« Tous les Etats musulmans ont signé la Déclaration des droits de l'homme. [...] Or, ce n'est un secret pour personne que presque tous les Etats musulmans violent l'esprit et la lettre de cette déclaration » Ce constat d'Amir Taheri montre toute la complexité et les paradoxes d'un monde musulman à la recherche d'une identité politique. Quelles voies choisir pour sortir de cette impasse politico-religieuse ? Schématiquement, on distingue généralement deux courants opposés aux interprétations coraniques divergentes. Qu'ils soient traditionalistes ou modérés, ces deux aspirations n'ont cessé depuis la mort du prophète Mahomet de se déchirer à des fins plus ou moins religieuses. Cette réflexion aussi simplement posée soit-elle, situe les bases d'une interrogation idéologique sur les rapports entre l'Islam et l'Etat. Comme dans l'histoire des religions monothéistes, cette dualité vient diviser les spécialistes et les intellectuels de l'Islam. Ce « colloque » réunissant plusieurs auteurs d'origines et de milieux différents, doit nous permettre d'éclaircir ce thème et d'apporter des éléments de réponses sur ce sujet. Nous partirons donc de l'interrogation suivante : comment la tentation œcuménique inhérente à l'Islam, peut-elle se concilier avec les exigences de modernité politique et de démocratie, qui commandent de plus en plus la séparation du spirituel et du temporel ? Cela revient à nous positionner sur le contenu du Coran lui-même et à nous demander en quoi les conséquences de l'interprétation coranique peuvent-elles avoir des répercutions politiques dans le monde musulman ? L'étude de l'Islam comme source de légitimation politique (I), nous permettra de comprendre les particularismes musulmans dans un monde désenchanté (II). Enfin, nous verrons si la démocratie dans l'Islam repose sur une question d'interprétations ou d'intérêts (III).
[...] L'auteur du choc des civilisations affirme que si les pays musulmans sont réfractaires à la démocratie, c'est en grande partie à cause du rôle de l'Islam lui-même. L'idée même de concevoir cette séparation apparaît comme absurde et dénuée de sens pour toute société se revendiquant islamique. Cette analyse que dénonce Mohammed Chérif Ferjani, enseignant à l'Université Lyon II, est significative d'une certaine interprétation coranique. Ce dernier pose le problème de l'interprétation des écrits religieux qui font toutes références à un événement particulier du Coran. [...]
[...] Les réformistes où la voie vers la modération politique Tout le monde est à peu près d'accord pour dire que les pays musulmans ont besoin de réformes pour moderniser leur pratique de la politique. Mais quelles voies choisir pour atteindre cette nécessaire transformation politique ? Celle des traditionalistes qui souhaitent un repli identitaire et un retour formel aux racines de l'Islam (voir ci- dessous), celle des occidentaux qui veulent imposer leurs valeurs et leurs principes démocratiques (voir ci-dessous) ou celle des modérés qui proposent une transition démocratique progressive. [...]
[...] Persistance et enracinement des traditionalistes Face à la mondialisation et à l'expansion des valeurs occidentales, des mouvements contestataires se développent et se propagent dans les milieux musulmans. Ils puisent leur légitimité dans les limites de la mondialisation libérale. Ils prônent un repli sur soi, et une attitude défensive face au système international. Ils profitent également des divers échecs économiques et sociaux des régimes autoritaires. Ils connaissent donc un certain engouement dans les milieux défavorisés où la pauvreté et le désespoir bercent le quotidien de ces individus. Philippe Droz-Vincent s'intéresse particulièrement à l'émergence des mouvements islamistes dans le champ politique. [...]
[...] Ce qui est intéressant de montrer dans cette démonstration, c'est le poids de la tradition et l'amalgame que le monde occidental fait avec la religion. Certes, religion et tradition sont intimement liées de par leur histoire, mais sur quels critères nous reposons-nous pour les confondre aussi facilement ? Partant de cette théorie, on peut supposer que la difficile transition démocratique des pays musulmans ne viendrait pas de l'Islam lui-même mais plutôt des facteurs exogènes qui l'entourent. Un monde musulman divisé ? Ce qui est surprenant dans la vision occidentale du monde musulman, c'est qu'on voit l'Islam comme un socle unique et homogène. [...]
[...] Selon lui, les pays musulmans ne pourront se développer politiquement sans une aide venant de l'extérieur. Pour sortir de cette impasse historique, le monde démocratique doit exiger de ces derniers une transparence politique et un respect des engagements internationaux. Pour Amir Taheri, il faut même aller plus loin en revoyant les relations entre les pays occidentaux et les pays arabes. Il n'hésite pas à incriminer la politique occidentale. Pour les occidentaux, le monde musulman est synonyme de matières premières, de marchés lucratifs où les firmes trans-nationales violent les règles pour commercer avec des élites corrompues. [...]
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