Il est nécessaire de se poser la question de la définition de la religion aujourd'hui, sans quoi tout est religieux ou rien n'est sacré. En outre, réfléchir sur la religion aujourd'hui, c'est porter un regard sur la modernité. Il n'est de surcroît pas possible de s'interroger sur la religion sans s'intéresser aux phénomènes du « croire », en pleine résurgence dans une société certes déchristianisée et cartésienne, mais caractérisée par une quête permanente de sens liée au reflux des grandes instances traditionnelles productrices de sens (Etat, famille, religion, coutumes et traditions, nationalisme, grandes idéologies, etc.), désolidarisant ainsi l'individu de ses repères autrefois structurants. Les processus de sécularisation, d'individualisation et de rationalisation propres à la modernité n'ont donc pas résorbé la force du sentiment religieux aujourd'hui, loin de là.
A chaque individu correspond une définition de la religion. Dès lors, le problème est de définir la religion, le phénomène religieux, afin d'en mieux comprendre et d'en mieux expliquer le concept. On peut dès lors distinguer trois types de définition pour appréhender le concept de religion : les définitions substantives d'une part, les définitions fonctionnelles d'autre part, les définitions mémorielles et charismatiques enfin.
[...] Au total, les définitions substantives posent la religion comme se fondant sur un principe supra-humain, extérieur à l'humanité, mais qui oublie les différentes sociétés, l'environnement culturel et politique des religions. Tous les auteurs, tous ceux qui réfléchissent sur la réflexion sont y compris tributaires/dépendants de leur contexte culturel. En effet, ces trois définitions reflètent une conception occidentale de la religion, à savoir qu'elles se fondent sur la référence indirecte à Dieu. Ainsi, les penseurs ont complètement mis de côté les philosophies orientales et les polythéismes. [...]
[...] De ce point de vue, les intégristes développent également une contre-culture. On observe des formes intégristes aussi bien chez les chrétiens que les musulmans que dans des mouvements provenant des pays asiatiques. Conclusion Au total, une religion est un ensemble de croyances et de rites en lequel communient des individus qui y découvrent un sens surnaturel aux questions que pose l'existence. Condamnées par la modernité comme aliénantes et néfastes aussi bien pour l'individu que pour la société, les religions, loin de disparaître, s'affirment aujourd'hui avec une vigueur renouvelée. [...]
[...] La première forme du retour de la religion dans notre société moderne est celle de la spiritualité individuelle. Selon l'enquête sur les valeurs (menée en et 1999) réalisées auprès de Européens provenant de 12 pays, les Européens déclarent se consacrer de plus en plus à un recueillement, qui peut prendre la forme de prières (phénomène minoritaire) mais aussi la forme de réflexion sur le sens de la vie (phénomène majoritaire). Concrètement, cela signifie que les Européens s'interrogent sur le sens de leur vie, soit en discutant (famille et amis), soit en lisant, soit en se déplaçant à des manifestations exceptionnelles (sépulture, JMJ, mariage, etc.) La deuxième forme du retour au religieux est celle des nouveaux mouvements religieux. [...]
[...] Il s'agit par ailleurs d'une relation intime dans la mesure où on peut se demander si la modernité serait advenue si la religion n'avait pas existé. A. Modernité contre religion Par modernité, les sociologues définissent une période qui débute à partir du XVIe siècle et se développe jusqu'à nos jours. Trois processus sociaux peuvent permettre de définir la modernité. Le premier processus renvoie à l'individualisation de la société. Ce processus consiste en l'émergence de l'individu, autonome et responsable, qui réfléchit et agit indépendamment des communautés (familiale, religieuse, rurale, etc.) en mettant au cœur de son action lui-même. [...]
[...] Jean-Paul WILLAIME, Sociologie des religions. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture