Par-delà toutes les conséquences politiques, sociales et diplomatiques de l'ensemble de contestations populaires dans le monde arabe que l'on regroupe sous le terme générique de « Printemps arabe », il convient également de souligner que ce dernier aura également participé à médiatiser des souffrances, des tensions et des discriminations jusqu'alors presque ignorées. C'est ainsi que l'on passe de l'ignorance à l'indignation. Le mot peut sembler fort, mais c'est le sentiment que j'ai ressenti en parcourant les manchettes concernant la situation des Coptes en Égypte. C'est ce qu'explique Sandrine Keriakos, chargée de cours à l'Université de Genève : « C'est un problème qui dure depuis de nombreux siècles, et l'histoire du conflit est complexe, avec des alternances entre des périodes de calme et de reconnaissance de droits et des épisodes de violences. En termes d'actualité, il n'y a rien de nouveau. Les tensions entre chrétiens et musulmans sont simplement davantage médiatisées. ».
Notons également qu'il s'agit d'un sujet d'autant plus crucial que la situation des Coptes est vouée à changer drastiquement dans les mois qui viennent. En effet, il y a deux facteurs de changement déterminants : d'abord la mort du pape Chenouda III, le chef de l'Eglise copte orthodoxe, survenue le 17 mars 2012, mais également le changement de régime suite à la démission du président Hosni Moubarak et les élections présidentielles qui auront lieu dans quelques semaines.
D'emblée, il convient de souligner le fait que les tensions ne sont pas uniquement d'ordre religieux. En effet, il ne faut pas réduire le conflit à une opposition entre chrétiens et musulmans. La complexité du problème (et son intérêt) tient justement en ce qu'il est également d'ordre politique. Cet essai ne saurait donc pas faire l'économie d'une analyse politique de la situation de cette minorité religieuse que constituent les Coptes.
La question qui se pose alors est la suivante : dans quelle mesure la situation des Coptes d'Egypte est-elle la manifestation d'une tension entre identité religieuse et identité politique ? Dans un premier temps, il va s'agir de détailler les caractéristiques de la doctrine de l'Eglise copte orthodoxe. Ensuite, il conviendra d'analyser la situation politique égyptienne et la place des Coptes dans l'échiquier politique égyptien. Enfin, nous étudierons la dialectique qui s'établit entre identité religieuse et identité politique dans le cas particulier des Coptes (...)
[...] Le mot peut sembler fort, mais c'est le sentiment que j'ai ressenti en parcourant les manchettes concernant la situation des Coptes en Égypte. C'est ce qu'explique Sandrine Keriakos, chargée de cours à l'Université de Genève : C'est un problème qui dure depuis de nombreux siècles, et l'histoire du conflit est complexe, avec des alternances entre des périodes de calme et de reconnaissance de droits et des épisodes de violences. En termes d'actualité, il n'y a rien de nouveau. Les tensions entre chrétiens et musulmans sont simplement davantage médiatisées. [...]
[...] La sous-représentation des Coptes dans la fonction publique est flagrante. Leur aspiration à la formulation d'une identité politique et à l'égalité des droits se voit entravée par leur identité religieuse, source de stigmatisation et de discrimination. Le problème est d'autant plus grave dans un pays comme l'Égypte, où la perspective d'une séparation nette entre la religion et l'État paraît pour le moins lointaine. En effet, seule la laïcité semble permettre la conciliation de l'identité politique et de l'identité religieuse. Autrement, la production d'une représentation de soi qui est à l'œuvre dans la construction d'une identité politique est biaisée par l'identité religieuse. [...]
[...] Ensuite, il conviendra d'analyser la situation politique égyptienne et la place des Coptes dans l'échiquier politique égyptien. Enfin, nous étudierons la dialectique qui s'établit entre identité religieuse et identité politique dans le cas particulier des Coptes. La doctrine de l'Église copte orthodoxe De l'Église d'Alexandrie à l'Église copte orthodoxe L'Église copte orthodoxe se situe aujourd'hui dans la continuité de l'ancienne Église d'Alexandrie. Celle-ci se caractérise (comme l'Église copte aujourd'hui) par un grand nombre de martyrs, un monachisme très développé et un goût prononcé pour la théologie. [...]
[...] L'identité politique est une construction : elle n'existe que comme produit d'une conscience. En cela, on peut affirmer que l'identité politique appartient au domaine des réalités symboliques et non de la réalité matérielle. Qu'est-ce que la réalité matérielle ? Il s'agit de la chose res en latin qui existe en dehors de nous et indépendamment de nous. La réalité matérielle est donc la réalité en soi, qui existe en dehors des phénomènes. C'est une réalité qui nous transcende. L'identité politique n'est pas une chose mais un objet obyectum en latin. [...]
[...] C'est autour de réflexions christologiques que se cristallise cette rupture. Suite à ce concile, il sera enseigné que l'Église copte orthodoxe est dite monophysite (i.e. qu'elle considère que la nature divine du Christ a absorbé sa nature humaine et que, de ce fait, sa nature est unique et divine). Mais il s'agit là en réalité de ce que l'on appelle le monophysisme d'Eutychès. En réalité, cet enseignement hétérodoxe fut critiqué par les Égyptiens, qui se rattachent plutôt au monophysisme orthodoxe enseigné par Saint Cyrille. [...]
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