Dans quelle mesure peut-on établir un lien entre le terrorisme et la religion, et de quel type de lien s'agit-il ?

Thèmes abordés

Religion, Histoire du terrorisme, terrorisme, islam, extrêmisme, martyr, attentats, Al-Qaida, géopolitique, propagande, terrorisme et religion

Résumé du document

Le terrorisme, en tant que mode d'action contestataire et violente sur une société, n'a reçu l'aval ou le rejet de religieux lors de certaines phases historiques que lorsque la religion était omniprésente ou lors de retour au religieux de la fin du XXe siècle. Ces considérations nous amènent à nous questionner sur l'ambiguïté des rapports entre les religions et les terrorismes. Afin de répondre à cette problématique, une première partie traitera de l'histoire des relations des terrorismes avec les religions, puis une deuxième montrera que, généralement, les terrorismes sont à la fois rejetés et utilisés par les religieux, et, enfin, une dernière partie évoquera la justification religieuse d'actes politiques insurrectionnels.

Extraits

[...] Afin de répondre à cette problématique, une première partie traitera de l'histoire des relations des terrorismes avec les religions, puis une deuxième montrera que généralement le terrorisme est rejeté et utilisé par les religieux, et enfin une dernière partie évoquera la justification religieuse d'actes politiques insurrectionnelles. Des racines religieuses du terrorisme Dans cette première partie, nous verrons que le concept de terrorisme bien que né au XVIIIème siècle a une origine plus lointaine en lien avec des sectes religieuses marginalisées, puis lors ce terme est invoqué, il va décrire le comportement de groupuscules ouvertement anti-religieux, et enfin, un retour du terrorisme avec une finalité religieuse à partir de la fin du XXème siècle. [...]

[...] Tandis que si nous employons ce terme, nous nous retrouvons avec initialement des actions anti-religieuses à la base de la création d'une « religion » politicienne, puis avec un mot désignant des actions politiques sous couvert de religion. Cette dernière servant de légitimation, d'embrigadement, voire d'un autre côté à rejeter ce type d'action. Finalement, le chaînon manquant entre la religion et le terrorisme semble être le terme « contestation », ce qui permet de démontrer que la connexion peut être effectuée uniquement dans certaines circonstances. [...]

[...] Cette remarque convient à une autre secte dont le lien avec le concept de terrorisme est souvent mis en avant : les assassins. Ce groupe issu du chiisme ismaélien est connu non pour leur conception ésotérique mais pour ces assassinats mythiques contre des musulmans adversaires ou des croisés. Heinz Halm dans son histoire des chiismes a bien montré que ce mouvement millénariste n'a mis en pratique des techniques violentes que lorsqu'il était acculé politiquement et que la technique de l'assassinat (mot dont cette secte est à l'origine) ne fut utilisée que lors des phases critiques. [...]

[...] Néanmoins, certains mouvements d'extrême-gauche affichant une idéologie tiers-mondiste ou anticoloniale comme le FPLP palestinien ou la Bande à Baader allemand ne s'appuient pas sur la religion et que bien que s'en méfiant n'insiste pas sur ce côté, de peur de froisser une partie des colonisés. À partir de 1979, une autre phase historique lie plus précisément le terrorisme et la religion avec son utilisation par des mouvements se décrivant comme théocratique au sens moderne du terme. Les attentats menés par des organisations chiites duodécimaines comme le Hezbollah libanais, au moins durant les années 1980 s'inscrit dans ce cadre, conjuguant à la fois un discours théocratique et décolonisateur. [...]

[...] Nous étudierons plus précisément la question de la propagande par le fait et de la martyrologie Si en France, le politique et le religieux sont dissociés officiellement depuis 1905, il n'en est pas de même dans de nombreux pays comme le Royaume-Uni ou les États-Unis, voire même ce lien est vu comme facteur de stabilité au Liban. Cela ne signifie pas que cette cohabitation se fait sans conflits entre les tenants de l'autorité spirituelle et le pouvoir temporel. Ainsi, dans toutes les religions sont relatés des tensions comme entre les guerriers et le clergé dans le Mahabharata hindou ou entre les empereurs d'Occident et les papes. [...]