie juive. II. MESSIANISME ET MYSTIQUE, DEUX NOTIONS INSEPARABLES DU JUDAÏSME 1. Une vie juive en sursis Le judaïsme n'a en effet rien d'inconciliable avec le développement en son sein de courants mystiques. [...]
[...] Les mouvements messianiques qui se sont développés dans l'histoire du judaïsme cherchaient à trouver une solution à des problèmes présents. Le grand travail de Scholem porta sur l'étude du personnage de Sabbataï-Tzevi, né à Smyrne en 1626. Ce faux-messie sur lequel se fixèrent les espoirs de toutes les communautés juives trouve sa place dans un judaïsme sous-tendu d'espoirs messianiques alimentés par la pensée kabbalistique. L'oppression comme les pogroms perpétrés en Pologne en 1648 peuvent expliquer la recrudescence de ce besoin de hâter la fin Mais Scholem ne pense pas que la pression exercée sur les communautés suffise à expliquer le phénomène. [...]
[...] Ses œuvres principales sont une étude sur la Kabbale, sur les courants de la mystique juive, et sur le messianisme juif à travers le mouvement sabbataïste. Ces travaux sont des exemples de la combinaison de l'analyse historique et d'une compréhension profonde de phénomènes religieux et mystiques les plus complexes. C'est à l'ensemble de son œuvre que nous nous intéressons, avec, pour point central et objectif, celui de comprendre ses idées sur la mystique juive. Nous n'aborderons donc pas ces sujets à travers deux parties distinctes, mais en réfléchissant d'abord : à ce que recouvre le terme de mystique et ce en quoi Scholem diffère des savants qui lui sont contemporains quant à la considération de la Kabbale et à la place qu'il faut accorder à la mystique dans l'histoire des juifs ; puis dans une seconde partie nous verrons ce que Scholem nous apprend sur la présence de la mystique dans la vie juive, ses liens avec le messianisme, ainsi qu'à son rôle dans l'histoire. [...]
[...] Scholem refuse catégoriquement d'accorder son crédit à l'idée selon laquelle le caractère mystique du judaïsme le met en retrait du monde et des problèmes de son temps. Au contraire, face à cette idée qu'il récuse, il pense que la mystique est le moteur caché de l'histoire, que la mystique révèle l'histoire, qu'elle n'est, comme le suppose l'existence d'un messianisme, jamais coupé des problèmes qui lui sont contemporains. Le mystique annonce pour ainsi dire le processus de l'histoire en anticipant, dans sa propre vie, la joie des derniers temps. [...]
[...] Puis, mystique désigne l'ensemble des pratiques, des connaissances, ou des œuvres relevant du mysticisme (le Zohar et les symboles de la Kabbale par exemple) Pour Scholem, la mystique naît avant tout d'un contexte religieux : La mystique est la situation que revêt la religion lorsque les tendances nouvelles se refusent à briser la coque de l'ancien système religieux pour en créer un nouveau et tendent à rester confinées à l'intérieur de ses limites [ ] le besoin de nouvelles valeurs religieuses correspondant à une nouvelle expérience religieuse trouve son expression dans une interprétation nouvelle des valeurs anciennes ( ) C'est précisément le rôle que tient la Kabbale depuis sa création, en tant que berceau de la mystique juive, elle permet de s'élancer dans cet abîme de la foi et des mystères de la religion, que le judaïsme institutionnalisé tente de relativiser La Kabbale C'est pour la Kabbale juive de Rabbi Isaac Louria, apparue à la fin du XIIème siècle, que Scholem se passionna d'abord, elle qui constituait et constitue toujours une interprétation juive ésotérique (c'est à dire réservée à des initiés) et symbolique du texte de la Bible, et dont le livre classique est le Zohar. Il en fut lui-même un membre convaincu durant vingt ans, puis il opta pour l'érudition et préféra l'aborder sous l'angle plus objectif et scientifique. Il put constater que les initiés de la Kabbale se trouvaient dans la réalisation même de la pensée mystique, et qu'en étudiant les textes de façon à leur trouver un sens, ils pouvaient projeter le judaïsme dans l'avenir. [...]
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