La diffusion d'images et de textes permit dès 1517 à la religion luthérienne de se diffuser de manière importante, d'abord en Allemagne, puis dans le reste de l'Europe. La gravure que nous allons étudier en est un exemple frappant : il s'agit d'une gravure sur bois colorée au pochoir, réalisée vers 1545 et qui se trouve maintenant au Kupferstichkabinett de Berlin, nommée Der Unterschied zwischen Evanlegischen und Katholischen Gottendienst (La différence entre le service de Dieu évangélique et catholique), ce qui indique donc des arguments avant tout théologiques (moins fort que la traduction française). Son auteur est Lucas Cranach (dit l'Ancien, car son fils est aussi peintre et graveur / 1472-1553), il est né en Franconie et travaille à Vienne, avant d'être appelé en 1504 par Frédéric « le Sage », électeur de Prusse, célèbre mécène (pendant environ 50 ans, sera peintre de la cour des Electeurs de Saxe), mais surtout protecteur de Martin Luther. Acceptant avec ferveur ses idées religieuses, il devient son ami intime et le principal créateur de l'iconographie luthérienne, composant parfois des œuvres avec Luther lui-même. Ainsi, dans cette gravure, il oppose, dans un but de propagande, la pratique parfaite des luthériens, avec celle, diabolique, des catholiques. Cette gravure nous permet donc de voir comment un protestant voyait la religion catholique et ce qu'il lui reprochait et dans la religion protestante, pourquoi il avait choisi de transformer sa foi.
Nous verrons tout d'abord les erreurs catholiques, qui dévoilées aux bons croyants, doivent le conduite à la pratique parfaite des luthériens ; puis dans une troisième partie, nous verrons en quoi cette gravure est un exemple représentatif de la propagande religieuse de l'époque.
[...] - Dans le Captivitate : le Seigneur lui-même, qui trône dans les cieux, t'immerge dans l'eau de ses propres mains et t'assure le pardon Ainsi le baptême représente l'amour inconditionnel de Dieu, la bénédiction permanente du Père sur ses enfants, indépendante de toute capacité et possibilité du nouveau-né. - L'Eucharistie (ou Cène) : le sacrement est rétabli comme la commémoration sans intervention humaine du seul sacrifice de la croix, visible ici par la figure crucifiée du Christ sur le Mont Golgotha (pierres) au-dessus des communiants. La transsubstantiation[2] catholique est abandonnée au profit de la consubstantiation[3], c'est-à- dire que le Christ est présent pendant l'ingestion sacramentelle mais que la substance même du pain et du vin ne change pas. [...]
[...] La partie catholique utilise plutôt un fond de vert et de bleu et beaucoup de rouge, en particulier celui du clergé et du ciel en colère marron des moines), ce qui contraste avec ce côté serein des luthériens. Enfin, le texte est en allemand (on remarque des die et alle afin qu'il soit compris du peuple (ceux qui savent lire). Il s'agit en plus d'affirmer la prépondérance de la langue vernaculaire pour la diffusion et la compréhension d'une religion II - Les erreurs et péchés catholiques 1. [...]
[...] Elles représentent l'achat d'un peu de salut et surtout contraignent la volonté divine. - L'inutilité de la messe est symbolisée par le prêtre, en habit liturgique, à droite qui fait son sermon dans le vide, dos au public. En effet, non seulement Luther voyait en chaque chrétien [quelqu'un qui] appartient vraiment à l'état ecclésiastique et avant le concile de Trente, la pratique réduisait les messes au bénéfice des messes privées pour les défunts (inutiles selon Luther) et l'Eucharistie n'était plus compris par grand monde ; il ne s'agissait plus que d'essayer d'obtenir les grâces de Dieu. [...]
[...] Les bonnes sœurs sont également présentes dans cette corruption : une sœur aide le Pape à vendre ses Indulgences. Les moines sont cependant les plus nombreux et les plus attaqués. Le gras moine qui prêche en apostrophant les fidèles et sans se référer à la parole divine est un moine franciscain qui demande au peuple de croire à St François et à la Vierge, un petit diable lui a mis un entonnoir contre l'oreille afin de lui dire ce qu'il doit réciter (sermons maléfiques). Les clercs qui l'écoutent sont de tout rang (évêque, cardinal, moine). [...]
[...] Comme on peut le voir ici, contrairement à la liturgie catholique, tous les participants communient pour le pain et le vin (avant réservé au prêtre), autrement dit, ils communient sous les deux espèces. Cette volonté de se fonder sur le sacrifice du Christ amène à ce que l'on appelle la théologie de la croix de Luther, visible avec le fidèle qui porte une croix semblable à celle du Christ au premier plan de la gravure (premier plan non anodin). En effet, la 94e thèses de Luther était : On doit exhorter les chrétiens à s'efforcer de suivre leur chef, le Christ, à travers les peines, les mortifications et les enfers La croix est alors portée par Jean Frédéric le fils de l'Electeur de Saxe, lui-même devenu électeur, et rappelle les souffrances du Christ et la révélation du sens de la vie par Dieu lors de la crucifixion à la différence des processions des catholiques, où la croix est alors triomphante et est plus le symbole de l'Eglise. [...]
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