L'article du Dictionnaire de Spiritualité sur le « Gouvernement spirituel », pose comme fondement l'Église Corps du Christ et société hiérarchique. Et l'auteur précise ce qui fera l'objet de sa réflexion : « le mot “gouvernement” vaudra pour désigner l'agir de tout supérieur responsable d'une “communauté” ». Le texte scripturaire de base est Mt 11, 29, éclairé par Mt 20, 28 ; Jn 13, 12-15 ; Lc 22, 24-27. Le regard se porte sur le Christ d'avant Pâques, sur Jésus au milieu de ses apôtres, physiquement présent au milieu de ses disciples. Dans ce contexte, le gouvernement se focalise sur un supérieur qui tient la place du Christ dans la communauté.
La tradition dominicaine a une autre approche du gouvernement, complémentaire de la précédente. Pour gouverner une communauté, pour diriger le navire, tenir le gouvernail, il est bien sûr indispensable qu'il y ait un pilote. Mais il est non moins indispensable que tous les passagers soient d'accord pour aller dans une même direction. Si chacun veut aboutir dans un port différent, le bateau n'arrivera jamais à destination !
[...] Personne ne cherche à occuper une place supérieure à celle des autres, à imposer son point de vue avec force ! Une chose est encore plus surprenante : personne n'est estimé individualiste ! Comment cela peut-il exister dans une communauté ? Serait-ce un rêve ? Tous mettent leurs biens en commun, tous partagent. Une telle dépendance mutuelle est-elle viable ? La collaboration y est en effet de tous les instants : tout est en commun, tous participent à une même eucharistie, tous prient d'un seul cœur. [...]
[...] Leurs motivations sont peut-être diverses : ils font des signes et des prodiges, ils opèrent des guérisons ; et, comme chacun sait, des promesses de guérisons suffisent à attirer des foules. Mais comment se fait-il que l'écoute de la Parole puisse opérer un miracle plus prodigieux que tous ces signes : tant d'hommes et tant de femmes qui, par leur témoignage de communion, attirent à leur tour des foules ? Le plus prodigieux peut-être, c'est que personne ne se plaint d'avoir perdu sa liberté, son autonomie ! Il est vrai que personne ne commande : pas de chef qui impose ses ordres ! [...]
[...] Allons plus loin par la méditation. Tous frères, tous responsables Une parole du Seigneur me revient à l'esprit : Quand deux ou trois se rassemblent en mon nom, je suis au milieu d'eux À la question : Qui tient le gouvernail, qui dirige le navire de la barque ? on peut donc répondre : Jésus ! Mais Jésus est physiquement absent. Alors comment peut-il gouverner ? Certains avanceront : par Pierre, qui est le chef des apôtres. Il est sûr que les apôtres jouaient un rôle personnel dans le gouvernement des communautés au quotidien : il suffit de lire d'autres passages des Actes des Apôtres ou les lettres de Paul. [...]
[...] Humbert de Romans, Commentaire de la règle de saint Augustin, XVI ; Éd La Thune, Marseille (à paraître). [iii] Augustin, Tract. in Io. Epist., X ; SC 75, p Cf. Humbert de Romans, De officiis, III, 3. [...]
[...] Cette spiritualité du gouvernement est, en fait, une facette de la spiritualité de communion. Le mot gouvernement désigne alors un consensus, une volonté commune, une décision commune ou un souhait de la communauté ratifié par le prieur[?]. Il faut ajouter une précision : un supérieur peut toujours ne pas prendre en compte le point de vue de la communauté, mais Humbert de Romans pense que cela ne peut être justifié que par des raisons graves. Cette définition du gouvernement vaut pour un couvent, mais aussi pour une Province, ou toute autre entité dominicaine. [...]
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